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Traçabilité et big data : les filières agricoles progressent à des rythmes différents

Le | Cooperatives-negoces

Cette année, les Rencontres d'Agro EDI Europe se sont déroulées le 7 juin, à Paris. Traçabilité et big data étaient à l’honneur. Les témoignages ont mis en avant des avancées plus ou moins significatives selon les filières agricoles.

SC Trace : les pesticides ont pris le pas

La démarche SC Trace, lancée en 2011 de manière volontaire, est largement déployée sur le secteur des phytosanitaires. Cette traçabilité harmonisée via l’apposition d’un code à lecture optique (datamatrix) sur chaque palette, carton et bidon, optimise la logistique et la réception. Elle permet également de répondre aisément à l’obligation réglementaire datant de 2016 de conserver les numéros de lots et les dates de fabrication des produits.

« Les lignes de conditionnement des fournisseurs de phytosanitaires sont équipées à 97 % », précise Bruno Prépin, délégué général d’Agro EDI Europe. Chez les distributeurs, les avancées permettant de générer cette traçabilité à la réception, dans les systèmes d’informations et sur les points de vente, ne sont en revanche pas homogènes. « Côté coopératives, je suis assez confiant : la majorité d’entre-elles ont pris conscience des enjeux et se montrent proactives, reprend le délégué général de l’association. En revanche, côté négoces, je m’interroge. Bien que la Fédération du négoce agricole joue le jeu, seuls 10 % des négoces sont adhérents à Agro EDI Europe. Donc soit ils utilisent notre démarche illégalement, soit ils ne se sentent pas concernés. »

Sur les semences, la démarche SC Trace est également en cours de déploiement, bien qu’il n’existe aucune obligation réglementaire. Enfin, une traçabilité s’instaure sur le secteur des fertilisants. « Des pilotes sont en place, la démarche est en construction, poursuit Bruno Prépin. D’autant que contrairement à SC Trace, il faut prendre en compte un historique traçabilité chez certains fournisseurs. »

Volailles : réelle dynamique suite aux crises sanitaires

Les projets de traçabilité relatifs aux volailles, démarrés volontairement il y a cinq ans par la profession, en lien avec l’administration, sont plus ou moins avancés selon les filières. « Pour les palmipèdes gras, la traçabilité est opérationnelle, relate Bruno Prépin. Cette traçabilité, qui concerne 5 000 entreprises et 13 000 bâtiments, permet de situer un lot précis en temps réel et d’identifier tout son parcours. Ce qui a été fort utile lors des crises de grippe aviaire. » Ce sont d’ailleurs ces crises qui ont motivé les professionnels.

Pour les œufs, les pilotes fonctionnent. « Reste à déployer la démarche, précise Bruno Prépin. L’obligation de traçabilité pour entrer dans le label « Œufs de France », qui sera lancée en septembre 2018 par l’interprofession CNPO, devrait motiver la filière ». Enfin, en volailles de chair, seuls quelques acteurs sont opérationnels.

Big Data Agri : un travail collectif difficile

Les projets relatifs au numérique, quant à eux, se multiplient, mais restent individuels. « Les acteurs ne se montrent pas volontaires pour mettre en commun leurs données, explique Bruno Prépin. Pourtant, les projets collectifs ne peuvent qu’être gagnants et permettraient, entre autres, de mettre en place des actions préventives. Une épidémiosurveillance animale, par exemple, servirait à anticiper d’éventuelles crises. Des prévisions de récolte permettraient d’agir sur les marchés à terme. »

Le délégué général reste cependant confiant : « C’est une question de maturité. Les professionnels agricoles y viendront. S’ils n’y viennent pas, ils seront perdants, car d’autres acteurs puissants du numérique le feront à leur place. »