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Semences certifiées : Exelience ne connaît pas la crise

Le | Cooperatives-negoces

Avec une capacité de production de 45000 à 47000 t/an pour 30 M€ investis, la toute nouvelle usine de l’union de coopératives Exelience, située à Avesnes-les-Bapaume (62), est la plus grosse unité de production de semences certifiées de céréales à paille de France, d’Europe…. Voire du monde ! Un investissement porté collectivement qui lui permet de conserver son avance sur le marché des céréales tout en lui offrant la possibilité d’aller conquérir de nouveaux créneaux.

Créée en janvier, l’union de coopératives Exelience, née du partenariat entre Advitam, Natup, Noriap et Semences de France, fait son entrée dans le monde de la semence certifiée en grande pompe avec l’inauguration de son usine d’Avesnes-les-Bapaume (62) le 15 mai. Capable de produire 45 000 à 47 000 tonnes par an, elle se place comme la plus grande usine de semences de France pour les céréales à paille… « probablement du monde, mais nous n’avons pas vérifié », plaisante Jean-Charles Deschamps, président d’Exelience et de la coopérative Natup.

75 % de la vente en circuit court

30 M€ ont été investis collectivement par les quatre partenaires. L’investissement paraît d’autant plus colossal et risqué que le marché des semences certifiées en France perd de la vitesse depuis plusieurs années, avec un taux d’utilisation qui reste sous la barre des 50 %. Pas de quoi inquiéter les dirigeants. « Sur la grande zone Nord, le taux d’utilisation de semences certifiées est l’un des plus élevés de France. Sur nos secteurs, il a même tendance à progresser », rassure Etienne Regost, directeur d’Exelience. Le Gnis révèle en effet que dans les régions Nord et Est, la production de quintaux certifiés a progressé de 8 % en un an pour l’ensemble des céréales et de 10 % pour les blés et orges d’hiver. Un constat sur lequel s’appuie l’entreprise puisqu’elle va commercialiser les trois-quarts de sa production en circuit-court, directement auprès des agriculteurs des coopératives partenaires.

Bientôt, de nouveaux partenaires

Exelience laisse d’ailleurs sa porte ouverte à d’autres structures. L’Ucac devrait rapidement rejoindre l’union. « D’ici à cinq ans, des entreprises voisines auront des investissements à réaliser dans le domaine de la semence, mais beaucoup ne pourront pas le faire seuls car cela demande des investissements colossaux », estime Etienne Regost, directeur d’Exelience.

Se focaliser sur son cœur de métier, la production

« On observe un repositionnement des acteurs du monde de la semence. Depuis plusieurs années, les sélectionneurs et les obtenteurs se concentrent sur la sélection, abandonnant la production. Les agrochimistes, se sont lancés dans la génétique, notamment du blé tendre. À nous d’assurer la production », affirme Etienne Regost.

Pour cela, Exelience a mis les bouchées doubles : machine d’enrobage dernier cri entièrement automatisée, une première en France, deux lignes de triage à haut débit équipées de trieurs optiques. Un espace est prévu dans l’usine pour la construction d’une troisième ligne qui pourrait à l’avenir, augmenter de 20 000 tonnes la capacité de production du site. L’union s’appuie sur l’expertise des 600 agriculteurs multiplicateurs adhérents aux coopératives membres de l’union, répartis de Chartres à la frontière belge.

Exelience a aussi engagé un chef de produits pour affiner le référencement et le screening des variétés : ce dernier qui travaillera main dans la main avec Semences de France. Le semencier a d’ailleurs récemment inauguré une usine de semences, elle aussi dans les Hauts-de-France. Pas de concurrence pour autant, mais davantage de complémentarité. « L’outil d’Exelience sera en mesure de travailler sur des gros volumes, et la nôtre de la Chapelle d’Armentières sur des plus petites séries », explique Pascal Mombled, directeur de Semences de France.

Se diversifier pour capter plus de valeur ajoutée

Si 75 à 80 % de la production d’Exelience concerne les campagnes d’automne comme le blé, l’entreprise mise énormément sur la diversification pour aller chercher de la valeur ajoutée. « Dans les Hauts-de-France, la méthanisation se développe, il nous faut donc les variétés et les espèces pour répondre à ces besoins ». Les premiers contrats de seigle biomasse sont déjà en terre, et est prévu le lancement de semences de lentilles, vesce ou encore d’avoine rude.

Exelience en chiffres :

- 3 sites de production : Val de Scie (76), Vernouillet (28) et Avesnes-lès-Bapaume (62)

- 75 000 tonnes de capacité de production, essentiellement des céréales à paille

- 600 agriculteurs multiplicateurs

- Environ 13 000 ha de semences

Le site d’Avesnes-lès-Bapaume

- 45 à 47 000 tonnes de capacité de production

- 2 lignes de triage, chacune d’un débit de 20 t/h, 24h/24

- 2 lignes de traitement de semences, d’un débit cumulé de 80 t/h

- 4 fosses de réception, dont une pour les graines fragiles

- 12 000 tonnes de capacité de stockage de grains bruts, répartie en 48 cellules

- 6 000 tonnes de capacité de stockage de grains triés