Sénalia : une belle dynamique mais des points de vigilance à surveiller
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Avec un chiffre d’affaires de 32 M€ pour l’exercice 2018-2019, en hausse de 4 %, le groupe Sénalia témoigne d’une belle forme. Les tonnages manutentionnés ont augmenté de 18 %, pour s’établir à 7,065 Mt, confirmant ainsi la reprise des activités du groupe. Une évolution positive essentiellement liée à l’activité « céréales export », en hausse de 44 % sur 2018-2019, due notamment au blé meunier. Les marchés de l’Afrique de l’Ouest et de la Chine ont tiré ces chiffres vers le haut. « Nous devons tout mettre en œuvre pour pérenniser ces débouchés », affirme Thierry Dupont, président de Sénalia, lors d’une réunion d’information organisée le 10 janvier à Paris, à l’issue des assemblées générales du groupe. Il met également en avant le succès de plusieurs partenariats agri-industriels, comptant pour 44 % de l’activité du groupe. C’est le cas de celui noué avec la Scael en 2018.
Un bon début de campagne 2019-2020 à pérenniser
Le groupe affiche également une belle dynamique pour la première moitié de la campagne céréales export 2019-2020. « Depuis juillet 2019, nous avons déjà chargé 2,2 Mt, avec un objectif à terme de 5 Mt. Nous avons eu une belle récolte, c’est tout à fait réalisable », estime Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia. Ce dernier nuance néanmoins son propos en évoquant les conséquences de la grève SNCF, déjà perceptibles. Plus aucun train n’est parvenu jusqu’au site du groupe depuis le début de la grève. « Nous sommes passés de 80 à 51 % de transport par camions en cinq ans, mais cela risque d’augmenter au cours de l’exercice 2020-2021 suite à cet épisode », indique Gilles Kindelberger.
L’activité Magestiv sur la sellette
Si le constat global est positif, plusieurs ombres viennent ternir le tableau. En premier lieu, les difficultés connues par la société Magestiv, un commissionnaire de transport ferroviaire installé à Rouen, que Sénalia détient parts égales avec la Scael. « Les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances, nous avons dû réduire la voilure », admet Gilles Kindelberger. Depuis le 1er juillet 2019, la navette ferroviaire Nord Seine ne fonctionne plus. « Nous poussons un cri d’alerte ce matin. Nous sommes prêts à travailler à marge 0, mais aujourd’hui nous n’avons pas assez de flux pour faire fonctionner ce modèle. Si nous ne trouvons pas d’écho dans la filière, nous arrêterons », prévient Gilles Kindelberger. L’objectif, pour pérenniser le modèle, serait d’atteindre les 2 Mt d’ici à deux ans.
Réflexion sur l’évolution des activités
Autre difficulté évoquée, celle concernant le site Robuste, exploité en partenariat avec Saint Louis Sucre. L’entreprise a signifié à Sénalia la fin de cette coopération au 1er septembre 2021, en conséquence des difficultés de la filière sucre. Construit pour l’activité sucrière, le site, d’une capacité maximum de 450 000 t, fait désormais l’objet d’une réflexion pour être utilisé d’une autre manière. Depuis 2019, le groupe a également engagé des réflexions, de manière plus globale, sur son adaptation aux enjeux actuels : réchauffement climatique, future Pac, contexte géopolitique mouvementé.
Pour relever ces défis, Sénalia mise sur la « coopération », maître-mot sous lequel était placé sa réunion d’information. Un effort qui doit concerner l’ensemble des acteurs de la filière. Le groupe s’interroge également sur les évolutions du modèle agricole. « Quel impact ces évolutions auront-elles sur les volumes ? Existe-t-il encore une réelle volonté exportatrice de la France ?, s’interroge Thierry Dupont en conclusion de la réunion. Nous devons faire comprendre à nos dirigeants que pour exporter, les agriculteurs doivent avoir les moyens de produire. Le seul prisme du local ne suffit pas. »