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Méthanisation, le terrain attend des précisions sur le prêt sans garantie annoncé par le ministère de l’Agriculture

Le | Cooperatives-negoces

Le ministère de l’Agriculture a annoncé le 19 avril une enveloppe de 100 M€ pour la méthanisation, via un fonds de garantie publique. Celui-ci doit permettre à BPIfrance de distribuer un prêt sans garanti aux exploitants agricoles investissant, seuls ou en groupe, dans une installation de méthanisation agricole. « Compris entre 100 000 et 500 000 €, ce prêt vise à faciliter le bouclage des tours de table financiers en prenant notamment en charge les études, et une part du solde des investissements et besoins en fonds de roulement nécessaires au démarrage du projet, sans prise de garantie sur l’entreprise, ni caution personnelle du dirigeant », précise le ministère dans un communiqué. Un dispositif qui doit accompagner la réalisation de 400 nouveaux projets dans les cinq prochaines années.

Une bonne idée, mais…

« D’après nos informations, ce dispositif sera applicable aux installations de cogénération et d’injection de biogaz dans le réseau, et nécessitera au moins 30 % d’effluents agricoles dans l’approvisionnement, constate avec satisfaction Olivier Dauger, en charge des thématiques énergétiques à la FNSEA. Il sera approprié aux unités agricoles. Et le fait que les interlocuteurs soient les Draaf est un avantage, témoin d’une approche territorialisée. » Plusieurs voix, sur le terrain, confirment le bienfondé de la démarche.

« Dans certains cas, les levées de fonds sont réalisables, mais bloquées par une demande de garantie trop importante, témoigne Ugo Batel, responsable énergies renouvelables de l’union de coopératives Oxyane. 100 M€ pour 400 projets, ça fait en moyenne 250 000 €, c’est intéressant ! Reste à savoir quelle sera la grille de sélection, car il y aura certainement davantage de demandes. »

Dispositif opérationnel fin mai

Une précision attendue par l’ensemble de la profession. Les services du ministère confirment être en train d’affiner les modalités du dispositif pour qu’il soit opérationnel fin mai. Globalement, le flou actuel sur les modalités du prêt limite l’emballement sur le terrain. « Aucune information n’est donnée sur les taux, relève Olivier Dauger. La souscription sera-t-elle simple ? Passera-t-elle par la banque ou directement par l’agriculteur ? On reste, pour le moment, sur de la communication. »

Ugo Batel relève de son côté la durée de remboursement assez courte : « Douze ans maximum, il ne faut pas moins ! Cela représente déjà des annuités conséquentes, et supplémentaires dans l’ensemble du financement. Attention à ce que les porteurs gardent une marge de manœuvre financière en cas d’imprévu. »

Les deux spécialistes insistent enfin sur les tarifs de rachat de l’énergie, le nerf de la guerre selon eux. « Sans tarif attractif, aucun projet n’est pérenne, même avec ce prêt », analyse Olivier Dauger. Ugo Batel espère de son côté que, « dans un contexte jugé peu favorable à la méthanisation par les acteurs de terrain, ce dispositif n’arrive pas trop tard ».