Rencontre avec Henry Séchet, président de négoce et business angel - Envie de reprendre le négoce où vous travaillez ? Et si vous faisiez appel à un business angel ?
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Henry Séchet est président du négoce vendéen Leduc-Lubot depuis 1999. En 2002, ce chef d'entreprise devient également « business angel ». De par ses apports financier, technique et moral, il soutient la création de projets ou la reprise d'entreprises. 27 projets ont déjà abouti. Le montage est désormais bien calé et pourrait s'appliquer au monde agricole : certains négoces peinant à trouver des repreneurs.
Business angel ou littéralement « ange des affaires » est une activité peu connue. En quoi cela consiste-t-il ?
Un business angel est un associé-entrepreneur qui apporte son concours financier, son expertise, son réseau de connaissance et son temps à la création ou à la reprise d'une entreprise. Le système bancaire actuel n'a jamais été aussi grippé. Difficile pour des PME ou des particuliers, sans réel apport, d'être crédibles auprès des banquiers. C'est là que nous intervenons : nous apportons 48 % du capital (1). Mais attention, pas question pour nous de jouer les Zorro ! Avant de dire oui à un projet, trois garanties sont nécessaires : que la situation de l'entreprise soit saine, que l'étude de marché soit propice et que la qualité du dirigeant soit actée. Si l'un de ces trois paramètres n'est pas validé, nous n'y allons pas.
Votre activité peut-elle s'appliquer au monde agricole ?
Bien entendu. De nombreux dirigeants de négoces approchent la retraite et n'ont, pour la plupart, pas de repreneurs au sein de leur famille. Etre racheté par un autre négoce ou par une coopérative ? Oui peut-être… mais un salarié, agent de maitrise ou cadre dirigeant, peut être intéressé pour reprendre l'entreprise. Faute de capital ou de compétences en gestion d'entreprise, certains peuvent se décourager. Ces profils nous intéressent. Si le salarié est motivé et a la confiance de ses collègues, s'il connait bien les clients et les fournisseurs, c'est un projet qui ne peut que fonctionner ! Et pour les aspects techniques liés à la reprise, montages financiers, dossiers de crédits, plans de gestion… notre expérience nous a permis d'acquérir de solides compétences.
Comment récupérez-vous « votre mise » ?
Certes, nous sommes là pour gagner de l'argent mais pas à court terme. Le capital n'est pas rémunéré. En revanche, l'apport de compte courant l'est : au taux légal de rémunération des comptes courants d'associés. Il est actuellement de 2,7 %. Nous exigeons de suivre la comptabilité et la gestion pendant trois ans. Pour que le dirigeant de l'entreprise se consacre, durant cette période, pleinement à son projet et pour garantir un suivi très serré de l'activité. Passé ce délai, certains continuent à nous la déléguer. Si au bout de cinq ou dix ans, l'exploitant souhaite céder son entreprise, le business angel a un pacte de préférence. Si nous ne souhaitons pas l'acheter, nous revendons la structure ensemble, ce qui engendre pour le partenaire associé et nous, une plus-value.
Dans quel domaine avez-vous déjà investi ?
En douze ans, nous avons participé au financement de 27 projets dans des domaines très variés : matériel de bureau, franchise de magasins de vêtements pour enfants, centres de remise en forme, matériel pour des traiteurs, caviar, importation d'épices, fruits et légumes secs, produits liés à la mer… Des entreprises dont les chiffres d'affaires varient de 1 à 5 M€. Il y a de très nombreux talents qui ne disposent pas des apports nécessaires pour créer ou reprendre une entreprise : à nous de les détecter et de les accompagner. Aujourd'hui, ce sont les banquiers, les experts comptables, les agents d'affaires qui nous proposent des projets et/ou des partenaires potentiels. C'est un vrai métier.
(1) Henry Séchet intervient toujours avec un ami. A eux deux, ils apportent 48 % du capital : 24 % chacun.