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Tour de plaine - Le potentiel des blés tendres affectés par une semaine caniculaire

Le | Cooperatives-negoces

Avec des températures dépassant les 35 °C durant plusieurs jours, les blés tendres, en phase de remplissage dans la grande moitié Nord de la France, ont souffert. Certaines parcelles sont déjà toutes blanches. L'échaudage a mis à mal le potentiel, parfois déjà affecté par le manque de pluie. Premiers échos de la plaine.


Avec une à trois semaines d'avance selon les régions, la récolte 2017 s'annonce d'ores et déjà compliquée. Celle des orges est bien avancée, voire quasi terminée. C'est le cas en Vendée où le rendement moyen devrait osciller entre 60 et 65 q/ha. « Des chiffres qui déçoivent, confie Jean-Luc Lespinas, responsable agronomique de Cavac. Pour le blé tendre, les prévisions ne sont pas plus optimistes. Le manque d'eau en avril a pénalisé le nombre d'épis par m2 et la chaleur caniculaire de la semaine passée a stoppé le remplissage des grains. Nous avons perdu sur les deux tableaux ! Le mal est fait et le recul pourrait avoisiner 10 à 15 q/ha. La bonne surprise pourrait venir des colzas qui au final, se présentent plutôt bien. »

Blé, de dix à quinze jours d'avance au nord de Paris

Chez Valfrance (60), même constat pour les céréales. « Chaque journée avec des températures supérieures à 30°C impacte le potentiel avec un risque d'échaudage et une baisse du poids de mille grains, explique Hugues Desmet, responsable de la collecte. Pourtant, le potentiel de départ était bon, avec, dans notre région, un nombre d'épis par m2 tout à fait satisfaisant. Plus on monte vers le nord de notre zone, moins il y a eu d'eau et donc, moins le potentiel est bon. Mais attendons les premières coupes pour avancer des chiffres. La moisson a une dizaine de jours d'avance ».

Plus au Nord, chez Advitam (62), l'avance est estimée à plus de deux semaines ! « Une chose est sûre, l'échaudage a sévi. Certains blés sont tout blancs, signe que l'alimentation est coupée, constate Maurice Caillaud, directeur de la collecte. Le remplissage des grains ne se fera plus. Nous observons un gradient d'Est en Ouest. L'Est (Valenciennes, Cambrais) a reçu moins d'eau : le potentiel est en très net recul. Plus à l'Ouest (Arras, Béthune), la situation est un peu meilleure, grâce à l'eau tombée sous forme d'orages ». Autre constat de la semaine, les craintes sur les récoltes à venir animent les marchés et font grimper les cours. Mais attention, ceux-ci peuvent très vite redescendre. Comme l'explique Michel Portier, directeur d'Agritel, « une hausse durable ne peut venir que de la scène internationale ».

Le colza, à la peine dans l'Est

« Il est encore un peu tôt pour se prononcer sur l'impact du coup de chaud sur le remplissage des grains, mais les coups de gel de cet hiver eux, devraient pénaliser les rendements d'orges d'hiver », commente Jean-Charles Denis, responsable céréales chez Lorca (57). Les surfaces de colza reculent très sévèrement sur la région, passant de 27 000 à 8 000 ha sur le territoire de la coopérative. En cause : les conditions très difficiles à l'implantation qui n'ont pas permis aux cultures de lever. Les agriculteurs se sont rabattus pour les deux tiers sur des semis de blé et d'orge d'hiver, et pour le tiers restant sur des pois ou des orges de printemps. « Deux pailles consécutives impliquent des rendements moindres et probablement plus de difficultés pour le désherbage », s'inquiète-t-il. La région fait face en particulier à des phénomènes de résistance du vulpin.