Logistique des grains : tout roule… sauf le train !
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La semaine passée, nous évoquions quelques tensions possibles sur le plan logistique pour le réappro des intrants. Pour l’acheminement des grains vers les ports, camions et péniches assurent les rotations. Seul point noir, les trains dont le nombre est en constante diminution : chauffeurs et aiguilleurs faisant valoir leur droit de retrait dans ce contexte de pandémie.
[caption id=« attachment_27936 » align=« alignnone » width=« 406 »] Chez Sénalia, l’activité export tourne à plein régime.[/caption]
Du port de Rouen à celui de la Pallice, même constant : la demande à l’export reste soutenue. L’activité portuaire tourne à plein régime après une période plus calme due aux grèves de ce début d’année. « En mars, 300 000 tonnes ont été expédiées, notamment vers la Chine et l’Arabie Saoudite, liste Simon Aimar, responsable céréales à la Sica Atlantique. Les prévisions sur le mois d’avril sont également très bonnes. » Même dynamique chez Sénalia où 600 000 tonnes ont été chargées en mars. « 450 000 t devraient l’être en avril et autant en mai », confie Gilles Kindelberger, le directeur général.
Déjà + 25 % sur le prix du transport par camions
Si le confinement imposé par la crise du coronavirus risque de mettre à mal la logistique, pour l’heure tout fonctionne. « Nous disposons même de davantage de camions qu’en temps normal, constate Simon Aimar. De nombreuses filières ayant stoppé leur activité, les entreprises de transporteurs se tournent vers les céréales. » Chez Sénalia, la disponibilité est également au rendez-vous : près de 700 camions par jour transitent sur le port, explique Gilles Kindelberger. Mais ils viennent de plus en plus loin, repartent à vide avec pour conséquence un prix qui a déjà grimpé de 25 %. L’enjeu est pour nous d’accueillir au mieux les chauffeurs routiers, pour qu’ils poursuivent leur activité. Ainsi, nous avons mis à leur disposition un local pour se restaurer, se laver, se reposer. Savon, cafés, toilettes, douches… tout est gratuit et nettoyé régulièrement. Ce site est ouvert à tous les chauffeurs et pas uniquement à ceux qui livrent Sénalia. Dans ces moments de crise, la solidarité doit jouer à fond. »
La moitié des trains supprimée pour Axéréal
[caption id=« attachment_26657 » align=« alignnone » width=« 329 »] Le fret SNCF est une nouvelle fois pointé du doigt.[/caption]
Si le transport par péniches reprend de l’activité avec la fin de la période des hautes eaux, la forte augmentation de la demande pourrait créer quelques tensions dans les jours à venir. Mais aujourd’hui, le gros point noir de la logistique grains reste le fret SNCF. « Comme d’habitude », s’élèvent certaines voix ! Dans la région Centre, la situation se dégrade jour après jour. « En une semaine, la circulation des trains a diminué de 50 %, relate Antoine Part, chargé de communication chez Axéréal. Ce type de transport reste pourtant indispensable au soutien de notre activité ». Sénalia partage ce constat. « Le droit de retrait de salariés aux postes d’aiguillage impacte directement sur la circulation des trains, poursuit Gilles Kindelberger. Et ce, alors que les sillons disponibles sont plus nombreux qu’en temps normal étant donné que les trains voyageurs sont, eux, en nette diminution. Nous tentons, localement, de trouver des solutions mais ce dossier avant très doucement. »
L’export, un vrai rôle humanitaire
[caption id=« attachment_27935 » align=« alignnone » width=« 200 »] Gilles Kindelberger, le directeur général de Sénalia a fait appel à la « responsabilité sociétale et humaine de chacun de ses collaborateurs ».[/caption]
Depuis le début du confinement, un « appel à la mobilisation » est affiché sur l’ensemble des portes d’accès des sites de Sénalia. « L’objectif est de sensibiliser nos collaborateurs sur la responsabilité sociétale et humaine que nous avons face à cette pandémie, explique le directeur. La demande vers l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et toute la côte Ouest de l’Afrique augmente fortement. La peur de l’arrivée de la pandémie sur leur territoire incite les autorités locales à faire des stocks. Réduire notre activité, ce serait aussi mettre en péril leur sécurité alimentaire. Chaque salarié doit être conscient de l’importance de son métier en tant que pourvoyeur de l’alimentation. » Un appel qui semble avoir été entendu car vendredi dernier, près de 75 % des postes étaient assurés.