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Nutrition importée, au moins 50 % de soja non déforestant d’ici la fin de l’année, 100 % en 2025

Le | Cooperatives-negoces

Les syndicats de l’alimentation animale, Snia et La Coopération agricole Nutrition animale, ont tenu une conférence de presse, le 2 mars, lors du salon de l’agriculture. Au programme : la présentation d’un manifeste d’engagement « zéro déforestation importée », élaboré dans le cadre de Duralim.

Nutrition importée, au moins 50 % de soja non déforestant d’ici la fin de l’année, 100 % en 2025
Nutrition importée, au moins 50 % de soja non déforestant d’ici la fin de l’année, 100 % en 2025

Les fabricants français d’aliments pour les animaux d’élevage ont signé, le 2 mars, un manifeste sur le soja non déforestant. Ce document s’appuie sur les cadres mis en place au niveau européen par la Fédération européenne des fabricants d’aliments pour animaux, Fefac, et notamment sur le module de non-conversion. Le manifeste prévoit de n’utiliser que du soja durable, non issu de la déforestation, pour 2025. D’ici là, deux paliers ont été identifiés : 50 % de soja non déforestés pour la fin de l’année 2022, et 75 % d’ici à 2023.

« Nous avons travaillé en amont avec les importateurs, pour savoir quelles garanties proposer. Certains sont plus avancés que d’autres, d’où l’objectif progressif pour n’exclure personne du dossier » a indiqué François Cholat, président du Syndicat national des industriels de la nutrition animale, SNIA.

L’observatoire de Duralim pour affiner les données

À ce jour, le secteur emploie 38 % de soja non issu de la déforestation. « Mais cela ne signifie pas que 62 % du soja déforeste, alarme Jean-François Arnauld, président de Duralim. Nous devons affiner ces 62 % pour connaître la part qui est déjà durable ». Un observatoire de Duralim a été créé en 2021 pour analyser les chiffres du secteur. La France utilise 3 Mt de tourteaux de soja, mais n’en produit que 400 kt, dont une partie est exportée.

L’observatoire de Duralim devrait permettre d’affiner ces données et d’évaluer la part que la France pourrait être en mesure de produire, avec le soutien du plan protéine. « Le soja est une plante qui a besoin d 'eau, aussi certaines régions françaises peuvent le produire et d’autres pas. Nous espérons que la génétique évolue pour que les variétés s’adaptent aux besoins de production français, mais nous aurons tout de même toujours besoin de l’importation » a confié David Saelens, président de LCA Nutrition animale.

Un surcoût entre 2 et 3 € la tonne de soja non déforestant

Une réglementation européenne sur l’approvisionnement des protéines pour l’alimentation animale est en cours de discussion à la commission européenne. La démarche entreprise en France a vocation à anticiper cette nouvelle réglementation. « La grande majorité des producteurs d’aliments en France est engagée dans la démarche, nous n’aurons pas besoin de les contraindre » a précisé François Cholat. « Plus de 96 % des coopératives liées à la nutrition animale se sont engagées à signer le manifeste » abonde David Saelens.

Mais cette démarche de qualité ne doit pas peser sur les seuls fabricants d’aliments, estiment les syndicats. « Aujourd’hui, personne n’a les moyens de supporter, seul, les surcoûts, renchérit François Cholat. Il faudra que l’on intègre des indicateurs de coûts pour être strictement dans l’application de la loi Egalim 2. » Selon les importateurs, le surcoût pourrait être compris entre 2 et 10 € la tonne. Les syndicats recommandent d’intégrer ce soja garanti non déforestation dans la construction des indicateurs filière.