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Maïsadour teste les légumes secs avec Interleg

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Le projet Interleg, qui vise à développer la culture de légumineuses, entre dans sa deuxième phase en Nouvelle-Aquitaine. Maïsadour est partenaire du projet. Entretien avec Adrien Chassan, responsable innovation et agroécologie au sein de la coopérative landaise.

Maïsadour teste les légumes secs avec Interleg
Maïsadour teste les légumes secs avec Interleg

Référence agro : Depuis combien de temps participez-vous au projet Interleg ?

Adrien Chassan : Maïsadour participe depuis janvier 2023 au projet Interleg avec la Chambre d’agriculture des Landes. Ce partenariat européen pour l’innovation est coordonné par la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. L’objectif est de promouvoir la culture de légumes secs, tels que les lentilles, pois chiches et haricot secs. La coopérative de Mansles travaille en binôme avec Maïsadour, mais sur le Poitou-Charentes, sa zone de chalandise. Le projet entre dans la stratégie d’entreprise Ambition 2030 de Maïsadour, notamment dans les ambitions de diversification des productions des adhérents.

Nous testons les haricots secs et la coopérative de Mansles expérimente les lentilles et pois chiches, plus adaptés au territoire de Charentes. Le projet entre dans la stratégie d’entreprise Ambition 2030 de Maïsadour, notamment dans les ambitions de diversification des productions des adhérents et de rotation culturale.

R.A. : Comment s’est passée cette première année ?

A.D. : La première phase du projet, lancée en 2023, a été consacrée à l’émergence des idées, à la mise en place des premières expérimentations et à la rencontre des acteurs. Maïsadour a testé trois variétés de haricots blancs et quatre variétés de haricots rouges. Nous sommes déjà impliqués dans la production de haricots verts, la culture n’était donc pas totalement nouvelle pour nous. De plus, nous avons été très bien accompagnés techniquement par IDGrains qui nous a fourni les doses et de nombreux conseils agronomiques. La Chambre d’agriculture nous a aidé à suivre très régulièrement la culture. Nous avions donc une bonne base technique.

La première année de production s’est plutôt bien déroulée à l’exception d’un petit problème technique au niveau du désherbage en raison de la météorologie. Mais nous savons d’où vient cette baisse de production et nous n’avons pas d’inquiétude.

Les variétés ont été testées chez un agriculteur, avec des bandes de cultures sur un hectare. Comme Interleg est un Partenariat européen pour l’innovation (PEI) financé par l’Union européenne avec le fonds Feader, le Fonds européen agricole pour le développement rural, et par la Région Nouvelle-Aquitaine, nous avons pu indemniser l’agriculteur pour réaliser cet essai. En effet, la culture n’est pas encore développée sur le territoire et nous devons rassembler les éléments de rendement et économiques pour la valider afin de sécuriser le revenu de nos adhérents. D’autre part, nous n’avons pas encore de débouché et de valorisation pour la production. Nous avons aussi pu financer l’expérimentation grâce au PEI, qui est un nouveau dispositif pour nous.

R.A. : Quelle est la prochaine étape ?

A.D. : La prochaine étape est la phase de déploiement, qui va durer trois ans. Elle est tournée vers les partenaires de l’aval. À l’origine, Interleg visait la restauration collective. Des réunions ont donc eu lieu pour présenter le projet et se connaître, afin de créer la demande sur les territoires. Ces produits ne sont habituellement pas achetés par ces structures. Les volumes posent problème : nous parlons de big bag, quand la restauration collective parle de cagettes ou de cinq kilogrammes par semaine… Il faut se comprendre mutuellement et l’objectif de ces premières réunions était d’abord de se parler. Depuis, plusieurs structures ont rejoint le projet comme la Communauté d’agglomération d’Angoulême, l’association régionale des industries agroalimentaires, La Coopération agricole Nouvelle Aquitaine, l’association Régalade, etc. Nous sommes désormais une quinzaine.

Quatre axes ont été définis collectivement :

  • Produire et lever les freins à la production pour répondre à la demande de la restauration collective et donner des références économiques aux agriculteurs ;
  • Commercialiser auprès de la restauration collective et des industries agroalimentaires ;
  • Rendre attractive la consommation de légumineuses vers les professionnels de la restauration collective ou les établissements scolaires ;
  • Apprendre et transmettre la culture des légumineuses.

L’expérimentation est reconduite en 2024 chez le même agriculteur, avec quelques modifications au niveau du choix des variétés. Ces cultures sont fragiles, avec une apparence qui compte, et nous devons encore conforter nos résultats d’essais. Pour développer la filière, il faudra que nous investissions dans des outils logistiques, dans la supply chain. Nous devons non seulement avoir une production au champ, mais également la capacité de traiter la récolte et des circuits de commercialisation adaptés. L’un ne va pas s’en les autres : il faut pouvoir avancer sur tous les chantiers en parallèle.

Des contacts sont également prévus avec le projet Fileg, qui porte également sur les légumineuses, et qui est porté par la Région Occitanie et divers partenaires sur ce territoire.