Tour de plaine - Qualité et rendement sont au rendez-vous, mais pas les prix
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La collecte estivale s’est terminée dans l’Hexagone pour les organismes stockeurs, laissant derrière eux les mauvais souvenirs de 2016. Agreste, le service statistiques du ministère de l’Agriculture estimait au 1er août la collecte de blé tendre à 36,8 Mt, soit 9,2 Mt de plus qu’en 2016, mais seulement +1,5 % sur la période 2012-2016. Avec 71,5 q/ha de rendement moyen, cette récolte est loin du record de 79,4 q/ha de 2015, mais elle s’annonce comme particulièrement satisfaisante en matière de qualité. En revanche, l’inquiétude se focalise sur la chute des cours, plombés par les niveaux d’exportation records visés par la Russie, qui une nouvelle fois, s’appuie sur une récolte abondante. A cela s’ajoute sur certains bassins une logistique compliquée à gérer pour les organismes stockeurs.
Philippe Lefebvre, responsable collecte du groupe Dauphinoise (38) - « Le problème, c’est le prix »
« La récolte d’été est très bonne, avec 30 % de collecte en plus en colza. En blé tendre, les rendements se situent dans la moyenne mais cachent une disparité, allant de 50 à 90 q/ha. En revanche la qualité est superbe avec 80 de PS, 12,5 de protéine. Nous n’avons aucun blé fourrager sur cette campagne. Le problème, c’est le prix. Il est difficile de faire entendre aux agriculteurs qu’il faut faire de la qualité puisque cette année, elle est exceptionnelle mais les prix restent bas. Ils ont perdu 25 €/t depuis la mi-juillet. Nous vendons au prix de revient pour l’agriculteur, ce qui n’est pas normal. A cela s’ajoute le problème de dégagement de la production, vu le surplus de récolte, notamment en colza, et la précocité de celle à venir en maïs, d’environ 10 à 12 jours. Il est plus facile de trouver des solutions logistiques lorsque les prix sont hauts que l’inverse. »
Jean-François Lhuissier, responsable collecte du groupe Vivescia (51) - « La collecte d’été du groupe devrait avoisiner les 1,6 Mt »
« La collecte d’été du groupe devrait avoisiner les 1,6 Mt, soit légèrement en-dessous de la moyenne quinquennale. Les rendements sont très hétérogènes d’une région à l’autre, parfois du simple au double. Les secteurs les plus touchés se trouvent à l’Est de notre territoire, vers la Meuse. En blé tendre, on observe une qualité très satisfaisante avec 12,5 d’humidité et un taux de protéine supérieur à 12. La récolte de maïs devrait débuter avec 8 à 10 jours d’avance et les potentiels s’annoncent très bons, entre 5 et 6 % de plus que les 90 q/ha de moyenne que nous observons sur notre territoire. »
Christophe ARMBRUSTER, responsable collecte du négoce Armbruster (68)- « Les basses eaux du Rhin nous inquiètent pour la logistique »
« La collecte de blé avoisine les 45 000 tonnes, soit une année dans la moyenne pour notre négoce. La pluie sur certains secteurs du Bas-Rhin et de la Franche-Comté a pénalisé les PS, qui sont en moyenne de 76. Nous espérons atteindre 120 q/ha de moyenne pour la récolte de maïs qui constitue 80 % de notre collecte. Elle devrait débuter avec une semaine d’avance minimum. En revanche, les basses eaux du Rhin nous inquiètent pour la logistique. 40 % de la campagne s’est déroulée sous basses eaux, un problème qui devient récurrent depuis deux ans. Près de la moitié des 400 000 tonnes que nous collectons empruntent le Rhin pour aller sur l’Allemagne et les Pays-Bas. Le coût logistique, habituellement de 10 euros pour acheminer de la marchandise jusqu’à Rotterdam peut alors doubler, voire plus, dans un contexte de prix de vente des céréales déjà bas pour les agriculteurs. »
Christophe Vinet, responsable collecte de la Cavac (85) - « Nous pouvons compter sur les importantes capacités de stockage à la ferme »
Notre collecte de blé devrait avoisiner celle de 2015 en volume : environ 350 000 tonnes de blé tendre et 100 000 tonnes de blé dur. En colza, nous n’avions jamais vu de tel rendements, 40 q/ha de moyenne contre 30 q/ha habituellement. Nous pouvons compter sur les importantes capacités de stockage à la ferme de nos agriculteurs qui stockent près d’un quart de la collecte. La récolte de maïs pourrait débuter entre le 4 et le 11 septembre. Les précipitations, faibles en volume, sont tombées au bon moment, offrant un bon potentiel. Seule ombre au tableau de cette campagne, les prix. La collecte russe pèse sur les cours. Le seul espoir pourrait venir d’une récolte moyenne en Allemagne et du mauvais temps sur l’Europe de Nord qui nous permettraient d’atteindre certains marchés grâce à notre qualité.»
Julien Lenoir, responsable collecte du groupe Carré (62) - « Attention à ne pas oublier les marchés traditionnels »
En colza, la récolte est exceptionnelle avec 3 à 4 quintaux de plus, ce qui devrait amener notre collecte aux alentours de 45 000 tonnes. Sur les Hauts-de-France, la moyenne des rendements de blé tendre se situe entre 85 et 87 q/ha. On estime la collecte du groupe à 600 000 tonnes. En revanche, nous sommes peu optimistes pour la commercialisation car l’export ne tire pas du tout le marché à la hausse. Tout le monde possède de la très bonne qualité et essaye de valoriser sa production, mais attention à ne pas oublier de sécuriser les marchés traditionnels. Certains de nos acheteurs habituels ont goûté d’autres destinations l’an passé et pourraient y prendre goût.
Germain Bour, directeur opérationnel de l’appro-collecte de la coopérative YNOVAE (89), membre de l’union Seine Yonne - « La montée en puissance des cultures de diversification »
« La collecte 2017 de l’union Seine Yonne devrait reculer de 5 % en volume par rapport à la moyenne des campagnes de 2014 et 2015 qui s’élève à 800 000 tonnes. Cela s’explique par la monté en puissance de cultures de diversification moins productives mais qui dégagent de meilleures marges. Les rendements sont très bons en colza, dans la moyenne en blé et légèrement décevant en orges d’hiver, de l’ordre de 7 à 8 % de moins. »