Pascal Viné, délégué général de Coop de France - « Je continue de penser que la séparation capitalistique est une fausse bonne solution »
Le | Cooperatives-negoces
Si Pascal Viné salue la parution du projet de loi « pour l'équilibre des relations commerciales » (voir autre info dans cette lettre), il sait que tout se joue maintenant. Car dans le texte, rien n'est écrit sur le « comment faire ». Tout reste à construire, via la publication d'ordonnances. Coop de France compte participer activement aux échanges pour faire entendre sa voix et celle des agriculteurs.
« Beaucoup de décisions vont, dans les mois à venir, se prendre par ordonnance. Et notamment certains sujets qui touchent directement la coopération agricole. Or, pour la plupart de ces thèmes, aucun débat sur le fond n'a encore vraiment eu lieu. L'orientation politique est désormais connue. Nous en prenons acte. Mais des échanges doivent avoir lieu pour bâtir une loi efficace, en adéquation avec les réalités techniques du terrain. Soyons vigilants pour trouver le bon point d'équilibre entre le souhaitable et le possible ».
Constructif… et vigilant !
L'avenir est donc au « comment faire ». Qu'il s'agisse de la réforme des CEPP, de la séparation capitalistique du conseil et de la vente des phytos au sein des entreprises, de l'information de la transparence au sein des coopératives… tout reste à écrire ! Car, pour l'heure, ce ne sont que des orientations. « Des études d'impact ont été conduites mais certaines apparaissent comme incomplètes. Ainsi, le Conseil d'Etat en a fait la remarque sur l'article 14 qui concerne l'interdiction des rabais, remises et ristournes sur les ventes de phytos. Après le temps politique, il est important à présent d'entrer dans le temps de l'analyse, d'identifier ce qui est efficace, réaliste, économiquement et humainement, et ce qui ne l'est pas. Coop de France souhaite participer activement à la mise en œuvre opérationnelle de ce projet car il impacte directement le métier de nos adhérents, sur leur vie au quotidien. Le Gouvernement doit y être attentif ».
Encore plus de transparence dans le système coopératif
L'article 8 du projet de loi propose de repenser les relations entre coopératives et adhérents pour notamment « redéfinir les conditions de départ des associés coopérateurs »… « renforcer la transparence dans la redistribution des gains ». « Un tel projet nous interpelle, confie Pascal Viné, car cela met le doute sur ce qui se passe aujourd'hui ! Je rappelle que la coopération agricole est le seul lieu dans la filière alimentaire où la répartition de la valeur se fait réellement de manière démocratique ! Bien sûr, les pratiques peuvent toujours être améliorées. Mais les règles sont claires, déjà régies par bon nombre de textes de loi. Pourquoi devrions-nous encore aller plus loin en matière de législation, d'autant que ces ordonnances ne sont pas le résultat des débats des EGA ? Nous ne comprenons pas très bien la démarche et souhaitons bien entendu travailler avec le Gouvernement sur ces points ».
Sur le terrain, le travail a déjà commencé
Pascal Viné explique que sur le terrain, la séparation du conseil et de la vente est très débattue. « Nous savons que de nouveaux systèmes de vente se mettent en place au travers du e-commerce. Par ailleurs, plusieurs filières ne sont pas directement concernées par ce dossier, notamment les filières viticoles ou fruits et légumes qui ont des organisations séparées. Si nous devons choisir, Coop de France optera pour le conseil, rappelle-t-il. Nous sommes des entreprises tournées vers des clients et les consommateurs : le conseil est donc essentiel pour répondre à leurs attentes. Bien sûr, chaque coopérative pourra faire ses propres choix en fonction de sa stratégie. Mais sur ce dossier, nous continuons à penser que la séparation « capitalistique » des activités est une « fausse bonne solution » ». Quant aux échéances de la mise en place de cette loi, rien n'est défini. « Nous serons présents quel que soit le rythme imposé par le Gouvernement », conclue-t-il.