Thierry Lafaye, DG d’Océalia - « Proposer du sur-mesure à nos adhérents »
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Avec un chiffre d’affaires de 550 M€, Océalia se positionne comme l’un des acteurs clés de la Nouvelle Aquitaine. Alors que la fusion opérationnelle avec Natéa est en cours de finalisation, la politique terrain évolue pour se préparer à conserver la vente des phytos. Au cœur de la stratégie : la proximité et la création de services sur-mesure pour répondre à la diversité des besoins de chaque adhérent. L’enjeu, pour Thierry Lafaye, le directeur général, c’est d’investir dans tous les systèmes de production, sans les opposer.
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Thierry Lafaye pilote Océalia, un groupe qui couvre désormais huit départements et rassemble des profils d’exploitations très variés. Photo : C.K. Mariot.[/caption]
La fusion juridique avec Natéa a été validée en décembre 2019. La phase opérationnelle est-elle terminée ?
Non, pas complètement. Elle le sera en juin. Reste à finaliser l’organisation des métiers, réaliser la fusion opérationnelle informatique et comptable et redéfinir le modèle de gestion des sites Limousin pour les activités agricoles et jardineries. Même si l’anticipation, en amont, a facilité la mise en place de cette fusion, il reste encore du travail. L’intégration du personnel a quant à elle déjà commencé. Le nouveau groupe ainsi constitué rassemble 1150 salariés. Il conserve le nom d’Océalia. Seuls les deux réseaux de jardinerie restent distincts pour l’instant : Jardineries Montplaisir et EVL (Espace Vert du limousin) soit un total de 70 magasins pour un chiffre d’affaires de plus de 55 M€.
La politique des équipes terrain évolue elle aussi. Quel en est l’objectif ?
L’idée est d’anticiper la mise en place de la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires. Nous choisirons la vente avec, en parallèle, le développement d’une approche globale des exploitations, pour proposer une large gamme de services en fonction des attentes des agriculteurs. Le profil de nos adhérents est très varié : éleveurs, viticulteurs, céréaliers purs ou polyculteurs… Notre volonté consiste à créer du sur-mesure en intégrant les nouveaux enjeux : réglementaires, politiques, sociétaux et environnementaux. Cette nouvelle approche reposera sur l’expertise terrain de nos équipes et la mise à disposition de moyens importants pour fournir les services et outils adaptés.
Cette réorganisation nécessite-t-elle de nouveaux recrutements ?
Non, pas dans l’immédiat. Nous privilégions la montée en compétence de nos équipes, en interne, via notamment des formations. En revanche, nous faisons évoluer l’organisation sur le terrain. Celle-ci repose désormais sur « un binôme de proximité » : responsable de site/conseiller d’exploitation. Le responsable de site gère le flux des grains et des appros tandis que le conseiller d’exploitation porte les offres de services. Pour Océalia, qui couvre désormais huit départements, l’enjeu est de ne pas perdre le lien de proximité avec les agriculteurs. Plus l’entreprise grossit, plus les hommes de terrain prennent de l’importance et doivent rester au centre du dispositif. En tant qu’ambassadeurs de la coopérative, ils doivent se montrer capables de répondre au maximum de questions posées par les adhérents et bénéficier d’une large responsabilisation et délégation.
Le métier des TC est amené à se transformer. Sentez-vous une certaine appréhension de leur part ?
Notre modèle collecte/appro est effectivement en pleine mutation. Nous nous dirigeons vers une diminution de l’utilisation des intrants, en particulier des phytos. Nos modèles doivent évoluer vers davantage d’accompagnement, de formation, de suivi pour proposer un ensemble de solutions pour réduire l’impact environnemental tout en assurant la viabilité économique du système. Cet objectif redessine le métier de TC : un challenge enthousiasmant pour nos équipes. Pas de doute, nous nous adapterons.
Quels sont les atouts de votre groupe ?
Dans notre zone de collecte, nous ne pouvons pas miser sur des rendements moyens à trois chiffres ! En revanche, de part son climat et ses terroirs, les productions collectées sont très variées. Et puis, nous sommes présents sur des marchés et filières très différents : production céréalière locale label rouge, céréales bio, céréales export, productions en circuit court ou œnotourisme… L’enjeu est d’investir dans chaque système de production, sans les opposer. Nous continuerons aussi à nouer des partenariats pour rester performant dans chacun de ces domaines. Pour le bio par exemple, la création d’Aquitabio en février 2019 avec 13 coopératives partenaires illustre cette volonté de mutualisation.
Quels sont vos projets dans les mois à venir ?
La priorité est tout d’abord de finaliser la fusion opérationnelle avec Natea ainsi que l’intégration de Menguy’s, actée en décembre 2019, pour structurer notre nouveau Pôle Agroalimentaire. Nous poursuivrons nos efforts pour adapter notre modèle afin de mieux répondre aux enjeux auxquels nous devons faire face. Nous voulons transformer la coopérative pour la rendre plus moderne, plus efficace. D’où notre décision de rejoindre la plateforme digitale Aladin d’InVivo. Ce nouveau canal de diffusion de nos intrants permettra progressivement de libérer du temps pour nos conseillers d’exploitation qui pourront alors se concentrer sur des activités à plus forte valeur ajoutée, et en particulier les offres de services aux adhérents. La montée en puissance d’Aladin agira aussi comme un accélérateur sur la rationalisation de nos processus internes de fonctionnement, notamment la logistique et les services de back office.