Pour les distributeurs agricoles, le bio reste un vecteur de croissance
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Les retards des versements européens depuis 2015, pour les producteurs de la filière bio, inquiètent les instances nationales, comme l’Agence bio ou la Fnab, qui y voient un possible frein aux conversions. Une tendance qui n’est pas encore sensible à l’échelon des distributeurs agricoles. C’est du moins ce qui ressort d’un tour de stands des coopératives et négoces, lors de la dixième édition du salon Tech&Bio, les 20 et 21 septembre à Bourg-lès-Valence (26). La distribution témoigne de la mobilisation du secteur pour accompagner les agriculteurs bio ou en conversion.
La dépendance aux aides fluctue d’une filière à l’autre
C’est notamment le cas en production de volaille. Près de 50 % du chiffre d’affaire de coopérative Valsoleil (34) dépend de cette filière. Sur le stand, les agriculteurs montrent un plus grand intérêt par la création d’un atelier de poules bio, « un revenu sûr, et peu dépendant des aides européennes. » Les viticulteurs optant pour le mode de production bio sont également nombreux. Là encore, les retards d’aides ne sont pas bloquants. « Sur nos 20 % de vignes conduites en bio, à peine 15 % sont certifiées, explique-t-on chez Cooptain (26). En vin, le label n’est pas forcément très valorisé économiquement. Ce qui intéresse les vignerons, ce sont notamment les économies en traitement. » Même analyse du côté du négoce Perret, actif sur le quart sud-est de la France : « Nos solutions en viticulture bio montent clairement en puissance, surtout dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, où la moitié des caves et vignerons avec qui l’on travaille pratiquent le bio, avec ou sans certification », indique Guy Ollier, cadre commercial.
« Un peu trop tôt pour évaluer les effets des retards de paiement
Et pour les autres filières ? Même sur les grandes cultures, les questions de versement ne semblent pas entamer les volontés de conversion. « Déjà, ces retards ne concernent pas que le bio, note Jean-François Perret, du groupe Dauphinoise. Et puis il est de toute façon un peu trop tôt pour évaluer les effets de ces aléas sur les conversions, d’autant que les prix du marché restent très incitatifs. Avec 1000 ha convertis en 2016 chez nos adhérents, la croissance est là. » La collecte de céréales bio atteint les 7000 t sur les 380 000 t, au total, du groupe.
Les métiers du bio se développent dans la distribution
L’ambition de la Dauphinoise est de garantir le même service aux agriculteurs bio qu’aux autres, en termes de R&D, de référencement, de production de semence ou de commercialisation. Pour structurer le débouché, la coopérative s’est associée à Valsoleil pour faire tourner une usine dédiée à l’alimentation animale, et des partenariats sont négociés avec des transformateurs. L’objectif serait d’assurer un prix stable pour les producteurs bio via des contrats allant jusqu’à trois ans. Les ressources humaines suivent : Jean-François Perret est référent bio à temps plein pour la coopérative depuis quatre ans. En partenariat avec Terre d’Alliances (01), un autre spécialiste intervient auprès des adhérents, et quatre autres techniciens de la Dauphinoise développent également leurs compétences en bio pour les suppléer si besoin.
Le négoce Bernard (01) s’est lancé plus récemment. « C’est notre deuxième collecte en soja, blé et maïs, indique Arnaud Dumon, technico-commercial. 50 à 60 de nos 2000 clients se sont convertis, d’autres ont entamés la démarche. C’est sans doute pour ceux-là que les incertitudes actuelles pèsent le plus. » Mais, ici aussi, pas de quoi envisager un changement de tendance, si bien que les établissements Bernard comptent aujourd’hui deux techniciens affectés en partie sur l’accompagnement bio.
« Un vecteur de croissance pour les coopératives »
Sur l’espace Coop de France, l’analyse globale va dans le même sens que sur les autres stands. « Le bio reste un vecteur de croissance pour les coopératives, affirme Bastien Fitoussi, responsable filières biologiques. Il est logique de s’y investir. » Et s’il évoque les versements européens, c’est pour noter qu’ils sont centralisés par les régions depuis 2015, ce qui génère une hétérogénéité, parfois au sein d’une même structure : les coopératives peuvent être à cheval sur deux régions dont les politiques en matière de bio sont très différentes, ce qui oblige à s’adapter aux situations des adhérents en fonction de leur lieu de production. Et de conclure : « Le bio, c’est évidemment un défi. Mais pour la distribution, ce sont surtout des beaux chantiers à mener. »