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Rencontre avec Jacques de Villeneuve, président de l’Union Canal Seine Nord : « Ce projet reste indispensable et finançable »

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Le président délégué de la coopérative Noriap (80) préside depuis un an l’Union Canal Seine Nord (notre lettre du 16/04/12). Celle-ci rassemble Sénalia et huit coopératives de Champagne-Ardenne, Picardie et Haute-Normandie, dans le but d’étudier la réalisation d’une plate forme multimodale sur le futur tracé du grand canal Seine-Nord Europe. Jacques de Villeneuve nous livre son point de vue sur l’avenir de ce projet de canal à grand gabarit après la publication du rapport, peu optimiste, commandé par le ministre des Transports (notre lettre du 02/04/13). Propos recueillis par Laurent Caillaud

Le projet du Canal Seine Nord Europe est-il selon vous fortement compromis ?

Jacques de Villeneuve : Absolument pas. Le Canal Seine Nord Europe est un projet à long terme et le fait qu’il soit retardé de quelques années pour des raisons de conjoncture économique défavorable n’est pas un problème majeur. Alors que la précédente volonté politique était d’aller vite, le nouveau gouvernement a revu le calendrier des priorités et des financements des gros projets d’infrastructures. Tout en cherchant à diminuer les coûts de construction, le ministre des Transports va solliciter un financement européen beaucoup plus important de ce canal. Et il est faux de laisser croire que ce financement européen bloquerait d’autres projets. Car seuls deux projets de transport sont susceptibles d’être cofinancés par l’UE : la ligne ferroviaire Lyon-Turin et le Canal Seine Nord. La part des fonds européens mobilisés pourrait ainsi passer de 300 M€ aujourd’hui à 1,3 Mds€. Et comme je vois mal la France financer moins ce projet que l’Europe, l’équation budgétaire me semble tout à fait réalisable.

Que pensez-vous des conclusions peu optimistes des études commandées par le ministre ?

J.d.V. : Je m’interroge sur le fait que le rapport de l’inspection des finances remette en cause les prévisions de trafic de ce futur canal alors qu’aucun professionnel d’aucune filière n’a été consulté. Nous avons même l’impression que ce rapport a été instruit à charge contre le Canal Seine Nord. Celui-ci reste la solution pour massifier nos transports de grains et il est inimaginable que dans 15 ans les deux tiers des blés français soient transportés par camions à plus de 100 km. Ce canal va aussi améliorer la qualité de nos blés à l’export en permettant de mieux mélanger les récoltes de nos différentes régions et palier ainsi aux déficits de qualité de l’une ou de l’autre selon les années.

Les objectifs de l’union que vous présidez vont-ils être remis en cause ?

J.d.V. : Nous attendons que des décisions concrètes soient prises pour commencer à financer des études techniques de construction d’une plate-forme multimodale sur le site choisi de Languevoisin. Toutes les coopératives membres de notre union restent persuadées que leur présence sur ce canal est indispensable.