Référence agro

Régis Marjollet, conseiller indépendant, « La séparation du conseil et de la vente a toute sa place… et est utile »

Le | Cooperatives-negoces

L’interview de Dominique Potier dans Référence-agro le 12 mai a fait réagir. Parmi ces réactions, celle de Régis Marjollet, conseiller indépendant. Pour lui, la séparation du conseil et de la vente a du sens. Il l’a fait savoir au député et nous explique pourquoi.

Régis Marjollet, conseiller indépendant, « La séparation du conseil et de la vente a toute sa place… et est utile »
Régis Marjollet, conseiller indépendant, « La séparation du conseil et de la vente a toute sa place… et est utile »

 Régis Marjollet, conseiller agréé en indépendance élargie depuis 2019, se dit « étonné » des propos de Dominique Potier, interrogé par Référence-agro. « Au lieu de vous adresser en permanence à la distribution, vous devriez consulter les conseillers indépendants et le PCIA », lui a-t-il conseillé, via un courrier. Ajoutant « je souhaite être entendu par votre commission car j’ai des observations, des remarques et des suggestions à vous faire. » Régis Marjollet estime en effet que « la séparation du conseil et de la vente des phytos a toute sa place et qu’elle est utile ». Implanté en Champagne, il suit une quarantaine d’agriculteurs. « En cette époque de l’année, c’est au moins deux tours de plaine par semaine pour chacun d’entre eux, indique-t-il. Délivrer un conseil fiable et robuste, cela prend du temps. »

« Les distributeurs n’ont pas réellement abandonné les conseils sur le terrain »

Régis Marjollet connait bien le monde de l’appro. Chef marché protection des plantes puis chef marché fertilisation chez Champagne Céréales (ex-Vivescia), il est ensuite devenu responsable du service achat nutrition végétale chez Area avant de créer sa société de conseils. Depuis la mise en place de la séparation du conseil et de la vente, il regrette que « les distributeurs continuent de conseiller leurs clients verbalement et par écrit, avec toujours les mêmes méthodes utilisées avant 2021. Certes les documents portent désormais des mentions additionnelles pour ne plus être considérés comme du conseil, et rester ainsi conformes aux règles du métier de distributeur, mais cela reste du conseil ! Les ventes de phytos en morte saison sont de plus en plus importantes ce qui, à mon sens, va à l’encontre de la protection intégrée qui, elle, implique d’observer avant d’acheter le produit adéquat. »

« Les agriculteurs ne savent pas encore réellement ce qu’est un conseil sur l’usage des phytos »

Selon lui, « depuis deux ans, certaines organisations professionnelles regroupant des distributeurs dénigrent toujours le projet. Pas étonnant qu’aujourd’hui, les agriculteurs soient au pied du mur. On leur a fait croire à un futur report d’échéance. Beaucoup n’ont toujours pas compris ce qu’était un conseil et quel était l’enjeu du conseil stratégique ! Moi qui forme également au Certiphyto, je le constate fréquemment. Quand je réalise un conseil stratégique chez l’un de mes clients, cela dure au moins deux jours. Le plus important, c’est le diagnostic ! C’est l’occasion de repérer si l’exploitation est en zones humides ou soumise à d’autres contraintes environnementales. Ensuite, seulement, il est possible d’identifier les leviers pour progresser et dresser, in fine, un conseil personnalisé et adapté au contexte de l’exploitation. »

« Le nombre de conseillers est insuffisant »

Régis Marjollet est d’accord avec Dominique Potier sur au moins un point : « il n’y a pas assez de conseillers pour tenir les échéances. Moi, je suis 40 clients. Je ne peux pas en suivre 70 ! Il faut faciliter l’installation des conseillers privés », suggère-t-il, précisant que selon lui, « c’est le nom « conseil stratégique » qui n’est pas adapté. Il conviendrait plutôt de préciser que c’est un conseil de mise en place de la lutte intégrée dans une exploitation, avec pour objectif, le respect de l’environnement et de la santé humaine. »