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Quelle culture va profiter du recul du colza ?

Le | Cooperatives-negoces

A l’échelle nationale, le recul des surfaces de colza devrait avoisiner les 18 %, parfois beaucoup plus localement car certaines parcelles sont encore dans une situation compliquée à ce jour. Les régions du Centre, du Poitou-Charentes et de Bourgogne sont particulièrement touchées. Si la question du retournement de certains hectares n’est pas encore tranchée, le choix des cultures qui profiteront du recul du colza se précise. Le point dans la Vienne, dans l’Yonne, en Vendée, dans le Loiret, dans l’Oise et la Meuse.

50 % de production en moins chez COC (86)

Si dans la Somme, chez le négoce Charpentier, l’heure est à l’application de régulateurs pour ralentir la croissance des colzas, au Sud du Bassin Parisien, la problématique est toute autre. Se donner encore quelques jours pour décider d’un éventuel retournement des parcelles. C’est le cas chez Centre Ouest Céréales où « nous tablons sur une baisse de la production de près de 50 %, confie François Pignolet, le directeur général. Entre les parcelles non semées et celles qui n’ont pas belle allure, le bilan colza est à ce jour assez violent. Nous attendons de voir l’impact des quelques millimètres de pluie tombés ces derniers jours mais de nombreux agriculteurs pensent déjà à retourner leurs parcelles. La décision sera prise la semaine prochaine. Blé tendre, orge d’hiver, orge de printemps de brasserie, tournesol oléique… les alternatives sont multiples. Certains pensent même à tester le colza de printemps : moins productif certes mais également moins coûteux en charges. »

110 BOURGOGNE (89) prévoit un recul de 10 000 ha de colza

Dans l’Yonne, la note est tout aussi salée. « 20 % de la sole prévue n’a pu être semée et 60 % de la partie semée n’a pas levé ou n’est pas viable, suite à la sécheresse qui perdure, constate Fabrice Verlet, responsable productions végétales chez 110 Bourgogne. Pour la coopérative, la baisse devrait avoisiner 60 à 70 %, soit près de 10 000 ha ! Depuis la moisson, les pluviométries varient de 5 à 30 mm selon les zones du département. Sur l’Auxerrois, la surface colza est quasiment nulle tandis qu’elle oscille entre 50 % dans le Tonnerrois à 80 % dans le Chatillonnais. Les hectares laissés libres devraient profiter au blé sur blé, au maïs, au tournesol, aux orges de printemps. Mais le manque d’eau met également en sursis les semis d’orge d’hiver. »

Des surfaces divisées par deux à la Cavac (85)

À la Cavac, en Vendée, « les surfaces ont été divisées par deux, constate Christophe Vinet, responsable de la collecte. Le manque d’eau depuis les semis pénalise lourdement cette culture. Les céréales d’hiver devraient profiter des surfaces laissées libres… à condition qu’il pleuve pour permettre un travail correct du sol avant l’implantation. Et s’il se met à trop pleuvoir, alors les agriculteurs se tourneront vers les cultures de printemps, à commencer par le lin. »

Une parcelle sur cinq de colza en moins à la Coop de BOISSEAUX (45)

Tout comme en Vendée, dans le Loiret, certains agriculteurs ont irrigué pour faire lever les colzas. « Au final, 20 % des hectares destinés à cette culture n’ont pas été semés ou n’ont pas levé, constate Xavier Thirouin, le directeur général de la Coop de Boisseaux. Pour remplacer le colza, d’un point de vue agronomique, il est important de conserver une tête d’assolement : maïs, tournesol, orge de printemps. Pour ceux qui opteraient pour une céréale d’hiver, attention au désherbage car du fait du manque d’eau, les faux semis n’ont pu être réalisés. Des blés ou orges semés dans les jours à venir risquent donc de se retrouver infestés de repousses de blé ou d’orge ! Pour les chantiers de semis, rien ne presse d’autant qu’avec la disparition des néonicotinoïdes en traitement de semences, le conseil est de retarder les semis pour limiter les attaques de pucerons. Jusque mi-novembre, tout est possible. Le manque d’eau pénalise également l’arrachage des betteraves : certains irriguent ! Du jamais vu. »

Moins d’inquiétude au Nord et à l’Est

Dans la Meuse, chez EMC2, moins d’inquiétude. « Quelques parcelles n’ont pas pu être semées, 5 % de la sole, mais cette situation n’a rien à voir avec 2016 où seulement 5 % des colzas avaient pu être semés, se souvient Mathias Sexe, directeur du service agronomie. A ce jour, certains colzas atteignent à peine le stade 2 feuilles tandis que d’autres nécessitent l’application d’un régulateur. Les situations sont très disparates mais avec partout, des attaques précoces de charançons du bourgeon terminal. »

Chez Agora dans l’Oise, le recul du colza est également moins marqué. « Les surfaces devraient reculer de 5 à 10 % mais en partie dû à un choix des agriculteurs, précise Guillaume Paepegaey, responsable collecte. Les semis de début septembre s’en sortent un peu moins bien que ceux de fin août qui ont bénéficié de quelques pluies juste après l’implantation. Dans cette région, plus que le colza, c’est le recul de la betterave qui pose question. Le prix intéressant des céréales d’hiver, les bons résultats du maïs cette année devraient inciter les agriculteurs à se tourner vers ces cultures ».