Traçabilité, Axéréal face au défi logistique de la multiplication des cahiers des charges

« Le nombre de filières de qualité que nous prenons en charge est passé de 10 à 90 en six ans. » Directrice de la logistique chez Axéréal, Oana Bojian résume en une phrase le défi de traçabilité que représente, pour une coopérative de taille importante, la multiplication des cahiers des charges. C’était précisément le thème de la table ronde à laquelle elle participait, le 3 mars, sur le stand de la Ferme digitale, au Salon de l’agriculture.

Des exigences aussi pour l’OS

« Chaque signature apporte une valorisation économique, mais impose aussi ses exigences, et pas seulement à l’agriculteur », rappelle Oana Bojian. Et de préciser que les pratiques des exploitants engagent aussi leurs conseillers. « Nos équipes doivent maîtriser les implications de ces diverses signatures pour pouvoir les présenter aux adhérents, puis les accompagner, détaille-t-elle. Le rôle des OAD et le choix des intrants sont d’autant plus importants. » Certaines lignes des cahiers des charges s’appliquent d’ailleurs directement à l’OS. En particulier le critère « sans pesticides de stockage ». « Nous réfléchissons à des alternatives depuis plusieurs années et investissons progressivement dans des appareils de refroidissement », explique la directrice de la logistique d’Axéréal. Elle ajoute que des bonnes pratiques de nettoyage des cellules font également l’objet d’une démarche d’amélioration continue.

Rationaliser les stockages et les transports

Mais le challenge concerne aussi l’organisation de la logistique en elle-même. La traçabilité est la condition sine qua none de tout cahier des charges. « Avec un million de tonnes de productions sous contrat, provenant de plusieurs milliers d’exploitations, et nos 250 silos, pour 5000 cellules, les combinaisons sont particulièrement nombreuses ! », constate-t-elle. L’enjeu n’est pas seulement de bien réunir les lots sans les mélanger, dans la limite des capacités de stockage de chaque site, mais aussi de rationaliser les transports. Ceux-ci ont un coût et une empreinte carbone que la coopérative veut réduire. Une équation à plusieurs variables que la coopérative s’est attelée à résoudre. Entre 2017 et 2021, elle a fait développer un algorithme qui lui a permis d’atteindre des gains récurrents de 700 K€ en réduisant de 2 % le taux de transfert en période de moisson, durant l’été.

Soigner la traçabilité

Pour aller encore plus loin, avec un objectif de réduction de 10 % à 15 % de ses coûts logistiques, Axéréal travaille depuis janvier 2022 avec Agrisight. « Nous avons pris le temps de faire connaissance avec Axéréal, son fonctionnement et ses attentes métiers pour que la mise en place de l’outil s’accompagne des évolutions organisationnelles et de processus métier », glisse Pierre Boucher, cofondateur de la start-up. Après le module des « Prévisions de Ventes », la « Planification Moisson » complète la plateforme intégrée au fonctionnement d’Axéréal, leur utilisation couplée sera pleinement opérationnelle pour la moisson 2023. Cette plateforme permettra, chaque année, de renouveler les simulations en fonction des paramètres en évolution : nombre de cahiers des charges intégrés, situation géographique des exploitations engagées dans une ou plusieurs démarches durables, projections de rendements… « Nous restons bien sûr disponibles pour assurer un service après vente si besoin. Mais nous proposons un outil clé-en-main que la coopérative peut s’approprier et utiliser en autonomie », conclut Pierre Boucher.