Les OS anticipent une moisson précoce, sous le signe du Covid
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La moisson s’annonce, cette année, précoce et un peu particulière. Même si le déconfinement est acté, les gestes barrières restent nécessaires pour limiter la propagation du virus. Comment concilier sécurité, efficacité et convivialité durant la livraison de la collecte ? Le point avec Sandrine Hallot, directrice pôle produits, marché et services de la Fédération du Négoce Agricole et Antoine Hacard, président de la Coopération Agricole métiers du grain.
Dans les parcelles d’orge, le bal des moissonneuses batteuses devrait commencer mi-juin, avec une quinzaine de jours d’avance sur le planning habituel. Pour les négoces et les coopératives, la réception de la collecte des agriculteurs s’annonce cette année un peu particulière, pandémie oblige. Tout doit être calé pour réceptionner les grains en toute sécurité pour les agriculteurs et les salariés. Chacun s’y prépare, guidé par les fédérations nationales. Le 14 mai, la FNA a diffusé à ses adhérents un « protocole moisson ». « Il décompose chaque étape de la livraison : de l’arrivée du camion à son départ du site, en passant par la prise d’échantillons, la pesée, le déchargement et la réception du bon, explique Sandrine Hallot. L’enjeu est de limiter les contacts entre les chauffeurs des tracteurs et les salariés du négoce : barrières de protection, distanciation sociale, affichages… tout est prévu. Les règles de bon sens sont au final assez simples à mettre en place mais doivent devenir des automatismes, même quand tout s’enchaîne à vive allure lors de longues journées de moisson ».
Changer les habitudes
Certaines habitudes devront changer comme par exemple le passage du bon de livraison de la main à la main, de l’agriculteur au salarié. « Le nom de la variété peut par exemple être dit à haute voix, poursuit-elle. Pour cela, nous conseillons d’afficher les consignes, visibles depuis la cabine du tracteur pour éviter que les agriculteurs ne descendent ». Bien identifier chaque fosse de réception doit faciliter la circulation sur le site et éviter qu’un agriculteur ne descende de son tracteur pour demander des précisions. « Tout doit être clair, fluide pour faciliter le travail de chacun, conclut-elle. L’enjeu est énorme. Aucune structure ne peut se permettre, en pleine moisson, de mettre tout le personnel d’un site en quarantaine en cas de suspicion d’un cas de Covid sur l’un des salariés ou des clients. C’est un enjeu collectif où la collaboration de tous est incontournable. »
Rassurer les saisonniers pour qu’ils répondent présents
Même constat à la Coopération agricole. « Nous travaillons sur le dossier moisson depuis plusieurs semaines, confie Antoine Hacard. Le déconfinement et le retour de tous les salariés sur site ne sont pas simples à gérer. Les équipes de management sont très sollicitées. Aujourd’hui, le plus important est que les saisonniers n’aient pas peur de venir travailler dans nos entreprises. Nous devons les rassurer pour qu’ils répondent présents : leur présence est indispensable et leur formation le sera tout autant. Les procédures « sans contact » entre adhérents et salariés sont calées. Les bons de livraison devraient, dans la plupart des situations, être dématérialisés. L’enjeu est que les agriculteurs n’aient pas à rentrer sur le site. Nous le savons tous, la moisson est un moment de stress où tout va très vite. Nous devrons faire en sorte que les règles de sécurité soient respectées, à chaque instant. Mais je suis confiant. Depuis deux mois, les livraisons de phytos, d’engrais et de semences se sont déroulées sans encombre. Avec l’implication de tous, il n’y a pas de raison pour qu’il en soit autrement. »