Premier congrès d’Acooa, la coopération consolide ses positions
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Reprendre la parole via un ambitieux plan de communication, limiter les obstacles à l’émergence de leaders économiques, reprendre du pouvoir face à la grande distribution… Trois axes majeurs de la coopération présentés par Philippe Mangin, président, et Yves le Morvan, directeur général délégué de Coop de France lors d’une conférence de presse, le 11 décembre. Axes qui seront développés lors du premier congrès d’Acooa, le 19 décembre, dédié aux assemblées générales de Coop de France et le 20 à celle d’InVivo.
Le bilan est somme toute satisfaisant. Le périmètre coopératif s’est accru de 871 millions d’euros en 2012, sous l’influence de trois facteurs : développement à l’international, reprise de structures privées et poursuite des regroupements entre coopératives (47 des 80 opérations enregistrées en 2012). Un constat qui vaut pour les 2 850 coopératives en France et à rapprocher d’un chiffre d’affaires total de 83,7 milliards d’euros. Pour autant, « le compte n’y est pas », estime Philippe Mangin, président de Coop de France. Les premiers groupes français (InVivo, Tereos, Sodiaal et Terrena) n’arrivent qu’en 7e, 13e, 14e et 15e places dans le classement européen des coopératives. Catherine Deger
Photo : Philippe Mangin, président de Coop de France, sur le sujet de la Pac : « Il est stupide d’ouvrir le débat sur la répartition des aides dès lors que celui sur le budget n’est pas arrêté. »
Droit à la concurrence et rapport de force avec la grande distribution
« Le droit à la concurrence porte aujourd’hui atteinte au droit des coopératives. Les autorités émettent des avis qui freinent l’émergence de leader, alors que nous manquons de taille sur certains marchés », analyse-t-il, prenant pour exemple les dossiers cidrerie pour Agrial, celui des farines ou encore le rapprochement Champagne Céréales et Nouricia (voir notre lettre du 2 avril). Autre sujet qui fâche : l’impossible mise en application de la LME, loi de modernisation de l’économie, dans son volet relation entre les filières de production et la grande distribution. Le rapport de force reste très largement en faveur des grandes enseignes. Un pas a toutefois été timidement franchi : le gouvernement s’étant engagé à augmenter les moyens de la DGCCRF pour que soit davantage contrôlée l’application de la LME.
Autre élément pour contribuer à modérer l’impact de la hausse des cours des matières premières sur les filières animales, la contractualisation en cours entre les filières animale et végétale et la contribution en cours des céréaliers. Des réponses bienvenues, y compris au moment où les comptes des céréaliers s’envolent. Mais qui n’exclut pas la responsabilité de la grande distribution.
Communication, le Téléthon d’Acooa
Le niveau n’est pas neutre : 0,017 % du chiffre d’affaires à verser pendant trois ans, pour alimenter un fonds de communication à même de porter l’image des coopératives agricoles et agro-alimentaires. Chaque coopérative est en train de se prononcer sur sa participation ou non à ce fonds (voir notre lettre du 10 décembre). « Nous comptabilisons déjà les promesses, comme au Téléthon, et nous annoncerons lors de notre assemblée générale si le compte y est », a indiqué Philippe Mangin, reconnaissant que « cela n’est pas si simple pour les filières d’élevage. » Cette action communication fait partie des quatre chantiers annoncés à la création d’Acooa, aux côtés du lobbying (un renforcement au niveau européen est à venir), de la formation (création d’une instance avec notamment la labellisation d’un catalogue de formations de haut niveau) et un renforcement du poids à l’exportation. Un groupe de coopératives viticoles est sur ce dernier sujet, prêt à se développer.
Il l’a dit
Philippe Mangin : « Il est incontestable qu’une catégorie d’agriculteurs cumulent les aides et les hausses des cours. Nous demandons depuis des années de faire varier les aides en fonction du marché, à l’instar du Farm Bill américain qui permet un recouplage des aides. Mais évitons de parler des céréaliers comme d’une catégorie unique. »