Récolte 2016 : prix, qualité, rendement, la triple peine pour certains
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Alors que la récolte des orges d'hiver se termine, celle des blés débute à peine sur la moitié nord de la France. Les faibles calibrages vont donner du fil à retordre aux opérateurs pour valoriser la production. Au manque de qualité et de rendement s'ajoutent des prix de vente faibles. L'inquiétude se fait sentir concernant la trésorerie des exploitations, particulièrement dans les régions d'élevage. Le point cette semaine chez Lorca (57), EMC2 (55), Anjou Maine Céréales (53), Soufflet Agriculture (51) et Vaesken (59). En parcourant la carte avec votre souris, vous pouvez également retrouver les données collectées par Référence-Appro les deux dernières semaines.
Lorca (57) - Une moindre valorisation qui pénalisera les éleveurs
En Moselle, la récolte est réalisée à 90 % pour les orges d'hiver. Les rendements sont estimés à 60 q/ha, soit une perte d'environ 12 % par rapport aux années précédentes. Seule une petite moitié des grains atteint les exigences en matière de calibrage pour les orges brassicoles. « Le travail supplémentaire lié au calibrage des grains va probablement engendrer des coûts pour les opérateurs », estime Jean-Charles Denis, responsable commercialisation chez Lorca. La moisson des blés débute à peine. Plus d'un tiers des colzas a été récoltée. Les rendements avoisinent les 28 q/ha, contre environ 34 q/ha habituellement, avec un taux d'huile en retrait de 3 à 4 points. « Certains agriculteurs ne passeront pas le cap des 40 % exigés par les marchés », déclare Jean-Charles Denis. La moindre valorisation qui en découlera pénalisera des exploitants déjà très fragilisés, particulièrement dans les bassins d'élevags. De lourdes inquiétudes pèsent à court terme sur l'avenir de petites exploitations.
EMC2 (55) - Prix, qualité et rendement : la triple peine pour les agriculteurs
Dans la Meuse, la récolte des orges d'hiver est terminée. Les rendements moyens sont de 55 q/ha soit 10 quintaux de moins que la moyenne quinquennale. Les petits grains sont nombreux : seuls 57 % de la récolte comportent un calibrage suffisant, contre 87 % l'an passé. « Des grains fusariés dans les tons rosés étaient très nombreux, très atypique pour l'orge : un phénomène qui témoigne de l'excès d'eau au printemps », indique David Meder, responsable céréales chez EMC2. La coopérative attend le retour des labos pour les analyses mycotoxines, mais la plupart des grains malades est restée au champ. L'inquiétude pèse plus sur les blés, davantage frappés par la maladie. La perte de rendement en colza est proche de celle des orges : - 6 q/ha. « C'est la triple peine pour les agriculteurs car ni la qualité, ni les rendements et ni les prix ne sont au rendez-vous ».
Anjou Maine Céréales (53) - Fusariose et JNO sur blé
La tendance est similaire à l'Ouest. La récolte des orges d'hiver se termine en Mayenne avec des rendements compris entre 50 et 60 q/ha, soit 15 quintaux de moins que les précédentes campagnes. La récolte de blé a débuté et s'annonce vraiment mauvaise. Les attaques de fusariose et de jaunisse nanisante ont été très violentes. S'ajoutent en plus le manque d'ensoleillement et l'humidité. « Sur la Sarthe, des agriculteurs habitués à dépasser les 90 q/ha peinent à atteindre les 50 quintaux », déplore Eric Clavreul, responsable technique et marketing à Anjou Maine Céréales. Le seul réconfort provient des taux de protéines, proches de 12-13. Les PS eux, avoisinent les 72. La Mayenne, où la récolte débute tout juste, devrait être moins impactée que le département voisin. En colza, plus de la moitié de la production a été collectée. « Nous craignions des rendements catastrophiques vu le mauvais état des parcelles suite aux attaques d'altenaria en fin de cycle », témoigne Eric Clavreul. Les rendements sont compris entre 25 et 32 q/ha, contre plus de 35 quintaux habituellement. Le nombre de grains est satisfaisant mais ils sont très petits.
Dijon céréales (21) - Décevant pour les orges, pire pour les blés
Chez Dijon Céréales, la collecte est à mi-parcours et le premier bilan est « alarmant ». Escourgeons et orges d’hiver déçoivent. « Les pertes en volume sont de 20 %, constate Pascal Demay, directeur terrain et céréales. Malgré les calibrages bas, le débouché brasserie, important pour le groupe, devrait être préservé. En blé, la situation est également préoccupante, voire pire ! La moyenne pourrait tourner autour de 50 q/ha, soit 30 % de moins que l’année dernière. Mais la qualité est bonne pour le débouché meunerie avec notamment de bons taux de protéines. Un important travail de nettoyage, tri et calibrage reste cependant nécessaire ». Le colza semble pour l’heure la culture la moins pénalisée même si les rendements seront en dessous du niveau pluriannuel.
Soufflet Agriculture (10) - Faible calibrage des orges
Dans la zone de collecte de Soufflet, les rendements d'orges d'hiver sont de 55 q/ha contre 80 à 100 q/ha habituellement. Le calibrage est très faible. « Nos malteries devraient malgré tout réussir à s'approvisionner en orges françaises toutes l'année », indique François Berson, directeur collecte chez Soufflet Agriculture. Les grains touchés par la fusariose, très nombreux au champ, n'ont pas été retrouvés dans les bennes. Il est encore trop tôt pour évoquer la qualité de la récolte de blé, qui a démarré il y a seulement quelques jours. Une chose est sûre, les rendements seront faibles. « La récolte de l'Ukraine et de la Russie s'annonce excellente et nous nous retrouvons aujourd'hui avec des rendements en forte baisse et des prix qui peinent à repartir », déplore François Berson.
Vaesken (59) - 30 % de rendement en moins en orge
Plus au Nord, la moisson des orges d'hiver est terminée. Les rendements enregistrent une baisse de 30 % et les PS ne dépassent pas les 60, contre 67 habituellement. « Heureusement, nous avons pu battre dans des conditions sèches », précise Étienne Bracquart, directeur général de Vaesken. La récolte des colza débute tout juste dans ce secteur et les premières bennes de blés arrivaient en fin de semaine dernière.