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Recruter, c’est capitaliser sur une marque employeur

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Trouver un conseiller en agriculture, un casse-tête ? Oui ! Car les attentes des jeunes diplômés ont bien évolué et les entreprises se montrent peu en phase La solution ? « Marketer » l’entreprise, faire du bruit, soigner son image, s’entourer d’ambassadeurs, jouer sur tous les canaux de diffusion. Prise de recul et conseils délivrés lors d’une table ronde organisée le 15 octobre par le cabinet de conseils en RH, MG Consultants

Les DRH doivent faire du marketing et redoubler de créativité pour attirer les candidats. C’est le message porté par trois témoins - Yasmina Bousraou, DRH d’Arterris (11), Laurent Cebarec, spécialiste du recrutement digital au sein de la société Belynkee et Ludovic Bellenguez, enseignant chercheur en gestion des ressources humaines au centre de carrière de l’école d’ingénieurs agricoles UniLassalle. Invités par le cabinet de conseils en ressources humaines, MG Consultants, lors d’une conférence organisée à Paris le 18 octobre, à l’occasion de son 25e anniversaire, ils confirment les difficultés des recruteurs : les métiers en agriculture ou en milieu rural ne séduisent pas. Les raisons ? Une mutation de attentes des candidats, des entreprises encore campées sur des modes de recrutement traditionnels, parfois pas assez attractifs. Olivier Claux directeur associé de MG Consultants dresse un portrait-robot du jeune candidat : « Ouvert, agile, connecté, aux compétences élargies, sensible aux conditions de travail fondées sur un système de management bienveillant, soucieux de son équilibre de vie et plus attiré par la ville que la campagne ! »

Entre 9000 et 12 000 postes non pourvus

Au-delà de ces attentes, l’inversion des rapports déstabilise surtout les recruteurs : « Les diplômés sont en position de force, ils ont le choix ! », poursuit-il. Pire, non seulement ils ont la main, mais les chaises restent souvent vides dans les entreprises qui recrutent « Entrez 9000 et 12 000 postes ne trouvent pas preneurs chaque année dans le secteur agricole », complète Olivier Claux. Au cours des années 2000, dans le cadre des rencontres étudiants-entreprises organisées sur le campus d’UniLassalle à Beauvais dans l’Aisne, les promotions échangeaient avec une dizaine d’entreprises. La dernière édition qui s’est tenue début octobre en a accueilli plus de 100 ! Quant à l’offre de diplômés, elle ne cesse d’augmenter : 2700 places supplémentaires sont prévues dans les écoles d’ingénieurs et les écoles vétérinaires à l’horizon 2024. Puisque l’ingénieur est le profil que tout le monde s’arrache.

S’appuyer sur un réseau d’ambassadeurs de l’entreprise

Ludovic Bellenguez synthétise les parcours des étudiants qui sortent de son école : « Ils se montrent impatients, peuvent changer trois fois de postes en trois ans, accordent beaucoup d’importance au profil du manager, presque plus qu’à la réputation de l’entreprise ». Son conseil : « Soignez l’entretien d’embauche, le casting de l’interlocuteur. Ce dernier doit être un ambassadeur de l’entreprise et savoir placer le curseur au bon endroit pour être captif ». Se remémorant le cas d’un jeune qui souhaitait absolument travailler dans une entreprise bien précise et qui, finalement, a décliné l’offre, déçu par le cadre qui l’avait reçu ! Le recruteur doit bouger les lignes, bousculer ses habitudes, innover. Entre en scène le marketing. Yasmina Bousraou parle même de « marketing de la marque employeur ». Elle le pratique depuis sa prise de fonction au sein de la coopérative en 2015, avec à l’époque un sacré challenge : aucun salarié dédié au recrutement, 40 postes à pourvoir immédiatement et plus de 250 salariés âgés de 55 ans et plus… pas de quoi chômer ! Car elle s’est heurtée très vite à un écueil :  malgré le dépôt d’annonces, aucun CV n’arrivait sur son bureau.

Le dogme du « vivons cachés » longtemps utilisé par la distribution agricole a son revers de médaille : la coopérative, son statut, ses métiers, son rayonnement sur le territoire ne sont pas connus. Alors Yasmina Bousraou a changé son fusil d’épaule : « En 2016, nous avons sollicité trois blogueurs toulousains. Leur mission : sillonner les routes de l’Occitanie à bord de leur combi Volkswagen vintage pour rencontrer des acteurs de la filière. Dans leurs reportages filmés, ils ont livré leurs impressions et montré aux internautes une image moderne du métier, loin des préjugés. Résultat : « Nous recevons plus de CV de candidats, surtout sur les postes administratifs. Pour les techniciens, cela reste encore compliqué. »

Le digital entretient le lien avec les candidats

Pour Laurent Cebarec, spécialiste du recrutement digital, gagner un collaborateur représente le même effort que trouver un candidat. Il conseille de diffuser des annonces innovantes, qui permettent aux candidats de se projeter, et de les construire autour du profil idéal pour le poste à pourvoir tout en offrant des clés de sélection. « Pour recruter : faites-vous connaitre et attirez, insiste-t-il. Avant le recrutement était plutôt statique : « on attendait que cela tombe ». Aujourd’hui l’entreprise doit mobiliser des ambassadeurs. » Les outils du digital aident à converser avec les candidats et à les amener à se projeter.

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