Référence agro

Récolte 2016 : les OS sur le pont pour estimer la qualité

Le | Cooperatives-negoces

Les craintes de la plaine se font de plus en plus nombreuses. La qualité de la récolte à venir pâtirait des conditions climatiques de ces dernières semaines. Les rendements accuseraient également le coup. Eleveurs et viticulteurs patissent aussi des conditions climatiques. Quelles espèces sont les plus touchées ? Pour quelles conséquences ? Alors qu'Arvalis et les OS multiplient les prélèvements et les analyses, Référence-appro a mené l'enquête.


« Commençons par les aspects positifs de cette campagne, introduit Jean-Paul Bordes d'Arvalis. Le potentiel des cultures partait d'un très haut niveau en début de campagne : les quintaux devraient être au rendez-vous ; la réserve en eau des sols est importante donc peu de risque de stress hydrique pour les semaines à venir ; les températures actuelles ne produiront pas le « coup de chaud » tant redouté par les céréales en fin de cycle ». Ces « bonnes » nouvelles ne doivent pas faire oublier les menaces, réelles, qui pèsent sur la récolte à venir. L'humidité permanente du printemps a favorisé la pression maladies dans de nombreuses régions : la JNO est là et la présence de fusariose risque d'impacter la qualité. Mais Jean-Paul Bordes se veut rassurant. « Nos premières analyses montrent que microdochium nivale s'est davantage développé que F. graminearum : or c'est ce champignon qui produit la mycotoxine Don ».


Dans l'Ain, chez Terre d'Alliances - Jérôme Laborde, responsable collecte

« De 10 à 30 % de potentiel en moins »

« L'espèce la plus touchée est le blé, particulièrement par la septoriose et la fusariose. Il demeure de grandes disparités selon les parcelles et le nombre de traitements fongicide qui ont pu être réalisés. En mars, nous partions sur des rendements record. Nous avons perdu au moins 10 % du potentiel depuis, voire peut-être 30 % sur certaines parcelles. Sur des secteurs très localisés, les récents orages de grêle ont aussi fait beaucoup de dégâts sur colza. En maïs, près de 1500 ha n'ont pas été semés du fait des pluies continues ».


Dans l'Aube, à la Scara - Jean Bourtembourg, responsable collecte

« Seule consolation, le nombre de pieds est important »

« Sur les orges de printemps, nous observons des problèmes de fécondation des grains, en moyenne 4 à 5 grains de moins par épi et jusqu'à 7 par endroit, ce qui est considérable. Difficile de savoir précisément si cela est dû au manque d'ensoleillement, à la pluie continue ou aux vagues de froid. Une chose est sûre, le potentiel est en baisse par rapport au début de campagne. Seule consolation, le nombre de pieds est important. Si les grains se remplissent bien dans les semaines à venir, on peut tout de même espérer un bon poids de 1000 grains.  Sur les blés, le risque de fusariose est important et les impacts très hétérogènes. D'une parcelle à une autre, les colorations varient en fonction de la précocité des variétés, des sols et du nombre de traitements réalisés ».


Dans l'Yonne, chez Seine-Yonne - Amélie Petit, responsable agro-développement

« Les éleveurs sont les grands perdants »

« En plus d'avoir dû rentrer les troupeaux depuis un mois, les éleveurs ont récolté très peu de fourrage : ils font partie des grands perdants des intempéries. Malgré le beau temps ces derniers jours, le sol est trop humide pour sécher les foins.  15 % des surfaces de maïs n'ont pas été semées, elles sont complètement noyées. Il est désormais trop tard pour semer : le cumul de température ne sera pas suffisant et des gels précoces sont possibles. Par chance, nous avons très peu de précédent maïs sur nos blés, ce qui a limité l'apparition de la fusariose ».


En Moselle, chez Lorca - Jacque Desbureaux, responsable productions végétales

« Augmenter les traitements contre la fusariose de l'épi »

« La fusariose de l'épi est très présente. Nous n'avons pas l'habitude de traiter les orges d'hiver contre cette maladie. De plus, 20 % des surfaces sont touchées par la verse. Nous avons réagi à temps pour les orges de printemps en proposant à nos adhérents un traitement supplémentaire au stade floraison. 30 à 40 % des parcelles ont été traitées contre la fusariose de l'épi. En blé, d'une moyenne de 1,5 traitement fongique, nous sommes passés à 2,5 cette année, couvrant ainsi 60 % des parcelles. Les éleveurs vont être les plus touchés. Les stocks de foin n'étaient pas élevés suite à la sécheresse de l'an dernier et cette année, la marchandise est complètement imbibée d'eau ».


Les vignobles sont également touchés par de fortes pressions maladies. La pluie et les températures douces, puis fraiches, ont favorisé le développement de l'ensemble du complexe maladie. La pression est exceptionnellement forte en mildiou mais également en black rot. Le risque est élevé en botrytis. Et ce, dans la plupart des vignobles. Préserver le potentiel de la vendange est aujourd'hui un impératif dans un contexte où les rendements sont parfois déjà amputés : grêle ou gel ayant, localement, réduit le potentiel des vignes.