Référence agro

Rencontre avec… des copératives désireuses d’améliorer la gestion du risque phyto

Le | Cooperatives-negoces

Le 10 mars s'est tenue à Paris une journée pour échanger autour du thème de la gestion du risque liée à l'utilisation des produits phytosanitaires. Gestion des effluents, traitement de l'eau, protection des utilisateurs, de l'environnement, météo, agriculture de précision, biocontrôle… les sujets évoqués ont été nombreux. Aux manettes, Coop de France et le pôle Risques qui rassemble près de 260 PME et laboratoires. Objectif : mettre en relation des entreprises porteuses d'innovations et des coopératives, soucieuses de répondre à une réglementation plus contraignante. Parmi elles, Charentes Alliance (16), Coréa (86), EMC2 (55), la Dauphinoise (38) et Euralis (64) qui nous livrent leur bilan de cette journée, rythmée, dans l'après-midi, par plus de 150 rendez-vous en B to B.


Benoît Chorro, coordinateur agriculture durable et développement chez Coréa (86) - « Traduire l'offre des PME en services pour nos adhérents »

« Pourquoi ai-je eu envie de participer à cette journée ? Tout simplement car les thèmes abordés, protection des utilisateurs, de l'environnement, de l'eau, des sols, gestion des produits phytosanitaires… sont en relation directe avec mon métier. Rencontrer ces PME était une réelle opportunité. Je n'ai pas l'habitude d'échanger ainsi en B to B. Je m'étais inscrit à huit rendez-vous. Ce fut une après-midi très riche qui m'a montré que des liens pouvaient être créés à moyen terme avec certaines entreprises, notamment pour affiner les diagnostics des pollutions au sein des exploitations ou améliorer les prévisions météo à l'échelle de la parcelle. Ces échanges m'ont montré qu'au sein de Coréa, nous étions dans le bon tempo. L'idée est désormais de voir comment de tels outils peuvent être déclinés en services pour nos adhérents ».


Patrick Mandon, directeur terrain chez Charentes Alliance (16) - « Les pratiques des agriculteurs devront évoluer : le message des TC également »

« En une après-midi, j'ai eu l'occasion d'échanger avec neuf entreprises, spécialisées chacune dans des domaines très différents : données météo, traitements d'effluents phytosanitaires, mesure de la biologie des sols, bio-surveillance de l'environnement grâce aux abeilles, EPI… Même si ces sociétés ne proposent pas encore de solutions clés en main pour nos adhérents, évoquer nos contraintes devraient leur permettre d'ajuster leurs outils aux exploitations agricoles, en terme de prix notamment. Ces journées sont à mon sens l'occasion d'ouvrir le débat et… nos esprits. Face à une réglementation de plus en plus présente, les pratiques des agriculteurs vont devoir évoluer : le message de nos TC également ! Demain, nous aurons encore besoin des phytos mais il faudra trouver d'autres solutions ».


Damien Ferrand, responsable du service conseil, recherche et développement à la Dauphinoise (38) - « Neuf rendez-vous et quatre partenariats noués »

« Je m'étais inscrit par curiosité en espérant créer quelques contacts intéressants. Je n'ai pas été déçu ! Mes neuf rendez-vous de l'après-midi ont abouti à quatre projets de partenariats dont les premiers devraient prendre forme dès ce mois-ci. Nous allons par exemple tester avec la société Safire l'épandage de trychogrammes via un gyrocoptère. Eux ne l'ont jamais fait. C'est en discutant ensemble que nous avons eu l'idée de le tester, grandeur nature, à la Dauphinoise. Nous allons également réalisé, avec une autre PME, des essais d'OAD dans des zones où nous avons peu de données météo. Le calage d'outils pour ajuster l'irrigation est également prévu. L'originalité de cette journée venait sans aucun doute de la possibilité offerte d'échanger avec un grand nombre de sociétés que je ne connaissais pas auparavant. A refaire ! »


Christian Pèes, président d'Euralis (64) - « Les innovations devront être pratiques et à un prix abordable pour les exploitations »

« Ce n'est pas avec les solutions d'hier que nous résoudrons les problèmes d'aujourd'hui. Face à un contexte réglementaire de plus en plus contraignant, nous avons besoin d'innovations. La coopération est prête à avancer mais pas au rythme imposé par les politiques. Réduire l'utilisation des phytosanitaires, oui. Mais plutôt qu'une réduction de 20 % d'ici à 2020, - avec un plan qui fait porter aux distributeurs la pleine responsabilité des objectifs fixés - visons déjà 10 % à court terme… et ce, sans produire moins ! Des solutions existent pour produire mieux mais leur utilisation doit rester pratique et surtout, à un prix abordable pour les exploitations agricoles. Et puis ne l'oublions pas, notre société a souvent peur du progrès : les nouvelles solutions seront, à n'en pas douter, soumises à l'appréciation du grand public ».

Mathias Sexe, directeur agronomie et développement chez EMC2 - « La notion de risque, au cœur de mes préoccupations »

« La notion de risque et notamment celle liée aux phytos est au cœur de mes préoccupations. Comprendre et mesurer les risques pour l’environnement, pour les salariés et pour les agriculteurs est une priorité. Mon rôle est aussi d’aller chercher l’innovation. Les six rendez-vous que j’ai eus au cours de cette journée m’ont permis, et me permettront dans les semaines à venir d’approfondir certains thèmes : la mise en place d’OAD personnalisés pour les adhérents pour affiner les conseils, la mécanisation dont la marge de progression semble encore énorme et tous les produits alternatifs aux phytos (biocontrôle, auxiliaires…). Pour poursuivre le débat et les échanges, certains des intervenants pourraient, par exemple, venir rencontrer nos adhérents lors de visites d’essais ».