Mission pesticides et santé du Sénat : les réactions fusent
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Suite à la publication du rapport de la mission d’information commune du Sénat sur les pesticides et leur impact sur la santé, le 23 octobre, les réactions des différents acteurs n’ont pas manqué. La FNSEA semble satisfaite de la publication de ce rapport. Pour Phyto-Victimes, qui tient à rappeler que « l’agriculture française peut être performante, moderne sans mettre en jeu la santé des agriculteurs, des riverains et des consommateurs », ce rapport est une preuve du bien fondé de l’association. Générations futures se félicite que cette mission « ait fait un bilan sans concessions des impacts sanitaires des pesticides ». En revanche, le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France dénonce « une mission d’information sous l’influence des ONG écologistes » et rappelle que les producteurs « n’utilisent pas les pesticides pour le plaisir, mais bien pour protéger leur culture ». Les responsables de Coop de France, de la Fédération du négoce agricole (FNA) et de l’UIPP (1), sont quant à eux unanimes : de nombreuses recommandations sont déjà prises en compte ou en cours sur le terrain, notamment via le plan Ecophyto 2018 et la réforme de l’agrément, votés par le Parlement. « J’ai aimé la façon dont ce rapport a été construit, il est mesuré et responsable », a réagi Pascal Ferey, vice-président de la FNSEA, regrettant simplement l’absence de recommandations sur un financement accru de l’accompagnement des employeurs pour former leurs salariés à l’utilisation des pesticides. Le Collectif Sauvons les fruits et légumes de France tient à souligner de leur côté que les producteurs appliquent l’adage « Les pesticides, c’est comme les antibiotiques, c’est pas automatique », et que la réglementation phytosanitaire, en Europe et encore plus en France, est draconienne et conduit à une baisse de production de fruits et légumes. « Le secteur des pesticides représente l’un des plus réglementés, ce qui a notamment conduit à réduire le nombre de substances actives disponibles de 1000 dans les années 1990 à 250, conforte Jean-Charles Bocquet. Le dernier règlement en la matière intègre les évolutions scientifiques, des critères d’exclusion, prévoit un suivi post-AMM… » Et le directeur général de l’UIPP de rappeler que les démarches de progrès de l’UIPP et de ses adhérents conduisent par ailleurs sans cesse à des actions allant dans le sens de la protection de la santé : formation et sensibilisation, Adivalor, mise en point d’EPI (Equipement de protection individuelle) adaptés, de formulations et de bidons plus sécurisés… « Le travail conséquent réalisé par cette mission a dû permettre aux sénateurs de constater les nombreux efforts réalisés par les différents acteurs, or rien n’apparaît en ce sens dans le rapport, s’insurge-t-il. Nous sommes toujours prêts à agir sur les nouvelles propositions, mais il faut que les engagements et les actions positives soient reconnus et pris en compte par les pouvoirs publics et les différentes parties prenantes. » Quant à la question de l’indépendance des essais conduits pour l’évaluation des pesticides, Jean-Charles Bocquet dit que l’UIPP serait prête à y travailler, mais pas « sans engagement préalable de la capacité technique, financière et de respect des délais » des laboratoires qui en seraient en charge. Contrôler la validité des autorisations des pesticides au bout de cinq ans lui paraît en outre difficile, « la France et l’Europe ayant déjà du mal à tenir les délais pour les dix ans actuels ». (1) UIPP : Union des industries de la protection des plantes.