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Tour de France - Un bilan mitigé de morte saison

Le | Cooperatives-negoces

La campagne appro de l'automne a été très dynamique, tirée par des désherbages de post levée en nette hausse. Un premier bilan de la morte saison s'annonce mitigé : correct dans les zones céréalières où la sole est annoncée en progression (de 3 à 5 % au minimum), plus compliqué dans les zones d'élevage où les trésoreries restent très tendues. Pour tous, dans un contexte où le prix des céréales ne cesse de baisser, les achats futurs devraient se faire à l'économie, au dernier moment.


Le climat doux de cet hiver a permis aux cultures de bien se développer : l'avance est estimée selon les régions entre 10 et 20 jours. Mais attention, parasites et adventices ont, eux aussi, profité de cette douceur hivernale. Des rattrapages s'annoncent d'ores et déjà incontournables dans bien des parcelles. Pour les ventes de fongicides, rien de concret pour l'instant. Témoignages en régions.


Cavac (85) : Laurent Pasquier, responsable appro

« Avec une sole en hausse d'au moins 5 %, le marché se présente assez bien »

« Le marché de la morte saison en phytos se présente assez bien dans notre zone, même s'il reste un peu poussif, notamment dans les exploitations élevages où les trésoreries sont très tendues. De nombreux adhérents demandent d'allonger les échéances. Mais pour les céréales, les besoins sont là. Les surfaces en céréales à paille ont progressé de 5 % au minimum (les ventes de semences certifiées de 3 %). Les cultures sont bien installées, suite à un hiver doux. L'avance est estimée à une vingtaine de jours. Reste la crainte du gel tardif mais pour l'heure, le potentiel est là. Le marché des fongicides est en progression, celui des herbicides également. De nombreux traitements ont été réalisés dès le semis mais suite à l'hiver doux, le resalissement est important. Les agriculteurs devront repasser. Aujourd'hui, 60 à 70 % des volumes de morte saison sont déjà faits. En engrais, l'avance prise cet été est annulée. Du retard commence même à être enregistré. La consommation de PK est en baisse ».


Euralis (64) : Xavier Guihard, responsable appro

« Les trésoreries sont tendues, notamment chez les éleveurs »

«  La campagne de morte saison avance normalement mais dans un environnement incertain, notamment pour les éleveurs. Le contexte est difficile. Les éleveurs de canards, obligés d'appliquer un vide sanitaire sont en situation de crises. Depuis trois ans, la campagne d'appro est compliquée. Même si les volumes ont été bons en maïs cette année encore, les prix sont bas. Ajouter à cela une rationalisation et une optimisation des doses, des contraintes réglementaires qui réduisent le nombre de solutions disponibles…  »

Valfrance (60) : Christophe Michel, responsable appro

« L'appro peu dynamique »

« Le marché de l'appro est peu dynamique actuellement. Les ventes restent conformes aux attentes mais avec un panier moyen qui se resserre. Le contexte économique des exploitations est difficile. Le prix des céréales n'incite pas à dépenser. Les agriculteurs se couvriront si besoin, en fonction du parasitisme à venir. A noter qu'à l'automne, nous avons fait une très belle campagne de désherbage, avec des surfaces de céréales en hausse. Les ventes devraient repartir avec la reprise de végétation ».


Val de Gascogne (32) : Philippe Suaud, responsable appro

« La question du moment : quelle culture implanter au printemps ? »

« L'avance des céréales est estimée entre 10 et 15 jours. Les cultures sont belles… les adventices également ! Elles aussi ont profité de la douceur hivernale. Même si la campagne appro d'automne a été importante - en herbicides, les volumes vendus ont été multipliés par trois, notamment pour des traitements en post levée - les relevées sont nombreuses et les rattrapages seront indispensables.  Relévées de graminées, présence de dicots : il faudra être vigilant sur les doses pour être efficace et cibler la bonne flore. Pour l'heure, les agriculteurs ne peuvent pas rentrer dans les parcelles, trop humides. Côté fongicides, si la douceur persiste, les rouilles devraient se développer. Les agriculteurs ne sont pas encore aux achats. Les questions tournent avant tout autour de l'assolement. Les agriculteurs se demandent encore quelle culture implanter au printemps : tournesol, maïs ou soja ? Une chose est sûre : le soja devrait progresser, au détriment du maïs irrigué ».


110 BOURGOGNE (89) : Fabrice Verlet, responsable appro

« Les agriculteurs attendront le dernier moment »

« Les agriculteurs ont fait les investissements minimums lors de cette morte saison. Ils se sont couverts pour la septoriose, principale maladie dans la région. Pour les autres, ils préfèrent attendre. Nous enregistrons environ 30 % d'engagements en moins sur l'achat de produits phytosanitaires par rapport à l'année dernière. 95 % des parcelles ont été désherbées à l'automne contre 30 % habituellement. »


Ets Bernard (01) : Denis Girard, responsable appro

« Des solutions économiques plutôt qu'innovantes »

« Comme les années précédentes, environ 30 % des achats de phytosanitaires ont été réalisés pour l'instant. Mais l'état de la trésorerie pèse sur le choix des produits. Les maïsiculteurs ont été lourdement touchés par la sécheresse de cet été. Nombre d'entre eux ont décidé de faire l'impasse sur le traitement de la chrysomèle. En grandes cultures, nous remarquons que les agriculteurs s'orientent davantage vers des solutions économiques plutôt qu'innovantes, particulièrement en fongicides. En vigne, les agriculteurs ne sont pas venus à l'achat car les stocks au sein des exploitations étaient importants pour les anti mildiou et les anti oïdium. Avec la douceur de l'automne, deux fois plus de parcelles que l'année dernière sont désherbées. Les agriculteurs ont aussi traité davantage contre le puceron ».


Eurea (42) : Richard Dechavanne, responsable appro

« Un contexte économique qui n'incite pas à acheter »

« Avec les problèmes de trésorerie, les agriculteurs achèteront au dernier moment. Cela concerne particulièrement les produits de désherbage des céréales à paille et les fongicides. A l'automne, il y a eu une très grosse phase de désherbage. Dans notre région, la douceur du climat a obligé les agriculteurs à traiter davantage contre les pucerons. Depuis, nous n'avons pas connu d'arrêt de la végétation. L'arrivée récente des basses températures n'est pas encore un problème car les jours où le thermomètre est descendu très bas, la couverture neigeuse protégeait les cultures. »

CAC 68 (68) - Robert Grosshans, responsable appro

« La trésorerie reste la priorité numéro 1 »

« Les agriculteurs sont globalement très inquiets concernant leur trésorerie. Les achats réalisés en morte saison se font sur des solutions économiques. Ils achèteront des produits en cours de saison, en fonction de la pression des maladies et des parasites. Les cultures ne sont pas particulièrement en avance car beaucoup de blé ont été semés après des maïs grain,récoltés tardivement. Le froid de ces derniers jours ne devrait a priori pas avoir de conséquence sur les cultures. »