Rencontres internationales de l’Afcome : marchés, agronomie et réglementation au programme
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350 professionnels des engrais, fournisseurs et acheteurs, se sont retrouvés les 25 et 26 octobre, à Beaune (21), lors des 13e rencontres internationales de l'Afcome (Association française de commercialisation et de mélange d'engrais). Un nombre croissant de distributeurs participent à ce rendez-vous bisannuel, motivés à la fois par les interventions qui s'articulent autour du marché mondial des engrais, l'agronomie et la réglementation et par les échanges, aussi informels que fructueux.
Principal sujet développé : les évolutions du marché mondial des engrais, cernées par des intervenants brésilien, russe, canadien et américain. Patrick Heffer, de l'Ifa (Association internationale des fertilisants) a rappelé les fondamentaux des marchés des fertilisants avec une perspective à cinq ans. Fondamentaux globalement favorables aux acheteurs. Premier élément, les stocks de matières premières agricoles tendent à diminuer, constituant un environnement favorable au marché des engrais. Deuxième clé, le gros de la consommation se situe en Asie, où la politique de subventions de l'Inde influe fortement sur le marché mondial, et où la Chine passe progressivement de pays importateur au rang d'exportateur. La question de l'efficience des engrais joue un rôle croissant dans la demande. Celle-ci devrait croître de 1,5 % par an dans les 5 ans à venir en azotés, de 1,9 % en phosphatés et de 3 % en potasse : plus de 70 % de la progression étant absorbée par l'Asie et l'Amérique latine. Seule l'Europe de l'Ouest verrait sa demande reculer dans les cinq ans à venir.
225 projets d'expansion dans le monde
Du côté de l'offre, l'accès aux ressources demeure déterminant. L'émergence du gaz de schiste aux Etats-Unis a été esquissée par Daren Coopock, responsable de ARA (lobby de l'approvisionnement agricole outre-Atlantique), qui estime que son pays sera exportateur net d'ammoniac vers 2025. L'accès au gaz naturel était abordé par Andryus Plyushkyavichyus, responsable marketing monde d'Eurochem. Son groupe œuvre pour un maximum d'indépendance. Il vise à long terme 80 % d'autonomie en gaz naturel, 75 % en phosphatés et autant en potasse grâce à des investissements importants.
De 2010 à 2017, a résumé Patrick Heffer, 225 projets d'expansion sont programmés dans le monde, auxquels s'ajoutent 20 projets d'extraction de roches. La moitié des projets subit cependant des retards de trois mois à trois ans, comme autant de variables d'ajustement au marché.
A la recherche de la meilleure efficience à l'unité d'azote
Jacky Reveillere, responsable agronomie d'Axereal (Centre), a ramené les débats sur le terrain avec la présentation de quatre indicateurs évalués sur plus de vingt essais et sur plusieurs années. Le rendement, le taux de protéines, la marge et la déperdition d'azote à l'hectare ont été évalués sur blés. Ce qui permet d'objectiver à la fois le caractère indéfendable de la sous fertilisation (rendement, - 5,4 q ; protéine, - 1 point ; marge, - 52 euros mais plus environnemental, 15 u/ha) et le risque de « sur-qualité » pour une fertilisation excessive (rendement, + 0,7 q ; protéines, + 0,8 ; marge, - 26 euros et 28 unités d'azote perdues/ha). La plus grande efficience revient au fractionnement en trois apports, sous réserve de décaler les quantités d'azote vers le 3e apport en fonction des besoins de la plante. La règle d'or reste donc la bonne dose au bon moment, à l'appui d'un conseil solidement ancré dans la réalité des terroirs.
Photo : Jacky Reveillère, d'Axereal, a évalué l'efficacité de nouvelles techniques de fertilisation. La palme revient à l'imprégnation d'inhibiteur d'uréase sur urée ou ammonitrate, suivie de près par l'apport d'azote diluée (glutacidine).
Photo : Jean-Pierre Cohen, Arvalis-institut du végétal, a rappelé que les outils d'aide à la décision pouvaient désormais être utilisés pour justifier un dépassement de la dose d'azote autorisée dans les zones vulnérables. L'usage des outils de pilotage, contrairement aux analyses de sol, représente un pourcentage respectable : 32 % des agriculteurs blé tendre en 2012.
Photo : Andryus Plyushkyavichyus, responsable marketing monde d'Eurochem, interpellé sur ses projets pour Eurochem Agro France, a indiqué qu'il était « en phase de réflexion active ». « Nous entendons utiliser les canaux de Eurochem Gmbh en Allemagne, la France constituant un des maillons les plus forts, comme une porte d'entrée en Europe ».
Photo : Daren Coopock, responsable de ARA, a principalement développé les conséquences de l'accident du 14 mars au Texas et la façon dont son association oeuvrait à défendre le nitrate d'ammonium en mettant en place un code de bonne conduite volontaire au niveau des distributeurs.
Photo : Jean-Christophe Villain, directeur de l'association, a présenté le « Guide des principales règles de mise sur le marché des fertilisants » édité à l'occasion de ses 13e rencontres (voir notre actualité par ailleurs).