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Pierre Neuviale, directeur général de la Fédération du négoce agricole- « Nous avons rendez-vous avec la société civile ! »

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Le 28 juillet, quatre jours précisément après le vote par le Parlement de la loi Grenelle 1, la Fédération du négoce agricole remettait très officiellement à la DGAL (Direction générale de l’Alimentation, ministère de l’Agriculture) le document cadre pour la rédaction du référentiel de certification « Distribution, conseil, préconisation sur les produits phytosanitaires ». Une démarche réalisée au nom de l’ensemble de la distribution, et qui constituait à la fois l’aboutissement de trois années de travail avec les pouvoirs publics et le début d’un ultime échange sur la réforme de l’agrément distributeur. Tout va se jouer maintenant avec la loi Grenelle 2. Rencontre avec Pierre Neuviale, directeur général de la Fédération du négoce agricole…

« Le cadre dans lequel nous évoluons est désormais celui fixé par le Grenelle 1, introduit Pierre Neuviale. Et, pour ce qui concerne le Grenelle 2, en cours de discussion, je suis confiant dans la capacité du Parlement à tenir compte des multiples débats qui ont animé les groupes de travail sur le Plan Ecophyto 2018. » Des échanges qui ont connu leurs temps morts… et leurs accélérations. Catherine Deger

Photo : Pierre Neuviale, directeur de la FNA : « le Certiphyto soulève encore plus de questions qu’il n’apporte de réponses ».

Ainsi, sur la question du conseil, et de la « fausse bonne idée qui aurait consisté à le séparer de la vente », Pierre Neuviale a contribué à franchir une étape décisive le 7 mai 2008. « Je suis intervenu au sein du comité de travail piloté par Guy Paillotin, avec cette idée de responsabilisation du conseil, à travers une identification des fonctions dans l’entreprise et surtout l’enregistrement de la préconisation ». Au final figure parmi les objectifs de la loi Grenelle 1, « l’encadrement des professions de distributeur et d’applicateur de produits phytosanitaires par des exigences en matière de formation, d’identification ou de séparation des activités de vente et de conseil, dans le cadre d’un référentiel vérifiable d’enregistrement et de traçabilité des produits. » Un objectif qui sert de trame à l’article 36 du projet de loi Grenelle 2. Il précise les conditions d’exercice et les contrôles liés aux métiers de la vente, du conseil et de l’application des produits phytosanitaires. « Si l’article 36 est retenu par les parlementaires, il ouvre la voie aux décrets d’application pour confirmer les référentiels, dont celui de la distribution », reprend Pierre Neuviale.

Ces référentiels contiennent un socle commun sur les obligations des applicateurs, conseillers à titre gratuit ou distributeur, mais développent aussi les contraintes spécifiques liées à la vente, au stockage ou encore au transport pour les distributeurs. Des textes qui avaient donné lieu à un consensus dès juin 2007 entre le ministère de l’Agriculture, FNA, Coop de France, FNSEA, JA, l’UIPP et l’APCA.

Certiphyto ou Qualiphyto ?

Cette distinction selon les métiers vaut aussi pour le Certiphyto. Pierre Neuviale aurait préféré comme terme celui de Qualiphyto, car, explique-t-il, « on qualifie des personnes et l’on certifie des entreprises. » Or, dans le cas de cette validation de la capacité à utiliser, conseiller, vendre, acheter des produits phytosanitaires, ce sont bien les individus qui sont concernés. Les entreprises ayant à justifier de la qualification de leur personnel. « En l’état actuel du dossier, poursuit Pierre Neuviale, le Certiphyto soulève encore plus de questions qu’il n’apporte de réponses. » L’ampleur de la population concernée est sans conteste le premier handicap à franchir. Les agriculteurs représentent le gros des quelque 800 000 personnes à former. Et chaque profession répond à des contraintes qui lui sont propres.

Mais le cœur du dossier, pour Pierre Neuviale, reste la capacité des professionnels à répondre à l’attente suscitée par le Grenelle. « Nous avons rendez-vous avec les ONG. France Nature Environnement se déclare très satisfaite de la responsabilisation de l’activité et de l’enregistrement du conseil et après deux ans d’échanges nous sommes nous aussi très satisfaits de ce consensus intelligent. Mais les ONG restent attentives à un premier bilan, en 2013-2014. » Autant dire que la FNA accorde la plus grande attention à ce dossier. Y compris en continuant à être force de propositions sur le contenu et l’encadrement de la démarche de qualification, en relation avec Coop de France. La question de la durée du Certiphyto est ainsi en suspend : dix ans, selon l’administration aujourd’hui. Cinq ans, pour être à la fois en phase avec le DAPA actuel et les attentes de la société, estime pour sa part Pierre Neuviale. Car valoriser les démarches volontaires n’est pas fatalement être le moins disant possible.

Catherine Deger