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Rencontre avec Jeremy Macklin, InVivo : « Sécuriser les approvisionnements »

Le | Cooperatives-negoces

Le chiffre d’affaires 2007-2008 en agrofournitures d’InVivo devrait se situer à 1,3 milliard d’euros (contre 1,230 milliard d’euros en 2006-2007). Les phytosanitaires progressent de 15 %, à 860 millions d’euros, les engrais passent de 270 à 330 millions d’euros, le solde étant représenté par les semences et l’agro-équipement. Jeremy Macklin, DGA d’InVivo, en charge de l’agrofourniture, tire les leçons de la campagne écoulée et s’attend, pour celle qui débute, à une révision des comportements d’achats des agriculteurs.

Reference-appro.com : Quel bilan dressez-vous de l’année écoulée, et surtout, comment se présente la campagne à venir ?

Jeremy Macklin : La progression de l’activité en produits phytosanitaires, de 15 %, est due essentiellement un effet volume, les prix ayant augmenté en moyenne de 2 à 3 %. Les raisons de cette hausse sont bien connues : la progression des surfaces ; la forte pression parasitaire, notamment fongicide sur blé et pour la deuxième année consécutive sur vigne et pommes de terre, et enfin, les niveaux de prix des céréales qui ont conduit les agriculteurs à assurer davantage leur rendement.

Pour la campagne à venir, la situation va évoluer en fonction du ciseau entre coût de production et prix de vente des céréales. Ceux-ci se situent autour de 190 euros/tonne sur le terme. Or, les engrais ont eux très sérieusement augmenté, et dans une moindre mesure les semences et les phytosanitaires. Les agriculteurs vont donc se poser beaucoup plus de questions, apporter un regard plus profond sur leurs intrants. Cela va d’abord impacter sur leur consommation de P et de K, et sans doute aussi créer plus de réserve sur les phytos. Bien que la campagne débute d’une manière plutôt active, je pense que sur ce marché nous serons légèrement en dessous de 2007-2008, car il serait surprenant que nous conjuguions autant de facteurs haussiers.

Propos recueillis par Catherine Deger

Ref-appro.com : Les firmes phytosanitaires sont soucieuses de rattraper des niveaux de rentabilité plus conséquents sur la France, qui perd du poids aux yeux des maisons mères, surtout par rapport au développement des marchés de l’Est. Cette situation est-elle perceptible ?

Jeremy Macklin : Si l’on se place dans l’optique des firmes mondiales, il y a effectivement une compétition entre les différents continents. Lors de la campagne passée, les firmes ont été un peu « short » en produits. Cela a été particulièrement flagrant avec le glyphosate, ainsi que sur des fongicides vigne. Au final nous nous en sommes bien sortis grâce à la réactivité de certains fournisseurs. A quelques exceptions près, dont les herbicides céréales à l’automne, nous débutons la campagne avec des niveaux de stocks assez faibles. Je pense que les firmes ont eu tout le temps de se réapprovisionner. Je serai déçu si nous devions à nouveau faire l’objet d’arbitrage au niveau international. Enfin, concernant les hausses tarifaires, nous attendons des propositions des fournisseurs qui tiennent en compte la situation délicate des coûts de production comparés au prix de ventes des céréales.

Ref-appro.com : La situation sur le marché des engrais est encore plus tendue ?

Jeremy Macklin : La question est de sécuriser les approvisionnements et d’anticiper. Les principaux acteurs du marché, et nous-mêmes bien sûr, souhaitent s’organiser toujours mieux pour éviter toute situation de pénurie. C’est dans ce sens que nous lançons une centrale d’achats à La Pallice pour l’urée, avec les coopératives de Poitou Charente. Nous sommes aussi déjà très impliqués dans la centrale d’achat solutions azotées sur Rouen avec les unions de cette région.

Ref-appro.com : Vous attaquez la deuxième campagne avec une offre différenciée InVivo auprès des coopératives, permettant de prendre en compte leurs attentes et le renforcement de grands groupes régionaux. Où en êtes-vous sur cette campagne ?

Jeremy Macklin : Nous sommes en phase de finalisation des accords avec les fournisseurs. Je dirais que le mouvement est bien enclenché, et qu’un certain nombre de groupes se repositionnent sur l’offre InVivo.

Ref-appro.com : Le texte sur la réforme de l’agrément distribution pourrait être présenté au Parlement fin 2008-début 2009 (voir notre précédente lettre). Qu’en pensez-vous ?

Jeremy Macklin : Dans ses grandes lignes, ce texte ne sépare pas la vente du conseil et il étend l’agrément à tous les acteurs, y compris les utilisateurs. Ce qui est une bonne chose. Cela dit, je reste convaincu que l’agriculteur n’utilise que ce dont il a vraiment besoin. C’est toute une filière qui doit se structurer, et nous prenons notre place dans ce mouvement. Que ce soit avec nos outils d’aide à la décision, dont la diffusion a augmenté de 7 %, ou la mise en place prochaine d’une campagne de formation avec une centaine de séances dédiées à la bonne utilisation des produits phytos par les agriculteurs.

C.D.