Sofiprotéol, les perspectives 2012 plus encourageantes que les résultats 2011
Le | Cooperatives-negoces
Chiffre d’affaires en hausse, résultat en baisse : les dirigeants de Sofiprotéol ont tiré les leçons d’une année 2011 difficile, lors de la conférence de presse du 9 février. Peser davantage vis-à-vis de la grande distribution en se regroupant ; jouer la contractualisation et le long terme pour le diester. Deux points développés. Avec en toile de fond, une réflexion qui s’engage sur la gouvernance de l’entreprise financière et industrielle de la filière des oléagineux et protéagineux.
Si le chiffre d’affaires 2011 de Sofiprotéol a progressé de 16 %, à 6,5 milliards d’euros, le résultat affiche un recul de 17 %, à 250 millions d’euros. « Nous avons subi une récolte de colza plus limitée, et des marges de trituration en baisse, surtout au second trimestre, avec une difficulté à répercuter les prix des matières premières vers l’aval », a introduit Philippe Tillous-Borde, directeur général. Sur un plan conjoncturel, des grèves dans les usines de Grand-Couronne et Montoire et un repli de l’activité sur le diester ont contribué à limiter les résultats (voir ci-après le détail par activité). Sur un plan plus structurel, la capacité à peser face à la grande distribution pour les produits de grande consommation du groupe, en particulier sur le marché des œufs (groupe Glon) demeure une préoccupation majeure des dirigeants de Sofiprotéol. « Nous n’avons pu passer les hausses sur les œufs qu’en décembre. La grande distribution capte 250 millions de marges, contre 15 M€ à l’amont », a précisé le directeur général de Sofiprotéol. Sur ce marché, une réflexion est engagée entre Glon et la Cecab, partenaires de la société Matines, pour amorcer une restructuration d’ici à l’été. « Il s’agit de se regrouper pour ne plus faire le jeu de la grande distribution, ont indiqué les dirigeants de Sofiprotéol. Cela se fera avec d’autres partenaires de la coopération ». Catherine Deger
Photo : Usine des 3 Vallées (groupe Glon) - Sofiprotéol a subi la crise du secteur de l’oeuf et entend y répondre en dynamisant la restructuration du secteur.
Deuxième difficulté structurelle : le compromis entre marchés alimentaires et non alimentaires, et la capacité à contractualiser avec les agriculteurs pour l’alimentation des usines diester. « En 2011, 300 000 tonnes de colza et 70 000 tonnes de tournesol ont été contractualisés, contre 500 à 600 000 tonnes en moyenne. » Pour Sofiprotéol il y a eu déficit d’explication sur la campagne passée de la part des OS. « La concurrence avec les prix de l’alimentaire pose une question de fond : il faut sortir d’une vision à court terme, pour cette filière comme pour d’autres, a plaidé Xavier Beulin. On ne peut pas avoir une assurance lorsque les prix baissent et gagner lorsque les cours montent. » Le contrat mis en place cette campagne, avec une référence plus claire au marché mondial devrait ramener le volume contractualisé dans la moyenne.
Le modèle d’organisation de la filière a fait ses preuves. Présente à toutes les étapes de la première voire de la deuxième transformation (alimentation animale et humaine, énergie et chimie renouvelables), cet outil a été construit par les producteurs en quelque 30 années. La taille atteinte par le groupe appelle toutefois à la réflexion a indiqué Xavier Beulin : « Dès lors que la filière a diversifié ses métiers et s’internationalise, il faut repenser l’implication du collège de la production. » Voilà qui promet des débats passionnés.
Données chiffrées 2011
Sofiprotéol, l’acteur économique
Chiffre d’affaires total : 6,5 milliards d’euros (+ 16 %) ; excédent brut d’exploitation, 250 millions d’euros (- 17 %).
6 400 collaborateurs, 80 % en France
Saipol, trituration et raffinage : 2,36 milliards - Maintien des volumes, baisse des marges, activité pénalisée par la baisse de la demande en biodiesel.
Lesieur, huiles alimentaires et sauces : 756 millions d’euros. La hausse des matières premières n’a pu être répercutée qu’à compter de juin auprès de la grande distribution.
Diester Industrie et Dieser Industrie International, production de biodiesel : 2,4 milliards d’euros, baisse des volumes de 1,6 Mt de diester en 2010 à 1,3 Mt en 2011 (contre 2 Mt escomptées initialement). La filière a accusé le coup du flou sur les normes à l’importation des esters méthyliques d’huile animale (EMHA) et d’huile usagée (EMHU), bénéficiant d’un régime d’incorporation favorable. Une circulaire a été publiée récemment limitant l’incorporation des EMHU et EMHA à 125 000 tonnes (600 000 importées en 2011).
Glon Sanders, nutrition et production animales : 1,7 milliard d’euros. Cours élevés, volatils, difficulté à les répercuter sur les produits finis ont handicapé la filière, qui dégage toutefois des résultats corrects. 44 millions d’euros ont été investis, les principaux projets portant sur la mise aux normes de bien-être animal en fermes de ponte.
Oleon et Novance, chimie renouvelable : 601 millions d’euros.
Transversaux à toutes ses activités, les investissements à l’international sont particulièrement actifs sur le bassin méditéranéen, le dernier en date étant la prise de contrôle de Lesieur Cristal, numéro un de l’huile au Maroc.
Sofiprotéol, l’acteur financier
30 millions d’euros d’engagement en 2011, dont 25 millions décaissés.
L’entreprise est engagée dans une centaine d’entreprises, essentiellement sous forme de participations (groupes agri-alimentaires régionaux, coopératives et négoces, avec un soutien nouveau dans le secteur des énergies renouvelables (Biogasyl, méthanisation).