Les négoces de l’Ouest face aux consommateurs aux supers pouvoirs
Le | Cooperatives-negoces
« Évolutions médiatiques et sociétales : comment s’adapter, subir ou anticiper ? », tel était le thème du deuxième congrès de la fédération du commerce agricole et agroalimentaire, FC2A Ouest, qui s’est tenu le 7 juin à Vair-sur-Loire (44). « Le consommateur devient engagé, éthique et responsable : nous devons lui répondre », explique Frédéric Tijou, directeur des Ets Tijou.
Et pour cela, il vaut mieux connaitre l’évolution des tendances alimentaires. « Nous n’avons jamais vu un tel changement, reconnait Xavier Terlet, directeur de protéines XTC et spécialiste en tendances alimentaires. La moitié des produits qui feront le chiffre d’affaires dans cinq ans sont encore à créer. L’enjeu est énorme. » Alors, vers quoi va le marché ?
Des attentes fortes, bien identifiées
Les spécialistes voient émerger un super consommateur avec des supers pouvoirs : il veut mieux connaître les produits, cherche la vraie information et peut passer à l’acte à l’instar de la destruction des boucheries. Une mouvance qui s’appuie sur le développement du digital et des réseaux sociaux. « Le consommateur veut des garanties, notamment sur la conception écologique de l’emballage, l’éthique et le juste prix pour l’agriculteur, le local et le bien-être animal », précise Xavier Terlet.
Les achats de produits bio ont explosé ces dernières années. « Le marché s’élève à près de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018, ajoute le spécialiste. Toutes les entreprises veulent leur part du gâteau : Henaff, Mousseline, Danone, la grande distribution. » Mais même le bio ne suffit plus. « Le produit doit avoir d’autres valeurs : local, économe en matière plastique… », ajoute-t-il. Les produits végétaux ont également le vent en poupe, avec une place à prendre pour les légumineuses. « Avant, l’argument santé prévalait pour ce secteur. Désormais, les marques communiquent sur le végétal gourmand », explique Xavier Terlet. Sans oublier l’engouement pour les produits « sans ». « Une molécule indésirable sort tous les quatre matins dans la presse : restez attentif », conseille-t-il.
Revoir la communication sur l’élevage
La place de plus en plus importante des mouvements antispécistes dans l’espace médiatique était aussi au cœur des préoccupations. « Le consommateur est soumis à deux injonctions : les acteurs de la viande avec une approche fonctionnelle et marketing, et les abolitionnistes qui ont une approche politique et veulent donner du sens à l’alimentation, explique Hervé Le Prince, directeur de l’agence de communication Newsens. Le monde agricole doit sortir du marketing produit pour réaffirmer son humanité et raconter des histoires. Vous avez un rôle à jouer en ce sens, notamment sur les réseaux sociaux. »