L’Union française des semenciers souffle sa première bougie
Le | Cooperatives-negoces
Multiplier, mettre en marché, sélectionner, et ce pour toutes les espèces aujourd’hui cultivées en France. Pour représenter ces fonctions, six syndicats professionnels ont fait le choix, judicieux, d’être représenté par une seule et même structure, l’Union française des semenciers. Une année et un changement de directeur général plus tard, l’organisation tenait son assemblée générale, le 9 novembre, à Paris. Et tirait un satisfecit sans trop de réserve de son choix. Il faut dire que la complexité des dossiers réglementaires, leur enjeu, l’importance croissante de la capacité à communiquer d’une seule voix en direction des instances politiques comme du grand public ne pouvaient qu’appeler à un renforcement de l’expression de ce secteur stratégique pour l’agriculture. Ce sont d’ailleurs les dossiers réglementaires qui ont fait l’objet de l’essentiel des débats lors de cette rencontre. Catherine Deger
Photo : De gauche à droite, Claude Tabel (RAGT Semences), Michaël Keller (Pioneer Semences), Guillaume Duboin (Arterris), respectivement présidents des commissions propriété intellectuelle, réglementation-innovation et production et Eric Devron, directeur général et François Desprez, président.
L’Europe concocte une nouvelle réglementation semences
Dossiers européens, avec l’élaboration courant 2011 d’une nouvelle directive sur les semences. Un texte qui sera présenté par le Parlement européen, afin de regrouper et simplifier les douze directives actuelles, tout en harmonisant les pratiques dans les différents États. L’UFS est pour le moins attentive à ce qui pourrait sortir du chapeau ! Cinq scénarios sont aujourd’hui dans les cartons. Le projet risque donc de toucher à tout ce qui fait aujourd’hui le socle de la réglementation. « Harmoniser et simplifier, d’accord, a en substance résumé François Desprez, président de l’UFS. Mais pas au risque de bouleverser le fonctionnement du catalogue européen ». La position de l’UE sur les OGM est également en mouvement. Un sujet hautement sensible auprès de l’opinion publique européenne et nationale.
La question de la propriété intellectuelle constitue l’un des points de divergence au sein de l’UFS. Tous les semenciers ne sont pas d’accord sur la primauté à accorder au brevet ou aux certificats d’obtention végétale. Un point de convergence s’est toutefois dégagé sur la nécessité de protéger l’innovation.
Dossier nationaux : les traitements de semences en priorité
Les dossiers nationaux ne manquent pas : de l’étude de faisabilité en cours avec Adivalor pour le recyclage des sacs papiers de semences usagés à la réglementation sur les traitements de semences. De l’arrêté sur le Cruiser en 2009, à l’extension à quatre traitements insecticides cette année, puis, aux traitements fongicides : ce sont toutes les semences qui devraient être à terme concernées par ce « plan poussière » qui vise à réduire le risque d’exposition aux TS des applicateurs et leur dissémination dans l’environnement. Un groupe de travail planche sur la question sous l’égide de la Direction générale de l’alimentation (ministère de l’Agriculture). L’UFS, qui en est partie prenante, ne voit pas trop d’inconvénients à des normes plus sévères, dès lors qu’elles restent dans le domaine du raisonnable. Un cadre réglementaire plus strict, s’il est assorti de contrôles concernant l’ensemble des structures, pourrait même contribuer à une professionnalisation des métiers liés à la semence. L’UFS a signalé son intention d’être très vigilante sur ce point.
La difficulté d’accès à de nouvelles molécules en traitements de semences constitue un réel handicap pour le milieu semencier. Tout comme les retraits de molécules qui mettent certaines espèces en difficultés. La rapidité des évolutions dans ce domaine ne sont pas sans poser des problèmes de gestion des stocks des semences. L’UFS a ainsi demandé à l’UIPP une information et une coordination accrues qui devraient passer par la constitution d’un groupe TS au sein de l’union des industries de la protection des plantes.
VAT ou VATE, une opportunité ?
Dossier également national, celui de la modification des critères d’inscription des variétés, en intégrant la dimension environnementale. Ce qui permet d’étendre la VAT (valeur agronomique et technologique) à la VATE, l’environnement, Grenelle oblige, faisant son entrée formelle dans l’étude des nouvelles variétés. Nous avons dans reference-appro.com fait le bilan des modifications induites, espèce par espèce. Ces évolutions, qui accélèrent finalement la prise en compte des attentes de la société, sont sans conteste difficiles à expliquer aux acteurs agricoles. Et à plus forte raison au grand public. Elles constituent toutefois la preuve de la valeur essentielle de la semence dans la conduite d’une agriculture durable. Une opportunité pour ce secteur professionnel ?