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Rencontre avec Jean-Christophe Pienne, directeur des opérations des activités phytosanitaires et semences chez SeVeal - « L’échéance de traçabilité exigée par la loi d’avenir semble difficile à tenir »

Le | Cooperatives-negoces

Membre du premier cercle de réflexion de la démarche de traçabilité homogène SC Trace, Jean-Christophe Pienne fait le point sur cette initiative de la profession. Une initiative en cours d'appropriation par l'ensemble des fournisseurs et distributeurs. Ces derniers se préparent entre autres à répondre aux exigences de traçabilité inscrites dans la loi d'avenir pour l'agriculture concernant les produits phytosanitaires à compter de 2016.


Comment et pourquoi la démarche SC Trace a-t-elle vu le jour ?

Jean-Christophe Pienne : Un premier cercle de réflexion, constitué de managers de la distribution et de fournisseurs, s'est formé volontairement fin 2010 pour étudier la mise en place d'un système homogène de traçabilité des produits phytosanitaires et des semences. Et ce, de la production à l'utilisateur. La naissance de ce groupe de travail, élargi par la suite et appelé Supply Chain Trace (SC Trace), résulte d'un constat : les fournisseurs et distributeurs ne présentent pas les mêmes standards de traçabilité, ce qui ne facilite pas les flux d'information.


Quel modèle homogène de traçabilité envisagez-vous ?

J.-C. P. : Le groupe de travail SC Trace, accompagné par l'association Agro EDI Europe, a opté pour le code Datamatrix, un code d'identification bidimensionnel (2D), qui offre la possibilité d'emmagasiner une grande capacité d'information codée dans un encombrement réduit et qui, grâce à une redondance de l'information, peut être lu même s'il est endommagé à 80 %. Ce code sera appliqué à chaque niveau de contenant, palettes, cartons et bidons ou sacs, et pourra être lu de la fabrication jusqu'à l'utilisateur, via son smartphone.


Quels sont les bénéfices attendus ?

J.-C. P. : Ce système fiabilise les informations, les rend accessibles et standardisées et permet de limiter et de traquer la contrefaçon. Un gain de temps est par ailleurs attendu à tous les stades : entreposage, manutention, saisie des infos et mises à jour. Cette chaîne de flux d'information homogène facilite la gestion des stocks obsolètes et des exceptions comme les retours, par exemple. Il donne enfin l'image d'une filière responsable. A noter que le concept s'est élargi à l'Europe puis à l'international.


La loi d'avenir pour l'agriculture impose à tous les fournisseurs et distributeurs de spécialités phytosanitaires de conserver, à compter du 1er janvier 2016, les numéros de lots et les dates de fabrication des produits. La distribution sera-t-elle prête à temps ?

J.-C. P. : Les investissements nécessaires ne sont pas anodins : ils peuvent s'élever à plusieurs centaines de milliers d'euros. Les fournisseurs doivent adapter leurs chaînes de conditionnement et les distributeurs générer cette traçabilité à la réception, dans les systèmes d'informations et sur les points de vente. L'échéance du 1er janvier 2016 semble difficile à tenir pour l'ensemble des acteurs. D'autant que cette démarche volontaire n'a été instaurée que par un petit cercle de fournisseurs et de distributeurs car il était difficile de réunir tout le monde autour de la table. Les tests conduits à ce jour sont concluants et depuis, la démarche se déploie. Une journée dédiée, organisée par Agro EDI Europe le 4 juin à Paris, sera l'occasion de divulguer encore davantage la démarche.