Terrena tire les enseignements de la consultation de ses adhérents
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Après avoir analysé les réponses de 3 100 agriculteurs des régions des Pays de la Loire, du Poitou-Charentes et de Bretagne qui ont participé à la large consultation engagée début 2008, le conseil d’administration de la coopérative s’engage sur une stratégie novatrice. Elle annonce qu’elle ne commercialisera pas d’OGM, dans l’attente d’une « cohabitation pacifiée », préconise la création d’espaces de concertation et s’engage résolument sur la voie d’une production écologique intensive. (…) J.-F . C.
(…)OGM : veille technologique et moratoire
Pour répondre aux doutes sur les OGM, la coopérative va mettre en place une veille technologique et établir des partenariats dans le domaine de la recherche « pour ne pas décrocher des technologies qui pourraient être demain déterminantes ». Terrena décide également de « ne pas commercialiser de semences OGM à ses adhérents en 2008 et 2009, même si la loi l’autorise, et de renouveler cet engagement au-delà si les conditions d’une cohabitation pacifiée de ces cultures avec le reste de l’agriculture ne sont pas réunies ». La coopérative va donc restituer les semences récoltées en 2007 aux obtenteurs, en contrepartie d’un engagement de ces derniers de ne pas les commercialiser en France.
En nutrition animale, la coopérative décide de maintenir une offre en soja non OGM, engage un travail de fond sur le développement d’un approvisionnement français en protéine pour la nutrition animale et demande à l’Etat de soutenir un tel projet.
Poursuivre le débat sur la coexistence entre les différentes pratiques agricoles
Enfin, riche de l’expérience vécue depuis le début de l’année, le groupe régional envisage la création d’un lieu de concertation entre les différents modes de productions agricoles (agri bio, agriculture sous signes de qualité, conventionnelle) et les différents utilisateurs de l’espace agricole (apiculteurs, écologistes, etc.) pour poursuivre le débat sur la coexistence des agricultures et sur la compatibilité des différentes pratiques entre elles. « Pour concrétiser cette volonté, nous proposerons un amendement à la loi actuellement en discussion au niveau du Parlement qui rende obligatoire la création de structures de concertation régionales (comité régional des pratiques agricoles) permettant d’établir les règles de coexistence entre les différentes agricultures. »
Atteindre moins 50 % de phytos en dix ans
L’objectif étant estimé « tenable » par ses adhérents, la coopérative Terrena va se donner les moyens pour atteindre un objectif de réduction des phytosanitaires de 50 % en 10 ans. Elle proposera des « solutions alternatives crédibles », favorisera l’usage des phytosanitaires moins polluants. La coopérative supprime aussi toute forme d’intéressement de ses conseillers aux volumes de phytosanitaires vendus et mettra en place « une information claire et pratique concernant les phytos ». La coopérative fournira également à ses adhérents des alternatives énergétiques telles une offre « bilan énergétique », développera le photovoltaïque sur les exploitations, proposera la valorisation des déchets d’abattoir sous forme d’un engrais organique et développera l’agriculture biologique.
Enfin Terrena engagera des travaux de recherche dans tous les domaines nécessaires pour inventer des solutions de demain qui ne reposent pas exclusivement sur des intrants. La coopérative veut ainsi « s’engager d’urgence dans un développement durable de l’agriculture, reposant sur une production écologiquement intensive. »
Jean-François Coffin