Tour de plaine - Semis de printemps, rien n’est encore définitif
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A l’heure où les premiers semis d’orge de printemps et de pois pourraient commencer, les agriculteurs se posent encore des questions sur les cultures à implanter. Le climat de ces derniers jours sème le doute et celui des semaines à venir sera déterminant. Moins de maïs ? Davantage d’orge de printemps ? Quid des parcelles encore sous l’eau ? Le point en régions.
« Difficile d’y voir clair dans la configuration actuelle », confie Xavier Thévenot, président de la section de l’UFS, l’Union française des semenciers. Depuis l’automne, les surfaces de maïs sont attendues en baisse, de l’ordre de 1 à 2 %. « Le léger tassement en fourrage est quasi sûr, poursuit-il. Mais pour le maïs grain, les prévisions restent compliquées. Certes les prix sont bas mais la pluie hivernale a rechargé les nappes : un contexte favorable pour assurer les quotas d’irrigation. Tout dépendra des conditions climatiques des trois semaines à venir et de la possibilité, ou non, de semer les orges de printemps, attendues, elles, en hausse ». Après une forte augmentation l’an passé, les surfaces de betteraves devraient rester stables : celles de tournesol pourraient, localement, légèrement progresser. Pour les parcelles de blé et de colza encore sous l’eau, la question d’un éventuel retournement ne se pose pas encore.
Valfrance (60) - Didier Garnier, responsable du pôle amont
« Le climat des deux semaines à venir sera déterminant pour caler l’assolement »
« Difficile encore de voir clair sur les assolements à venir pour le printemps. A l’automne, les arrachages de betteraves furent tardifs et tous les blés n’ont pas pu être implantés dans les temps. Les surfaces seraient en recul de 1 à 2 %. Certes la sole de colza a progressé mais depuis, de nombreux retournements ont eu lieu. Les orges de printemps pourraient profiter de ces hectares laissés libres… à condition que le climat permette une bonne implantation. Dans le cas contraire, les agriculteurs se tourneront vers le maïs. Le climat des deux à trois semaines à venir sera déterminant. En Seine-et-Marne, beaucoup de parcelles sont encore sous l’eau. Il est encore un peu tôt pour dresser un bilan. Quant aux appros de morte saison, nous constatons que les stocks de fongicides sont importants dans les fermes : les T2 et T3 n’ayant souvent pas été appliqués l’an passé. En engrais, nous accusons un recul de 10 à 15 % des ventes. Là aussi, les stocks en ferme doivent être importants. Face aux reliquats azotés très faibles, nous conseillons à nos adhérents de ne pas prendre de risque. Des apports devront être faits ».
Coop de BOISSEAUX (45) - Denis Simon, responsable appro
« L’orge de printemps devrait progresser »
« Les surfaces d’orge de printemps devraient progresser pour les prochains semis, au détriment du maïs. Nous tablons sur une hausse de 3 à 4 %. Des hectares qui couvriront également le recul du colza à l’automne dernier, de près de 2 %. Les surfaces de blé sont stables et pour l’heure, les cultures se portent bien. Dans nos terres, les reliquats sont certes moins élevés que l’an passé, mais restent conformes aux moyennes des autres années ».
Cavac (85) - Laurent Pasquier, responsable appro
« Les maïs, en recul de 1 à 2 % »
« Les surfaces de maïs sont attendues en baisse : en fourrage mais surtout en grain. Les prix ne sont pas là. Ajoutez à cela le coût de l’irrigation et des frais de séchage… la rentabilité pose question. Le recul devrait osciller entre 1 et 2 % par rapport aux hectares implantés l’an passé dans la région. Le tournesol, qui a connu des résultats historiquement élevés l’an passé, devrait quant à lui voir ses surfaces progresser de près de 10 %. Les blés et colzas sont prometteurs. Les parcelles ont été arrosées mais sans excès. Dans notre zone, les reliquats azotés sont dans la moyenne. Les ventes d’intrants sont en retrait, notamment en phytos. Les agriculteurs raisonnent de plus en plus leurs traitements, OAD à l’appui. Ils se couvrent pour un seul traitement et jouent sur le réappro, uniquement si besoin ».
Agrial (14) - Philippe Vincent, directeur des activités céréales
« Ne pas lever le pied sur les apports azotés »
« A l’automne, les conditions d’implantation ont été excellentes pour les blés et les colzas : les surfaces sont en hausse mais difficile encore de dire de combien. Une chose est sûre, les hectares de maïs devraient reculer, tant en grain qu’en ensilage. Dans notre zone, nous faisons peu d’orge printemps mais en 2019, cela devrait changer. Avec l’interdiction du traitement de semences Gaucho sur orge d’hiver, les agriculteurs devraient convertir des surfaces d’orge d’hiver en orge de printemps. Pour l’heure, nous sommes un peu inquiets pour certains colzas implantés dans des zones très humides. Le froid est arrivé à temps pour assainir les parcelles. Reste la question des reliquats azotés, très faibles sur blé. Nous rappelons à nos adhérents que pour assurer la qualité de la récolte, notamment en termes de protéines, pas question de lever le pied sur les apports azotés ».