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Tour de plaine : le recul du colza se confirme

Le | Cooperatives-negoces

Fin septembre, notre tour de plaine relatait des chantiers de semis de colza compliqués, retardés, faute de pluie. Qu'en est-il cinq semaines plus tard ? Les parcelles les plus mal en point ont été retournées. Pour d'autres, le verdict attendra la sortie de l'hiver. Les colzas en place ont profité du temps clément de ces dernières semaines. Mais difficile encore de se prononcer sur leur potentiel. Les semis de céréales d'hiver sont en cours, occupant parfois des hectares laissés libres par le colza. Le point chez EMC2, Terres du Sud, Agrial, Valfrance et Dijon Céréales.


Didier Meder, responsable céréales chez EMC2 (55)

« Moitié moins de colza pour notre coopérative »

« Au global, sur notre zone de collecte, le colza accuse un recul de près de 50 % soit environ 20000 ha en moins. En Lorraine, à peine un tiers des surfaces a pu être semé avec toujours une incertitude sur le devenir des cultures en terre. Les plantes sont encore à un stade très jeune : l'hiver sera décisif. En revanche, en Haute-Marne, nous sommes sur une année quasi normale. 90 % des pieds sont prêts à affronter l'hiver. Quant aux semis de céréales, ils sont terminés à 95 %. Blé et orge d'hiver ont un peu profité des hectares laissés libres par le colza. Mais quand celui-ci avait été désherbé, impossible de semer une céréale d'hiver. Nous cherchons désormais à trouver la culture de printemps adaptée aux conditions pédoclimatiques des zones touchées car tout ne peut pas s'implanter partout ! Dans notre panel de solutions : tournesol, pois, lin, maïs, orge de printemps. Bien sûr l'aspect rentabilité est important mais n'oublions pas le contexte agronomique ! ».

Aurore Baillet, ingénieur conseil chez Terres Inovia à Laxou (54).

« De 5 à 50 % de colza en moins selon les régions »

Le mois qui vient de s'écouler a été propice au développement du colza. Nous y voyons désormais un peu plus clair même si, au sein d'une même région, les situations sont très hétérogènes. Une chose est sûre : les parcelles qui devaient être retournées l'ont déjà été. Dans le Nord de la Lorraine, dans le Centre, dans le Sud et dans une frange Ouest de la Bourgogne, le recul des surfaces peut atteindre 30, 40, voire 50 %. Dans la plaine de Dijon, dans les Hauts de France et dans les terres de craie de Champagne, la baisse n'atteindrait « que 5 à 10 % ». Ce qui est en place est plutôt beau. Les agriculteurs doivent désormais patienter jusqu'en sortie d'hiver pour faire un point sur le potentiel en place. L'un des critères pour le choix de la culture de printemps sera sa robustesse et sa « dépendance » aux intrants. Un tournesol, productif même dans des sols à potentiels plus faibles même avec des niveaux d'investissement moyens (250 à 300 €/ha) a une belle carte à jouer ».


Cécile Chabanis, responsable céréales chez Terres du Sud (47)

« Nous aurions aimé pouvoir booster les surfaces de colza »

« Dans notre région, nous souhaitions booster les surfaces de colza mais la météo en a décidé autrement. Faute de pluie, les semis ont pris du retard et au final, devraient rester sur des surfaces identiques à celles de l'an passé. Les semis de céréales sont en cours. Pour le printemps prochain, je ne pense pas que les surfaces de maïs vont progresser, contrairement à celles de tournesol et de soja ».


Philippe Vincent, directeur céréales d'Agrial (14)

« Bonne surprise ! Le taux d'utilisation de semences certifiées de céréales diminue moins que prévu »

« Chez Agrial, les surfaces de colza devraient enregistrer une baisse de 5 à 10 %, soit près de 4000 ha. Certaines parcelles n'ont pas un très bel aspect mais dans l'ensemble, le temps clément de ces dernières a permis aux cultures en place de bien s'implanter. Les semis de céréales sont en cours. Nous nous attendions à un fort recul du taux d'utilisation de semences certifiées, de 15 à 20 %, et au final, nous n'en sommes qu'à 3 ou 4 % ! Le recours aux semences de ferme a, semble-t-il été moins important que prévu mais surtout, ce sont les surfaces de céréales qui elles, ont augmenté ! Les prévisions tablent sur une progression de 2 à 3 % pour le blé et l'orge d'hiver. Dans notre zone, maïs et tournesol sont attendus en recul ».

Amélie Petit, responsable agro-développement chez Seine-Yonne

« Forte pression ravageurs et inquiétude sur l'interdiction de pesticides »

« Les surfaces de colza ont reculé en moyenne de 15 % sur le bassin Seine Yonne, et jusqu'à 30 % sur les bassins argilo-calcaires où la culture représente historiquement près du tiers de la sole. Deux raisons à cela : la volonté des agriculteurs de ne pas emblaver suite à la très forte pression des ravageurs lors de la précédente campagne, et l'impossibilité de semer précocement au mois d'août faute de pluie. Le colza est une importante tête de rotation sur notre secteur et nous sommes très inquiets pour l'année prochaine en ce qui concerne la suppression de certains insecticides. Les leviers agronomiques que nous préconisons pour lutter contre les ravageurs comme l'avancée des semis ne sont pas toujours réalisables, comme ce fut le cas cette année, et nous n'avons donc pas d'alternatives. En blé, la densité d'adventices est déjà très forte, tout comme la pression limaces. Là aussi, avec la suppression à venir des néonicotinoïdes en traitement de semences, nous serons démunis. Le traitement en végétation, seule alternative pour l'instant, est difficile à mettre en œuvre par les agriculteurs qui sont très occupés à cette période de l'année. Les surfaces ont toutefois progressé d'environ 5 %. »

Jérémy Denis, responsable appro chez Valfrance

« Entre 80 et 90 % des blés sont semés »

« Les surfaces de colza sont dans l'ensemble stables chez Valfrance, voire en légère baisse, mais pas plus de 5 %. Après un début de campagne inquiétant au niveau de la météo, le temps clément de ces dernières semaines a contribué à un bon état des cultures. 80 à 90 % des blés ont été semés. Les surfaces devraient se maintenir, contrairement à celles d'orges d'hiver qui devraient légèrement reculer pour revenir à la moyenne des années précédentes. Le plan d'aides de la région Île-de-France ainsi que le manque de semences des agriculteurs suite à la mauvaise récolte devraient augmenter les achats de semences certifiées, mais il est pour l'instant difficile d'évaluer précisément cette hausse. Les surfaces de betteraves pour le printemps 2017 devraient progresser de 10 à 15 %. »