Séparation conseil/vente : des précisions attendues le 11 juillet
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Depuis la parution, le 24 avril, de l’ordonnance relative à la séparation du conseil et de la vente des produits phytos, les échanges se sont poursuivis entre le Gouvernement, les représentants de la distribution et les instituts techniques. Deux réunions de travail ont eu lieu au ministère de l’Agriculture les 10 avril et 13 mai. Au cœur des discussions, une définition plus détaillée des notions de conseils stratégique et spécifique. Un arrêté est prévu pour clarifier les choses. Une première version doit être présentée le 11 juillet. La parution définitive devant avoir lieu avant la fin de l’année.
Quelle définition du conseil stratégique ?
« Le gouvernement table sur la mise en place d’un conseil stratégique de qualité, avec des conseillers compétents pour atteindre les objectifs de réduction d’emploi des pesticides, explique Antoine Pissier, président de la Fédération du Négoce Agricole. Cette professionnalisation du conseil et des conseillers nous va bien. Le danger serait que demain, tout le monde devienne conseiller, avec plus ou moins d’expertise. » Pour rappel, le conseil stratégique serait obligatoire, à raison de deux sur une période de cinq ans, exigé pour le renouvellement du Certiphyto et demandé dans le cadre des contrôles de conditionnalité.
« Le conseil spécifique peut se passer de préconisation »
Quant au conseil spécifique, prodigué au fil de la campagne, Antoine Pissier tient à rappeler que les agriculteurs sont des professionnels, formés, dotés d’un Certiphyto et qui, pour la plupart, n’ont pas besoin de préconisations systématiques. « La seule incertitude tient à la notion de responsabilité, poursuit-il. Jusqu’à aujourd’hui, un distributeur avait l’obligation de souscrire à une responsabilité civile couvrant un éventuel défaut de conseil. Si demain, un vendeur ne délivre plus aucune préconisation, qui couvrira ce défaut de conseil ? À mon sens, c’est au conseiller de le prendre en charge. »
Quid des filières de qualité ?
Pour Antoine Pissier, la séparation des activités de vente et de conseil pose question pour les filières de qualité. « Et notamment, sur l’adéquation entre le mode de production, le respect des cahiers des charges des industriels et la commercialisation. » Si l’enjeu est de bâtir une approche globale de l’exploitation, en proposant par exemple une diversification des cultures pour limiter l’usage des intrants, il est capital d’avoir une vision sur l’ensemble de la filière, pour bien identifier les débouchés de ces nouvelles productions. L’agriculteur doit pouvoir être accompagné sur la globalité de sa démarche.
Vendre ou conseiller ? Antoine Pissier ne souhaite pas encore communiquer sur sa décision pour sa propre entreprise implantée dans le Loir-et-Cher. « Nous ajusterons notre choix aux futures réglementations. Le souci, c’est qu’elles évoluent sans cesse. Le gouvernement nous ajoute des contraintes et de l’incertitude dans un métier qui nécessite accompagnement et soutien. Le cœur de notre activité, ce sont les agriculteurs, ne n’oublions pas ».