Prism, le baromètre qui modernise l’expérience client des agriculteurs

Thomas Turini - Vendredi 17 mars 2023

Inquiétudes, comportements d’achats, attitude vis-à-vis du conseil, besoin en informations…Agriconomie, Réussir et BVA lancent Prism, le premier baromètre comportemental dédié à l’expérience client des agriculteurs français. Des informations précieuses qui confirment le virage de l’agriculture et l’évolution des agriculteurs, d’aujourd’hui et de demain.

La puissance des bases de données des groupes Réussir et Agriconomie, alliée à la méthode de sondage de BVA : Prism, le premier baromètre axé sur l’expérience client des agriculteurs français a été présenté le 1^er mars, au Salon de l’agriculture à Paris. Un baromètre comportemental pour mieux comprendre les tendances majeures d’aujourd’hui et de demain. « On ne peut plus couper l’agriculture en grands segments. Des modèles nouveaux apparaissent, des positions différentes se dessinent : il faut adapter les plans marketing et la communication », annonce Paolin Pascot, cofondateur et président d’Agriconomie.

Maîtriser le temps de travail et gagner en autonomie

En ce qui concerne les préoccupations des agriculteurs, peu de surprise : l’inquiétude porte majoritairement sur la perte d’une partie de la production - à cause des aléas climatiques- , de la transmission des exploitations, des fluctuations de marché et de la concurrence internationale. Les difficultés financières et les problèmes logistiques ou pénurie d’agrofournitures sont en embuscade, suivis par les changements d’habitudes de consommation. Les priorités à trois ans sont de :

• maîtriser le temps de travail
• travailler moins
• augmenter l’autonomie de l’exploitation
• acquérir davantage de connaissances techniques et d’informations.

Le trio de tête pour envisager l’avenir sereinement ?

• l’assouplissement des réglementations
• la réduction des intrants
• l’adaptation au changement climatique.

Dans ce cadre, seuls 53 % des sondés trouvent pertinent les conseils sur l’accompagnement à la vente des productions.

35

 %

ont un contrat de vente ou un engagement avec un ou plusieurs OS (49 % au sein des exploitations en grandes cultures)

85

 %

se considèrent comme fidèles dans leur engagement et déclarent faire tout ce qu’ils peuvent pour protéger l’environnement et les ressources naturelles

Un fort besoin d’informations…pas toujours satisfait

La trajectoire des systèmes de production montre un véritable tournant : 30 % des agriculteurs choisissent de maximiser la productivité, quitte à avoir des charges plus élevées (34 % en grandes cultures), tandis que 70 % choisissent de réduire les charges, quitte à perdre en productivité. Pour comprendre et agir, 68 % avouent manquer de connaissances. Sur l’ensemble des agriculteurs interrogés, 70 % ont participé à une formation sur un sujet agricole ces deux dernières années ! Lorsqu’ils sont confrontés à un problème technique, 36 % des sondés cherchent à dialoguer et vont demander de l’aide ou un avis extérieur, 33 % vont résoudre le problème par eux-mêmes et 30 % vont chercher l’information. Sur ce point, les générations divergent : pour les moins de 39 ans, l’avis extérieur d’un technicien vient en dernier, pour seulement 26 % des agriculteurs interrogés.

Attitude vis-à-vis de l’accompagnement extérieur (BVA Group 2023)

Des achats auprès de trois distributeurs en moyenne !

En situation d’achat d’un produit courant (semences, phyto, aliment), les agriculteurs sondés ont tendance à reprendre d’abord les même produits qui ont fait leur preuve pour 45 % d’entre eux, 28 % recherchent les meilleurs produits sur les marchés et 27 % font leur choix dans une liste de produits conseillés par un technicien. Pour 47 % des agriculteurs, la relation humaine est importante avec un suivi régulier et pour 36 % c’est assez important mais avec des échanges limités, au bon moment. En moyenne, les agriculteurs ont près de trois distributeurs pour réaliser leurs achats !

Les 1 766 sondés en chiffres

• 84 % d’hommes
• 49 ans de moyenne d’âge
• 16 % exercent un autre métier en dehors de leur exploitation
• 54 % ont une formation supérieur au bac
• 46 % sont producteurs de grandes cultures
• 45 % ont des salariés (0,9 salarié en moyenne)

Cinq groupes selon leur relation au conseil

L’agrégation de l’ensemble de ces informations permet tout de même d’identifier cinq grands groupes.

• Les autonomes (21 %) trouvent l’avis extérieur secondaire : ils se débrouillent par eux-mêmes, quitte à perdre du temps. Ce sont les moins satisfaits de l’accompagnement, ils estiment ne rien avoir appris en termes de technique sur les deux dernières années.
• Les indépendants (24 %) recherchent l’autonomie de leur exploitation en tout premier lieu. Ils suivent des formations et ne rejettent pas le conseil, mais pour eux, ce dernier constitue une source d’information comme une autre. Internet représente une source inspirante pour ces agriculteurs.
• Les fidèles (19 %) suivent quant à eux les conseils de leurs TC et ne cherchent pas à trouver de l’information par eux-mêmes.
• Les leaders (19 %) sont intéressés par la technologie et recherchent la qualité. Ils sont assez sur d’eux, ne manquent pas de connaissances et sont souvent sollicités par les autres agriculteurs pour donner des conseils avisés.
•  Les collaboratifs (15 %) recherchent le dialogue, l’aide et veulent acquérir davantage de connaissances, en plaçant le conseiller à la première place des sources d’informations.

Les indépendants et les collaboratifs constituent les deux groupes les plus intéressés par les pratiques agroécologiques.

Le 1^er mars, Thibaut De Jaegher, directeur général de Réussir annonçait que Prism n’était pas un baromètre figé et avait « vocation à vivre pour suivre l’évolution de l’agriculture française ».

La méthode Prism

Enquête en ligne de 20 min auprès de 1 766 agriculteurs chefs d’exploitation agricole/co-exploitants, issus d’une base de 250 000 exploitations (Données des groupes Réussir & Agriconomie), entre le 20 décembre 2022 et le 9 janvier 2023. L’échantillon final national est représentatif des agriculteurs français, selon la méthode des quotas, avec un redressement sur les critères régions et OTEX (à partir des coefficients de production brute standard).