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Rencontre avec Gabriel Giraud, directeur d’études Xerfi - « InVivo, futur champion du big data agricole »

Le | Cooperatives-negoces

Xerfi, leader des études économiques sectorielles, a publié fin février une étude approfondie sur le potentiel du marché de l'agriculture de précision et des nouvelles technologies dans l'agriculture (1). Son auteur revient sur les principaux enseignements de cette analyse.


Que représente aujourd'hui le marché français des nouvelles technologies agricoles ?

Gabriel Giraud : Malgré son potentiel à l'horizon 2017, le marché français de l'agriculture de précision reste embryonnaire. La France ne représente qu'à peine plus de 1 % du marché mondial des nouvelles technologies agricoles. Ce marché français est composé d'une myriade de start-up et de PME faisant face à quelques leaders du machinisme agricole, parmi lesquels les tractoristes sont naturellement en position de force pour proposer des systèmes d'autoguidage au moment de la vente du tracteur. Sur le segment de l'imagerie agricole, les acteurs historiques comme Airbus Defence and Space doivent composer depuis peu avec une multitude de nouveaux entrants. La mise en place d'un cadre réglementaire pour l'utilisation des drones civils a facilité l'arrivée de plusieurs start-up. La diffusion de technologies développées jusqu'alors dans le seul cadre militaire, la miniaturisation et la baisse du prix des composants électroniques ont favorisé l'essor des drones en agriculture.


Que doivent faire les acteurs du secteur pour mieux développer l'agriculture de précision en France ?

G. G. : Atteindre une taille critique est à court terme une priorité pour les spécialistes de l'agriculture de précision présents en France. Pour que le potentiel de croissance du marché français des nouvelles technologies agricoles se matérialise, il doit se structurer autour de quelques poids lourds, à même de fédérer les nombreuses start-up et PME du secteur. Le géant coopératif InVivo pourrait bien par exemple se hisser au rang de champion français du big data agricole en exploitant les données de quelque 250 coopératives pour créer un vaste système d'informations agricoles. Ce groupe bénéficie de plus d'une forte capacité de prescription, capable de stimuler la demande auprès d'un grand nombre d'agriculteurs. Ce serait très bénéfique pour tous les acteurs du secteur français des nouvelles technologies agricoles. Cela passe pour InVivo par des partenariats à mettre en place et des acquisitions, comme cela vient d'être fait en investissant fortement dans la société Smag. InVivo entend investir à court terme 30 M€ et prévoit de nouer des partenariats européens dans ce domaine, avec des poids lourds tels que Agravis (Allemagne), Danish Agro (Danemark) ou Fenaco (Suisse).


C'est selon vous une bonne opportunité de structuration franco-française pour ce secteur ?

G. G. : Nous le voyons dans tous les secteurs : la taille critique est un facteur de succès et rien de tel que de se structurer autour d'un chef de file. Avec la société toulousaine Géosys qui s'est rapprochée de la coopérative américaine Land O'Lakes début 2014, la France a raté cette possibilité de structuration. Compte tenu d'un marché français trop émergent, Géosys a estimé que c'était sa seule possibilité pour  rester l'un des leaders sur son marché.


Note : (1) Étude payante (1600 € HT) à commander via le site www.xerfi.com