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Sival : les cultures spécialisées innovent dans les solutions alternatives aux pesticides

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21000 visiteurs ont fait le déplacement au Sival, le salon des cultures spécialisées, qui s’est tenu du 13 au 15 janvier 2015 au parc des expositions d’Angers. Un salon qui s’oriente de plus en plus vers les innovations en matière d’alternatives aux produits phytosanitaires chimiques. En témoigne le thème du salon, le biocontrôle, annoncé officiellement par les organisateurs. Dès l’ouverture le 13 janvier, la 3ème édition du Vegepolys Symposium organisait un colloque « Quelles perspectives le biocontrôle offre-t-il  ? ». Stéphane Le Foll, qui a sillonné les allées du Sival le 15 janvier à la rencontre des professionnels, a réaffirmé son ambition pour le biocontrôle. « C’est un très beau salon, avec beaucoup d’innovation et une vraie prise en compte de la dimension environnementale, a-t-il indiqué. On ne peut pas supprimer les produits phytosanitaires s’il n’y a pas de solutions alternatives. » Les principaux opérateurs sur le marché du biocontrôle et des biostimulants, portés par les perspectives offertes par la loi d’avenir pour l’agriculture et le plan Ecophyto, ont accueilli sur leurs stands les exploitants, de plus en plus intéressés par ces solutions, également largement relayées par les distributeurs.

  • Les distributeurs s’approprient le biocontrôle
En effet, le négoce Neho, filiale de Terrena, a lancé au Sival l’offre Equilys pour accompagner les producteurs dans l’utilisation du biocontrôle. « Equilys englobe des produits, du conseil et des services  », indique Hélène Boucher qui s’occupe, de la protection intégrée. Un élève ingénieur de l’ESA d’Angers l’assistera dans cette tâche pendant trois ans. « Si le biocontrôle représente aujourd’hui 5 à 10 % du marché, nous avons pour objectif de dépasser les 20 % », indique Nicolas Le Labourier, responsable commercial maraîchage. Par ailleurs, Neho présentait Aquatempo, pour la gestion de l’irrigation en goutte-à-goutte, qui permet une économie d’eau de 15 à 50 %. La technique a été expérimentée sur 18 hectares en 2014, et devrait concerner 100 à 150 ha en 2015. Chez Agriloire, filiale de la coopérative CAPL, le biocontrôle se développe également , davantage par nécessité. « Il n’y a plus, en arboriculture, d’homologation de produits phytosanitaires, reconnait Patrice Chataigner, responsable de l’activité arboriculture. Un manque de solutions qui pousse donc les exploitants à s’intéresser aux produits alternatifs. La confusion sexuelle a bien pris à la CAPL : presque tous l’utilisent. En revanche, l’efficacité de certaines solutions de biocontrôle n’est pas au rendez-vous. » La CAMN, sur la zone nantaise, continue également de développer les méthodes alternatives, en se positionnant comme le distributeur leader sur certains produits de biocontrôle. En vigne, la structure teste sur une parcelle de 6 hectares l’efficacité de nouvelles solutions, notamment pour lutter contre l’esca.
  • Les sociétés de biocontrôle innovent
L’entreprise néerlandaise, leader mondial de la protection biologique intégrée, Koppert, fêtait ses trente ans au Sival. En France, la structure emploie 40 collaborateurs sur trois sites : Nantes, Cavillon et Estillac. Elle lance cette année Natupol Booster, une ruche à bourdons qui dispose d’un emballage très réduit. Pour 2015, la structure attend l’homologation du Trianum sur les légumes racines. Certis mettait en avant Cidetrack, un procédé de protection par confusion sexuelle contre le carpocapse et la tordeuse orientale qui s’accroche dans les arbres facilement, sans odeur. L’objectif est d’arriver à 15 % de parts de marché dans les deux ans. Chez De Sangosse, le biocontrôle est un axe de développement stratégique, qui représente 5 % du chiffre d’affaires de la structure. «  Nous avons beaucoup de produits dans les cartons, mais nous devons faire preuve de pédagogie pour que les agriculteurs s’approprient ces solutions, indique Christophe Zugaj, chef de marché chez De Sangosse. Il faut aussi faciliter les homologations de produits. » En 2015, la structure espère commercialiser des phéromones en « puffer », un système d’aérosol qui permet d’apposer seulement deux à trois boitiers par hectare. Un véritable gain de temps. Action Pin mettait en avant son adjuvant Helioterpen Film, une nouvelle famille chimique mais toujours issue du pin. « Nos distributeurs sont attachés à l’origine du produit, qui est fabriqué en France, explique Christophe Bourcier, responsable région Nord. Nous travaillons sur d’autres produits naturels, mais il faut garantir une bonne efficacité et bien cadrer les résultats techniques des innovations. » Andermatt présentait son produit Riga, un piège à drosophile avec un attractif alimentaire. Le lancement démarre cette campagne. Vivagro mettait en avant son produit de biocontrôle Prev-Am Limocide, fongicide et insecticide à base d’écorces d’oranges. « Les ventes se sont stabilisées en 2013-2014, en rais

on notamment d’une présence moindre des maladies, explique Alain Hojland Peterson, délégué régional Sud-Ouest. Si auparavant, il était principalement utilisé par les agriculteurs bio, les conventionnels achètent plus fréquemment le produit ».

  • Les biostimulants bénéficient aussi du plan Ecophyto
Les biostimulants ont le vent en poupe. Depuis trois ans, Valagro est présent au Sival. « Notre activité progresse de 10 à 20 %. Réduire de 50  % les pesticides à horizon 2025, comme le recommande le rapport Potier, est une annonce favorable à notre marché », reconnait Sylvain Robin, délégué commercial de Valagro. PRP présentait les résultats de son produit PRP sol en matière de biodiversité des sols, profondeur d’enracinement et teneur en chlorophylle de la plante. « Le marché est en train de s’ouvrir avec l’évolution réglementaire : nous pouvons désormais déposer des dossiers d’homologation en tant que biostimulants  », indique Mathilde Koehl, assistante communication chez PRP. La prochaine édition du Sival se tiendra du 19 au 21 janvier 2016.