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Lubrizol : la distribution agricole, mobilisée

Le | Cooperatives-negoces

L’incendie survenu le 26 septembre à l’usine Lubrizol près de Rouen affecte directement le secteur agricole. Au cœur des inquiétudes : l’énorme panache de fumée noire qui s’est propagé à plus de 250 km au nord de la ville.

Les coopératives de la région, à l’image de Natup et Noriap, ont rapidement diffusé les messages de la préfecture à leurs adhérents. « Après l’incendie, nous n’avons pas cédé à la panique mais avons informé, en quasi direct, notre personnel et nos adhérents via l’intranet et l’extranet, explique Patrick Aps, directeur général de Natup. Nous nous rangeons derrière les décisions de l’État qui interdisent par exemple la collecte des productions végétales. »

Incertitude sur la collecte de maïs grain

Natup estime qu’il n’y a aucun risque pour les grains stockés dans ses silos. « L’incertitude concerne le volume de la collecte de maïs grain. Sur notre territoire, il s’agit souvent d’une collecte de queue d’ensilage, qui varie beaucoup d’une année à l’autre en fonction des aléas climatiques. Au regard de la météo de cette campagne et de la faible quantité de fourrage disponible, nous ne nous attendons de toute manière pas à une grosse collecte. »

Des résultats d’analyses d’ici à la fin de semaine

Si Natup n’a pour l’instant pas encore chiffré précisément le nombre d’adhérents touchés par l’accident, le ministère de l’Agriculture estimait, le 1er octobre, à 1800 le nombre d’agriculteurs concernés. Plus de 200 communes de la Seine-Maritime, de la Somme, de l’Oise et de l’Aisne font l’objet d’arrêtés préfectoraux interdisant la récolte des cultures. Les agriculteurs sont aussi tenus de consigner les végétaux déjà récoltés, le lait collecté issu de vaches qui étaient au pâturage après le 26 septembre. La préfecture demande également aux exploitants de sécuriser l’alimentation et l’abreuvement des animaux en abritant eau et nourriture, et de rentrer les bêtes. Ces mesures s’appliquent « jusqu’à obtention de garanties sanitaires sur les productions ». L’échéance reste floue. « Comme nous ne savons pas ce que nous cherchons, les analyses sont longues », explique Jérôme Auckenthaler, directeur de la Chambre d’agriculture de Seine-Maritime. Didier Guillaume a assuré une transparence totale sur les analyses en cours et des premiers résultats d’ici à la fin de la semaine.

Mettre en place un échange de céréales contre aliments

Le ministre de l’Agriculture a annoncé le 30 septembre que le Fonds de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE) pourra indemniser les agriculteurs victimes du sinistre. Il a promis une indemnisation sous 10 jours ! « Les céréaliers amenés à semer leurs céréales ne devraient pas avoir de problème, poursuit Patrick Aps. Les éleveurs sont les principaux touchés à différents niveaux. Nous ne pouvons pas aider directement ceux qui doivent détruire leur stock de lait. En revanche nous réfléchissons aux mesures à mettre en place pour ceux qui seront dans l’incapacité de récolter leur fourrage. Nous pouvons mettre en place un échange de céréales contre aliments comme nous l’avons déjà fait, ou reporter des échéances de paiement », propose-t-il. De son côté, la FDSEA de Seine-Maritime a lancé un appel pour recenser les éleveurs ayant des difficultés d’alimentation de leurs animaux et les agriculteurs qui auraient d’éventuelles disponibilités en fourrage pour venir en aide aux plus pressés.