Remous en cours dans l’appro-collecte breton
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Davantage de lait, mais pas que ! Voilà en quelques mots ce qui motive le groupe coopératif Agrial (14) à fusionner avec sa voisine bretonne Coralis (35). Quid dès lors de l'avenir de Vegam et plus largement de l'activité appro-collecte en Bretagne ? Un accord entre Agrial et Triskalia est-il plausible ?
Officialisée la semaine dernière par Agrial, la fusion de Coralis (35) dans le groupe coopératif normand sera validée lors des assemblées générales des deux entreprises (5 juin pour Coralis et 6 juin pour Agrial), avec effet rétroactif au 1er janvier 2014. Une fusion qui, à l'origine, a pour objectif d'assurer de meilleurs débouchés aux éleveurs de Coralis : 280 millions de litres de lait produits en Ille-et-Vilaine vont s'ajouter au milliard de litres de lait produits par les adhérents d'Agrial. Le tout se retrouvera en 2015 au sein d'une seule entité coopérative laitière Eurial qui pourra rivaliser sur les marchés mondiaux avec les grands groupes laitiers du Nord de l'Europe.
Mais seuls 650 des 2000 adhérents de Coralis sont des apporteurs de lait. Agrial (10 000 adhérents) va donc aussi augmenter son activité amont en grandes cultures en étendant un peu plus son territoire en Bretagne. Car Coralis et ses 570 collaborateurs, c'est aussi 55 sites d'appro-collecte en Ille-et-Vilaine et 115 M€ de chiffre d'affaires réalisés dans ce secteur par la filiale Vegam (35), dont 41 M€ en appro (engrais, phytos, semences), 50 M€ en collecte et 15 M€ en alimentation animale. A titre de comparaison, Agrial a réalisé en 2013, 209 M€ de CA en engrais-phytos-semences, 350 M€ en collecte et 165 M€ en alimentation animale. L'intégration de Coralis pourrait donc booster l'appro-collecte d'Agrial d'environ 20 % pour la prochaine campagne.
Accord Agrial-Triskalia autour de Vegam ?
D'ici là et d'ici les assemblées générales de juin prochain, il reste à trancher l'épineuse question de l'avenir des parts de Vegam détenues par deux autres coopératives puisque Vegam est une filiale à 49 % Coralis, 34 % Triskalia et 17 % Cam 53. Interrogées, ces coopératives ne souhaitent pour l'heure faire aucun commentaire. « Ces discussions stratégiques sont très sensibles », confirme Ludovic Spiers, DG d'Agrial. Plus que quelques semaines malgré tout pour décider du sort de l'activité appro-collecte d'Ille-et-Vilaine pilotée par Vegam et tout aussi stratégique pour les autres coopératives, notamment Triskalia qui assure jusqu'alors sa présence dans ce département grâce à cette structure. Vegam pourrait en fait poursuivre son activité avec une nouvelle répartition de son actionnariat pour permettre à Agrial d'en être largement majoritaire.
Sur le terrain, certains s'interrogent donc sur d'éventuels accords entre Triskalia et Agrial pour permettre au groupe normand de mieux asseoir son développement côté Bretagne. Triskalia s'apprêterait ainsi à céder l'ensemble de ses parts de Vegam à Agrial avec une contrepartie, mais laquelle ? Diverses hypothèses alimentent d'ores et déjà les conversations : synergies dans les légumes, rapprochement dans le lait, démarche conjointe pour absorber Cecab (56), positions communes dans le groupe Bigard en viandes…
Crédit photo : chambre d'agriculture.