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« Malgré les difficultés, le climat n’est pas catastrophiste », Simon Aimar, directeur du Naca

Le | Cooperatives-negoces

Face à une récolte de céréales compromise, Simon Aimar, directeur du Négoce agricole Centre Atlantique, Naca, alerte sur les défis à venir pour les négociants. Entre pertes de rendement et vigilance accrue sur la qualité, la campagne s’annonce délicate. L’incertitude persiste, notamment avec des arbitrages économiques probable des agriculteurs et une loi d’orientation agricole au point mort.

« Malgré les difficultés, le climat n’est pas catastrophiste », Simon Aimar, directeur du Naca
« Malgré les difficultés, le climat n’est pas catastrophiste », Simon Aimar, directeur du Naca

Comment les négociants de votre zone sont-ils impactés par la baisse de la collecte des céréales ?

Simon Aimar : Nous avons été particulièrement touché dans les régions Nouvelle-Aquitaine et Centre-Val de Loire. Malheureusement, nous sommes dans une situation similaire à celle des autres : une mauvaise récolte. En quantité, c’est certain, nous avons perdu un quart de la récolte par rapport à la moyenne quinquennale pour le blé tendre. En ce qui concerne la qualité, nous parvenons à sauver l’essentiel, mais il subsiste des points de vigilance, notamment sur les céréales à paille. Cette campagne sera très technique. Il sera probablement nécessaire d’intervenir sur le grain pour ramener les céréales aux normes commercialisables. Des efforts supplémentaires seront requis sur certains critères, comme le poids spécifique du blé tendre.  Il faut aussi surveiller certains contaminants. Cette année, le travail du silo sera essentiel.

Quelles sont les conséquences financières ?

S. A. : Les répercussions pour les négociants découlent directement de celles subies par les exploitations agricoles. Les agriculteurs se trouvent face à un effet de ciseau très délicat, car les prix des intrants n’ont pas baissé proportionnellement à ceux des céréales : certaines exploitations risquent de passer sous le seuil de rentabilité. Nous anticipons une campagne très difficile, particulièrement en termes de trésorerie pour les exploitations agricoles. Par conséquent, les négociants et les coopératives subiront également des tensions de trésorerie.

Anticipez-vous des arbitrages de la part des agriculteurs ?

S. A. : Cette année, les choix économiques seront particulièrement déterminants. Les agriculteurs devront décider des intrants sur lesquels ils peuvent faire des économies, que ce soit les semences, les engrais ou les produits de traitement. Ces décisions auront également des impacts financiers sur l’activité des organismes stockeurs (OS). Au niveau du NACA, nous participons actuellement à de nombreuses réunions avec les préfectures avec les organisations professionnelles afin de faire un point sur la santé du secteur agricole et d’envisager les mesures d’accompagnement économique et social nécessaires.

Malgré les difficultés, je dirais que le climat général n’est pas catastrophiste, du moins du côté du négoce. Nous savons que les prochaines campagnes seront difficiles, peut-être une ou deux. Il faudra faire le dos rond, mais les projets d’investissement continueront comme prévu.

Quelles sont les autres principales préoccupations des négociants ?

S. A. : Les sujets délicats concernent surtout les aspects politiques du moment. Il y a une grande incertitude, notamment avec la loi d’orientation agricole, annoncée puis mise en suspens. Nous ignorons comment cela évoluera dans les mois à venir. C’est problématique, car certains enjeux politiques devraient être traités rapidement. Nous ne savons pas quand les politiques reprendront les choses en main, et pour l’instant, nous naviguons à vue.