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Sébastien Picardat, directeur général de la Fédération du Négoce Agricole - « Garder le cap »

Le | Cooperatives-negoces

A 34 ans, Sébastien Picardat est depuis le 5 mars le nouveau directeur général de la Fédération du Négoce Agricole (FNA). L’occasion pour référence-appro.com de l’interroger à l’heure où l’équipe FNA poursuit un tour de France, à la rencontre de plus de 250 entreprises.

Vous succédez à Pierre Neuviale, qui a assuré la direction de la fédération durant 18 années, depuis sa création. Quelle ligne directrice vous a-t-il légué ?

Sébastien Picardat : Une idée forte, qui est la poursuite, dans la même voie, de nos activités dans le respect et la mise en œuvre des décisions des élus professionnels : celle de la proximité, de l’écoute, de la valorisation de la profession et du service aux entreprises. Notre rôle premier est de donner de la visibilité aux dirigeants des entreprises de négoces. Pour ce faire, nous nous devons de rester leur relais à l’échelle nationale, mais également régionale et européenne, en représentant le négoce auprès des pouvoirs publics, des interprofessions et des partenaires filières.

Depuis le 5 mars, vous vous êtes engagé dans un véritable tour de France du Négoce. Pour porter quels messages ?

Sébastien Picardat : L’idée est d’aller à la rencontre des dirigeants des entreprises de négoce, dans les régions, au travers de huit rendez-vous, afin d’aborder et de leur exposer les axes de travail pour les mois à venir. Plusieurs thèmes sont ainsi évoqués : réforme de l’agrément des distributeurs, durabilité des biocarburants, services liés à l’environnement, fiscalité (avec le dossier TVA), social (avec les dossiers prévoyance et retraite), juridique… Autant de sujets qui jalonnent le quotidien des entreprises et qui, de par leur complexité, nécessitent souvent des informations ou un conseil individuel de notre part. La FNA assure ainsi une veille réglementaire et juridique pour informer et conseiller les entreprises des évolutions à venir, en leur apportant des outils pratiques clés en main et applicables directement en entreprise.

Propos recueillis par Anne Gilet

La réforme de la PAC se prépare. Quelles sont vos attentes ?

Sébastien Picardat : Il est impératif que les instances européennes identifient les entreprises de négoce dans les filières agroalimentaires pour que celles-ci soient représentées au mieux aux échelons national et régional… Entre un agriculteur et un consommateur, il existe différents acteurs dont les entreprises de commerce. Nous souhaitons nous faire entendre pour ne pas être oubliés dans les différentes prises de décision comme ce fut le cas dans le passé pour la directive nitrates ou pour la sécurité sanitaire dans le paquet hygiène : deux dossiers où le négoce n’était pas initialement cité dans les textes règlementaires. Les entreprises de commerce doivent être clairement identifiées entre les agriculteurs et les industries agroalimentaires.

Le monde agricole et agro-alimentaire va, le 29 mars, s’adresser aux candidats à l’élection présidentielle. Avez-vous participé à l’élaboration de ces revendications ?

Sébastien Picardat : Oui, bien entendu. Comme tous les signataires de cette lettre (FNSEA, Coop de France, Snia…), nous souhaitons les interpeller sur les thèmes suivants : le défi alimentaire, le développement durable, économie et territoires, innovation et recherche, emploi et formation. Le monde agricole et agroalimentaire doit rester l’un des premiers secteurs économiques français. Mais cela passe par la pérennité des nombreuses PME qui le composent.

Dans certaines régions, les dirigeants de négoce, proches de la retraite, s’inquiétaient parfois, faute de repreneurs, de l’avenir de leur société. Est-ce toujours le cas ?

Sébastien Picardat : Ponctuellement peut-être mais en grande majorité, non. Ces PME familiales sont le plus souvent centenaires avec toujours plus de projets… et toujours le nom de famille sur le fronton de l’entreprise. Les fils et filles des dirigeants en sont fiers. Très souvent, ils vont faire leurs armes ailleurs pour intégrer ensuite l’entreprise familiale avant de décider de la reprendre. La motivation est réelle de poursuivre les actions engagées par leurs ainés et d’innover en créant de nouveaux services.

Les concentrations actuelles dans le monde coopératif ne perturbent-elles pas les entreprises du négoce ?

Sébastien Picardat : Pas du tout. Nos entreprises tablent depuis toujours sur la proximité et sur la relation de confiance avec leurs clients : cela ne peut se faire qu’avec des structures à taille humaine. A ce jour, le négoce « type » rassemble une vingtaine de collaborateurs, pour la distribution-conseil des produits d’appro pour les exploitants agricoles et la commercialisation des grains vers les industriels et les exportateurs. La pérennité des entreprises passe par le maintien de cette relation client caractérisée par l’écoute, la proximité et la confiance. Plus que jamais, le négoce valorise l’agriculture !

Son parcours

Après une formation d’ingénieur agronome, il a travaillé trois années dans un cabinet de conseil et de gestion de l’information. Puis il a rejoint la FNA en 2003. D’un poste technique, il a, en 2008, pris la direction du pôle « Produits Marchés Services ».

Quelques chiffres

La FNA emploie 11 salariés, au service de 400 entreprises adhérentes, rassemblant 10000 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros.