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Moisson 2020 : heureusement la qualité est là !

Le | Cooperatives-negoces

Les chantiers de récolte s’enchaînent à toute vitesse. Dans la plupart des régions au sud de la Loire, la moisson se termine avec des rendements bien en dessous des espérances. En orge d’hiver, la note est encore plus salée qu’en blé. Mais la moisson 2020 restera celle des contrastes avec de grands écarts selon les conditions d’implantation et l’intensité de la sécheresse subie. Heureusement, la qualité sauve la donne. Témoignages en régions.

Moisson 2020 : heureusement la qualité est là !
Moisson 2020 : heureusement la qualité est là !

Moisson 2020 : heureusement la qualité est là ! - © D.R.
Moisson 2020 : heureusement la qualité est là ! - © D.R.

Simon Aimar, directeur activité céréales, Sica Atlantique (17)

« L’activité du port est anormalement calme »

« Au Sud de la Rochelle, la récolte est terminée. Globalement, en orge et en blé tendre, la qualité est au rendez-vous. Ce qui pose problème, ce sont les volumes avec une double peine : un recul des surfaces et une baisse des rendements, pour au final une chute de la collecte blé tendre de 30 à 40 %. En juillet 2019, nous avons chargé 360 000 tonnes. Cette année, nous devrions à peine arriver à 280 000 tonnes, dont 60 000 t de blé tendre et 90 000 t d’orge. Ce manque de volume limite le marché export. Impossible de profiter du traditionnel dégagement opéré par les OS : là, tout le monde a de la place pour stocker. Sans compter que les agriculteurs ne se précipitent pas pour vendre ! Après un mois de juillet anormalement calme, nous avons peu de visibilité sur août et septembre. L’activité du port risque de vivre au ralenti jusqu’à l’automne. Espérons que la collecte d’automne sera plus conséquente. Mais la persistance du temps sec inquiète ».

Moisson 2020 : heureusement la qualité est là ! - © D.R.
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Corinne Sansan, responsable qualité aux Ets Sansan (47)

« À peine 50 q/ha de moyenne pour les blés tendres ! »

« La moisson est terminée depuis le 14 juillet. Tout est allé très vite avec un début des chantiers mi-juin. Les rendements des céréales d’hiver sont très mauvais : 50 q/ha de moyenne pour le blé tendre, 45 q/ha pour le blé dur, 45 q/ha pour les orges d’hiver ! Ajouter à cela un recul des emblavements dû aux mauvaises conditions à l’automne, de 15 à 20 % selon les secteurs, et nous devrions collecter à peine 20 000 tonnes de blé tendre cette année, contre 36 000 tonnes l’an passé. Seul point positif : la qualité qui, elle, est au rendez-vous. »

Moisson 2020 : heureusement la qualité est là ! - © D.R.
Moisson 2020 : heureusement la qualité est là ! - © D.R.

Laurent Vittoz, directeur général de VALFRANCE (60)

« Au final, on s’en sort plutôt bien »

« La moisson 2020 fut très rapide. Au 20 juillet, 75 % des blés, soit près de 180 000 tonnes, sont déjà récoltés. Les rendements s’échelonnent de 20 à 120 q/ha selon les conditions de semis et le type de terre. La moyenne devrait être légèrement inférieure aux données historiques de la coopérative. La qualité est plutôt bonne. Les protéines se tiennent, les PS sont bons, le calibrage également tout comme le taux d’humidité, bas. Le stockage devrait bien se passer. En orge aussi les amplitudes sont assez fortes : de 40 à 90 q/ha. C’est encore plus mauvais que ce que l’on attendait : nous devrions être 6 à 7 q/ha de moins que la moyenne quinquennale. 100 % des colzas sont récoltés : il y a du très beau mais aussi des déceptions, dues notamment aux fortes attaques d’insectes. »

Moisson 2020 : heureusement la qualité est là ! - © D.R.
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Maxime Thuillier, responsable collecte chez Cérèsia (51)

« Le sud de l’Aisne et la Seine-et-Marne décrochent »

« Au 20 juillet, les orges d’hiver sont quasiment toutes fauchées avec des rendements très variables selon les secteurs pour une moyenne comprise entre 75 et 80 q/ha. La qualité est bonne avec 10,6 % de protéines et près de 90 % de calibrage moyen. Le sud de l’Aisne et la Seine-et-Marne enregistrent les plus mauvais rendements tandis que le nord de l’Aisne et les parcelles autour de Reims s’en sortent mieux. En blé, 50 % des volumes sont récoltés avec, là aussi des rendements très hétérogènes : de 50 q/ha pour les blés implantés dans des terres gorgées d’eau à l’automne, des semis tardifs et un sec extrême au printemps, à plus de 100 q/ha pour les cultures semées tôt dans de bonnes conditions et sans trop de stress hydrique. Les PS moyens avoisinent les 80 et le taux de protéines, 11,1 %. En colza, nous en sommes à 75 % de la récolte. La déception est de mise avec des extrêmes allant de 15 à 55 q/ha pour une moyenne proche de 30-35 q/ha. Moins de 10 % des orges de printemps sont récoltées. »

Philippe Hance, responsable collecte à la Cal (54)

« Encore une petite récolte ! »

« La collecte des orges d’hiver est en net retrait : de 20 q/ha en moyenne. À peine 25 % des volumes pourront être valorisés pour la brasserie. En cause, une présence de repousses de blé trop importante et des taux de protéines trop élevés, dû aux rendements faibles. La sécheresse du printemps et le gel au moment de la méiose ont mis à mal le potentiel. Les colzas aussi ont souffert de ces aléas climatiques. Ajouter à cela des problèmes de levée, de fortes attaques d’altises et la moyenne des rendements ne devrait pas dépasser les 25 q/ha, voire 23 ! C’est dramatique pour cette culture. Les questions autour de l’avenir du colza dans la région sont réelles. Les blés tendres s’en sortent mieux mêmes si les petites terres décrochent, avec pas plus de 40 à 60 q/ha. Les bonnes terres atteignent, elles, de vrais scores : jusqu’à plus de 100 q/ha. Nous espérons frôler une moyenne de 70 q/ha mais 70 % des parcelles de blés restent à récolter. La qualité, elle, est excellente avec des taux de protéines autour de 11,7. La collecte de la coopérative devrait avoisiner les 420 000 t. Un petit score comparé à notre capacité pouvant aller jusqu’à 520 000 tonnes. Nous espérons que la moisson du tournesol, prometteuse, rattrapera un peu la donne ».

Moisson 2020 : heureusement la qualité est là ! - © D.R.
Moisson 2020 : heureusement la qualité est là ! - © D.R.

François Berson, directeur collecte chez SOUFFLET Agriculture (10)

« La moisson des extrêmes »

« En orge d’hiver, les rendements sont moyens avec en revanche, une bonne qualité et un très bon calibrage. La moisson des blés restera celle des extrêmes. En Champagne Crayeuse, les rendements oscillent entre bons à très bons. Ils sont dans la moyenne en Brie Picardie, dans le nord et l’ouest, et vont de mauvais à très mauvais dans les sept autres régions de Soufflet Agriculture. Pour le groupe, la baisse de collecte chiffre à 500 000 tonnes. Le colza s’en tire globalement bien mais restons modeste avec une moyenne autour de 31 à 32 q/ha. C’est la seule culture qui dépasse nos prévisions ! Pour les orges de printemps, nous sommes à une petite moitié du volume prévu avec une bonne surprise, entre 60 et 80 q/ha et de bonne qualité de protéines (moyenne de 10,5) mais un calibrage un peu plus faible (82-83 %). Les récoltes de tournesol et de maïs se présentent plutôt bien cette année. »

Mathieu Gruet, du service qualité et filière chez YNOVAE (89)

« La collecte 2020 devrait se rapprocher de celle de 2016 »

« La moisson des cultures d’hiver est terminée. Il reste encore en terre des orges, des pois et des féveroles de printemps. Globalement, c’est une année décevante, presque alarmante en termes de volume. Nous ne sommes pas au niveau de 2016, mais la collecte 2020 s’en approche. Toutes cultures confondues, elle devrait reculer d’environ 30 % à l’échelle de la coopérative. Heureusement la qualité est au rendez-vous. Le niveau de protéines est un peu élevé en orge d’hiver, mais sera réglé avec l’allotement. En blé, le PS, le taux de protéines et de mycotoxines sont bons. Pour les cultures qui restent à récolter, nous nous attendons aussi à des rendements en baisse, mais les parcelles sont saines. »