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Sur le Rhin, le niveau des basses eaux inquiète déjà les OS

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Le manque de neige et de pluie ces derniers mois impacte la hauteur d’eau dans le Rhin. Début juillet, le niveau ressemble à celui d’un mois de septembre. Les opérateurs de l’Est de la France sont inquiets pour évacuer la collecte d’été, voire celle d’automne. Explications avec Nicolas Barjot, directeur d’exploitation sur le site d’Ottmarsheim d’InVivo, dans le Haut-Rhin.

Sur le Rhin, le niveau des basses eaux inquiète déjà les OS
Sur le Rhin, le niveau des basses eaux inquiète déjà les OS

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Sur le Rhin, le niveau des basses eaux inquiète déjà les OS - © D.R.
Sur le Rhin, le niveau des basses eaux inquiète déjà les OS - © D.R.

« Toute la logistique est sous tension. Nous risquons de manquer de place pour la collecte d’automne », constate Nicolas Barjot.[/caption]

Sur le Rhin comme sur la majorité des fleuves, le phénomène des basses eaux est cyclique. « Sauf que cette année, elles arrivent de façon particulièrement précoce, constate Nicolas Barjot directeur d’exploitation sur le site d’Ottmarsheim d’InVivo. En cause, un déficit important de neige cet hiver et de pluie ce printemps, de près de 30 % par rapport à une année normale. Un manque de précipitations qui se répercute sur le débit du fleuve et la hauteur d’eau. Le décrochement a eu lieu dès le mois de mars et là, au 12 juillet, nous sommes 80 cm en dessous des moyennes habituellement enregistrées à cette date. Le souci, c’est que nous entrons dans une période critique où les réserves en neige sont nulles et le niveau des barrages, déjà très bas. Seule des pluies importantes sur le mois d’août pourraient inverser la tendance. »

Des coûts de fret fluvial en forte hausse

La hauteur d’eau dans le fleuve impacte bien évidemment le fret fluvial. « Les bateaux peuvent encore naviguer mais pas avec le même chargement, sous peine de toucher le fond, explique-t-il. Les 100 % de basses eaux devraient être atteintes prochainement avec à la clé, une hausse des coûts de ce mode de transport car au lieu de charger 2 tonnes, nous ne pourrons plus en charger qu’une seule. » Une situation qui va mettre à mal toute la logistique de transport des grains dans la région. « Nous avons pu faire quelques chargements avec les moissons les plus précoces mais le gros des chantiers pour l’orge, le colza et le blé, c’est maintenant. Notre site possède une capacité de stockage de 120 000 tonnes. Pour la récolte d’été, cela ne devrait pas poser de problème. Mais nous sommes inquiets pour la récolte d’automne. Si le niveau du fleuve reste bas, tous les tonnages collectés en été n’auront pas été évacués. On risque alors de manquer de place pour le maïs. »

Céréales françaises contre charbon allemand

Cette tension sur le fret fluvial est renforcée par la forte demande de l’Allemagne pour transporter du charbon. « Nos voisins allemands négocient le peu de bateaux disponibles à prix d’or, poursuit-il. C’était déjà le cas l’an passé mais la guerre en Ukraine et les incertitudes sur l’approvisionnement de gaz depuis la Russie rendent l’ambiance encore plus lourde. » Quant à reporter une partie du transport des céréales via la route ou le chemin de fer, le manque de chauffeurs complique cette solution de repli. « Toute la logistique est sous pression avec un risque d’engorgement non négligeable pour les mois à venir », conclut Nicolas Barjot.