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Terrena repart sur une deuxième phase de consultation pour préparer l’agriculture de demain

Le | Cooperatives-negoces

« En 2008, nous nous posions des questions sur les OGM et les pesticides, explique Alexandre Charron, responsable communication de Terrena. Aujourd’hui, nous interrogeons les agriculteurs sur un sujet plus vaste, celui de l’avenir de l’agriculture et de l’alimentation. » La coopérative a en effet décidé d’enclencher une consultation de ses 21000 adhérents et 14 000 salariés pour préparer les dix prochaines années. Un écho à la démarche menée en 2008 et qui avait abouti à la création de la marque Nouvelle agriculture.

Des engagements pour le 26 mai

« Même si cela est complexe à organiser, nous devons retourner vers nos adhérents, insiste Olivier Chaillou, président de Terrena. Ils subissent beaucoup de pression et se posent des questions sur l’avenir de leur métier. » La consultation en ligne s’est terminée le 15 février. Elle a réuni 619 propositions, 64 400 votes et 4000 contributions. Les avis recueillis lors de 40 ateliers-débats et trois forums, organisés depuis décembre 2019, serviront à proposer des engagements lors de la prochaine assemblée générale de Terrena, le 26 mai à Angers.

Les modes de distribution alimentaire en question

Le 11 février, à Nantes, la coopérative a souhaité aborder la question « Des fermes aux cuisines, par quels chemins ? », lors du premier de ces trois forums. Les débats se sont focalisés sur le rôle de la grande distribution et de la restauration collective, ainsi que les attentes des consommateurs. Difficile d’y voir clair, tant les attentions et les actes d’achats diffèrent. « Une multitude de tendances se contredisent, reconnaît Yves Puget, directeur de la rédaction du magazine LSA. Le consommateur veut du bio, du local, du made in France, mais reste adepte de Ferrero et Coca-Cola. »

Une même tendance observée dans la grande distribution. « Le nerf de la guerre : avoir en rayon les marques à un bon prix, sinon le consommateur part, explique Pascal Claret, patron de Système U à Carquefou près de Nantes. À côté, d’autres attentes émergent, mais elles changent très vite. Toutefois, nous avons fait le choix de commercialiser des produits locaux. »

« Éduquer les clients »

Les attentes des collectivités sont également parfois antinomiques. « Elles veulent du bio, mais des tomates et des concombres toute l’année, ou sur des volumes ne permettant pas de nous approvisionner en origine 100 % française », explique Catherine Gandon-Giraud, directrice des achats chez Restoria. Du coup, l’entreprise a dû prendre des décisions radicales : elle ne vend que des produits de saison.

Pour intégrer les produits locaux, coopératives, enseignes de distributions ou acteurs de la restauration doivent donc faire preuve d’une grande volonté politique. « Nous devons reprendre la main sur l’éducation de nos clients », indique Pascal Claret. Système U participe ainsi à l’organisation de journées faisant découvrir aux enfants l’agriculture. La possibilité d’avoir recours à un affichage environnemental est une autre piste de sensibilisation des consommateurs, mais les exploitants venus au forum s’interrogent sur sa pertinence : « La crainte est de cumuler trop d’étiquettes et de perdre le consommateur », explique Yves Puget.