Trois coopératives expérimentent des maïs « révolutionnaires »
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Plusieurs organismes stockeurs expérimentent, pour la première fois cette année, la culture du maïs HP Corn, une technologie génétique venue des États-Unis. Le maïs est semé à très haute densité, sur des rangs plus resserrés. Une pratique pour augmenter les rendements mais aussi préserver les ressources et lutter contre les adventices, le tout, en apportant du confort d’utilisation aux agriculteurs.
C’est un petit pied de maïs, aux feuilles droites et encore vertes, malgré la chaleur d’une fin d’été caniculaire. Le HP Corn est testé pour la première fois en France, au sein de quatre essais micro-parcelles réparties sur le territoire : dans l’est par Bourgogne du Sud, près de Cognac par Océalia, dans la Beauce par Axéréal, et dans les Pyrénées-Atlantiques, par Albert Porte-Laborde, consultant spécialiste de la culture du maïs. Le semencier roumain Soytek a permis la mise sur le marché européen de la technologie de Stine, un géant américain de la génétique végétale. Il accompagne la firme dans son implantation française, avec Didier Vereecke, consultant et ancien directeur de la coopérative des Flandres.
5000 ha de HP Corn d’ici à deux ans
Axéréal a implanté plusieurs micro-parcelles de différentes variétés de maïs grain HP Corn, pour la première fois en 2022. Lors de la récolte à venir, l’intérêt de la culture sera évalué, et les expérimentations pourraient se poursuivre à plus grande échelle chez les adhérents de la coopérative. Stine vise 5000 ha en France, d’ici à deux ans.
Contrairement aux maïs classiques, semés en général à une densité de 95 000 plantes par hectare, avec un écartement de 80 cm entre deux rangs, le HP Corn se sème à haute densité, entre 115 000 et 120 000, avec un écartement de 40 à 50 cm.
Des rendements élevés et une économie des ressources
L’intérêt est multiple. Les rendements du maïs HP Corn seraient ainsi plus élevés : entre 180 et 200 quintaux/ha en conditions normales, et jusqu’à 240 q/ha en très bonnes conditions. « Cette variété a la particularité d’avoir des racines s’enfonçant profondément dans le sol, et la haute densité permet de mieux capter l’eau et les nutriments », précise Myron Stine, président du groupe éponyme. La canopée couvre rapidement le sol, protégeant ainsi de l’évaporation. Enfin, selon la firme, la canopée et le rapprochement des rangs laisseraient moins de place aux adventices. Jérémy Isaac, responsable appro, précise cependant : « l’itinéraire technique reste le même, et les produits phytosanitaires utilisés sont semblables à ceux appliqués sur les maïs classiques ».
Autre intérêt : les semoirs et les bineuses sont réglés entre 40 et 50 cm, comme pour toutes les cultures sarclées. « Pour nous, cela serait tellement plus simple de pouvoir tout semer à 45, confie Baptiste Lamelot, agriculteur dans le Berry et adhérent d’Axéréal, venu découvrir l’expérimentation. J’ai fait une demande pour faire un essai dès l’année prochaine si les résultats des micro-parcelles sont concluants. »
La fiche technique reste à écrire
Le président de Stine, qui a fait le déplacement depuis l’Iowa, s’est dit « impressionné » par le champ. « Mon seul regret est que des variétés locales, plus hautes, ont été plantées en bordure de rang, apportant de l’ombre aux HP Corn. Tout le potentiel de la variété ne pourra donc pas s’exprimer. » Le HP Corn accuse un léger retard par rapport aux variétés exploitées habituellement par Axéréal. Il reste encore à établir sa fiche technique, les modalités de culture aux États-Unis et le comptage des heures d’ensoleillement fonctionnant de façon radicalement différente.
En Amérique du Nord et du Sud, Stine a 65 % de parts de marché en soja et 15 % en maïs. 100 % des soja semés dans le monde contiennent au moins une licence Stine.
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Myron Stine, président, entouré de Chuck Hansen, en charge du programme soja, et Dave Hemminger, consultant Stine pour le projet européen. Jérémy Isaac, chef marché semences hybrides et santé du végétal pour Axéréal, Sébastien Friso responsable expérimentation et technique Maïs Axéréal, et Stelian Fuia, responsable de Soytek. © Blum/Référence Agro[/caption]