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Tech&Bio 2019 - Pour le bio, les coopératives jouent la carte filière

Le | Cooperatives-negoces

Lors du Tech&Bio, salon dédié au bio, organisé les 18 et 19 septembre dans la Drôme, Coop de France a présenté son nouveau « Théma », rassemblant des initiative portées par des coopératives. « Le mouvement coopératif accompagne le déploiement du label, affirme Sébastien Courtois, référent pour le bio au sein de Coop de France Auvergne-Rhône-Alpes. Sur la région, nous sommes passés de 58 structures collectant du bio en 2010 à 109 aujourd’hui, soit une sur trois. En trois ans, le chiffre d’affaires bio de nos coopératives a bondi de 31 %. »

Une conjoncture riche d’opportunités…

Et la tendance ne devrait pas mollir. « Les retards de paiements des aides publiques depuis trois ans, pourtant particulièrement handicapants, n’ont pas réussi à freiner la dynamique, analyse Jérôme Caillé, président de la commission bio de Coop de France. La demande est là, les prix sont rémunérateurs. » Et les coopératives y contribuent en proposant des primes et des contrats incitatifs. Les contractualisations à trois, voire cinq ans, se répandent, en co-construction avec la distribution. Coop de France incite ses adhérents à s’approprier la thématique de l’approvisionnement des cantines, qui devront comprendre 20 % de bio en 2022. « Un exercice nouveau, reconnait Jérôme Caillé. »

…mais un marché à ne pas saturer !

En ordre de marche sur le dossier bio, les coopératives ne sont cependant pas toutes au même niveau. Certaines structures, présentes à Tech&Bio, veulent accélérer. « Nous avons des besoins en alimentation animale et humaine, affirme Jean-François Perret, référent AB au sein de la Dauphinoise. Malgré une progression des volumes de 20 % chaque année, pour arriver à près de 10 000 t cette année en céréales, nous ne répondons pas encore aux besoins du marché. »

Du côté de NATURA’PRO, en revanche, 3000 t de céréales sont labellisées, et les outils de collecte bio « arrivent à saturation », confie Nicolas Régnier, conseiller technique. Ce qui implique une réflexion stratégique pour la suite. « Ma coopérative, Soodial, met « en pause » les dispositifs en bio, sans lâcher ceux qui sont déjà engagés, assure Sébastien Courtois. C’est aux coopératives de bien sentir le marché, de réguler la production pour ne pas le saturer. »

Structurer les filières pour garder la main sur les prix

Les coopérateurs rencontrent tous la même problématique : éviter un emballement incontrôlé. « La question du prix reste centrale, souligne Jérôme Caillé. Le bio rapporte, mais il coûte aussi : en ressource humaines, par exemple. Une coopérative sur trois travaillant le bio envisage de recruter pour cette filière. La logistique est également un enjeu important. » Pour garder la main sur la valorisation des produits bio, une tendance se dessine : structurer des filières à l’échelle même des coopératives. « En bio, nous travaillons de la production de semences à la distribution aux grandes et moyennes surfaces », explique ainsi Jean-François Perret, de la Dauphinoise.

Pour les cultures, la Drômoise dépasse le stade de l’appro-collecte et mise sur son usine de transformation en alimentation du bétail, cogérée avec la Dauphinoise. Même idée pour Valsoleil, qui a inauguré un centre de conditionnement pour ses œufs bio en 2018. Alain Veyrier, président de la structure, détaille : « Nous souhaitons avoir des filières complètes, dans un rayon de 80 km. C’est le plus sûr moyen de remonter un maximum de valeur à nos producteurs ! »