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Silo fluvial d’InVivo à Metz - Entre marché traditionnel nord européen et diversification

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Sécheresses d'été, tempêtes automnales, chute brutale de neige en hiver… Les aléas climatiques complexifient la logistique, tant sur la route que sur les voies navigables. Les silos ne sont pas épargnés. Pas même celui de Metz, le plus grand silo fluvial d'InVivo, avec environ 280 000 tonnes de capacité de stockage. Après plusieurs récoltes difficiles sur le Grand-Est, le site a développé des voies de diversification tout en conservant son cœur de métier : le transport de grains. Rencontre avec Bruno Paillaud, directeur d'exploitation du silo de Metz et responsable des silos fluviaux d'InVivo.

Référence-appro.com : Les exportations sont toujours au ralenti dans les silos maritimes. Est-ce également le cas pour vous ?

Bruno Paillaud : « Notre niveau d'activité se situe dans la moyenne, ni en avance, ni en retard. Nous avons expédié, au 31 décembre, 600 000 tonnes de grains, sur les 1,5 Mt qui transite en moyenne sur notre site. 90 % de ces volumes sont destinés aux usines situées le long du Rhin : malteurs, triturateurs et amidonniers. Mais contrairement à de nombreuses régions françaises, la récolte 2017 n'a pas été très bonne sur le Grand-Est. Les orges de brasserie, qui représentent un tiers de notre collecte, affichaient des taux de protéines très élevés. C'est pourquoi, davantage d'orges du Sud de la Loire pourraient venir alimenter nos clients habituels sur ce début d'année. La concurrence s'accentue aussi en provenance des ports du Nord comme Anvers ou Gend qui importent des céréales pour répondre aux clients qui, en diversifiant leur approvisionnement, s'assurent une certaine qualité. A l'inverse, le taux de protéines élevé des blés tendres nous a ouvert de nouvelles opportunités chez les meuniers allemands.


Référence-appro.com : Comment restez-vous compétitifs ?

Bruno Paillaud  : Avec les coopératives propriétaires du site, nous cherchons à maintenir nos outils performants et à écouler un maximum de volume. C'est pourquoi nous envisageons de diversifier nos activités. L'an passé, nous avons par exemple organisé le transport de 10 000 tonnes de céréales en conteneurs à destination de l'Asie. N'importe quel port est en mesure de décharger des conteneurs, ce qui n'est pas le cas de barges. Nous allons investir dans des outils de chargement, mais pour cela, nous avons besoin de dégager de la place en bord de quai. Les locaux destinés à l'analyse et à l'identification des céréales, aujourd'hui en bord de quai, seront déplacés dès 2018 sur des terrains plus éloignés de la Moselle, rachetés en 2017. Le silo expédie aussi des produits transformés, comme le gritz de maïs, à hauteur de 10 à 15 000 tonnes. Nous réfléchissons aussi à développer notre activité engrais qui représente aujourd'hui entre 25 000 et 30 000 tonnes chaque année : une activité encore limitée par nos capacités de stockage.


Référence-appro.com : Fin 2016, la Moselle a connu plusieurs mois de basses eaux. Comment vous-êtes vous adaptés ?

Bruno Paillaud  : Notre raccordement fluvial nous offre une logistique peu chère et une proximité avec les industriels du Rhin, ce qui constitue notre force. Nous avons aussi l'avantage d'être une plateforme multimodale. Ainsi, en périodes de basses eaux, nous avons réorienté des flux de céréales vers Dunkerque en instaurant un programme de trains. Mais cela demande des volumes très importants, une organisation et une régularité plus grandes que la voie fluviale. »