TurboCereal crée l’épargne solidaire dédiée aux agriculteurs
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En créant sa néobanque, Marcel Turbaux, le PDG du consortium TurboCereal, a une volonté simple : redonner de la sérénité aux agriculteurs en leur offrant davantage de souplesse sur la gestion de leur trésorerie. L’occasion aussi pour de potentiels investisseurs, à commencer par les OS, d’opter pour la transition agro-écologique.
« 30 % des agriculteurs sont surendettés, 74 % des fournisseurs ont des problèmes de trésorerie liés à ceux de leurs clients, les agriculteurs », constate Marcel Turbaux, créateur de TurboCereal une néobanque qui se veut agricole et citoyenne. Il avait évoqué le projet à Référence Appro en mars dernier. Le 5 septembre, il a présenté le concept à l’ensemble de la presse, à Paris. TurboCereal, c’est aussi le premier livret d’épargne de transition du monde agricole.
Payer 70 % de la récolte dès le semis
Le principe est le suivant. Grâce à son agrément de négoce, TurboCereal constitue une épargne et rémunère, dès le semis, 70 % de la récolte de l’agriculteur sous la forme d’une cryptomonnaie, le Cereal. Un Cereal équivaut à un euro. Avec cet argent numérique stocké sur un compte, l’agriculteur achète ses intrants sur les plateformes d’e-commerce, ou auprès de son fournisseur classique, coopérative ou négoce.
Marcel Turbaux assure également la mise en relation avec des plateformes de commercialisation pour la vente des grains. TurboCereal sécurise toutes les transactions avec la technologie de la blockchain, un système infalsifiable. « Mais le nerf de la guerre, c’est le financement de cette épargne », souligne Loïc Poujol, directeur des opérations de TurboCereal. Les fonds proviendront de trois sources : majoritairement des organisations institutionnelles comme des fondations, qui souhaitent s’engager dans le financement de l’économie sociale, solidaire et environnementale, mais aussi les coopératives et les négoces. Et dans un second temps, les particuliers. Les investisseurs sont rémunérés à hauteur de 2 %. Ils percevront également des dividendes votés chaque année en assemblée générale.
Agriculteurs et OS, tous gagnants
Trois organismes stockeurs se sont déjà engagés à contribuer à hauteur de 50 M€ pour la campagne 2021. Leurs agriculteurs pourront bénéficier de l’épargne. De son côté, TurboCereal complétera avec 150 M€ provenant de levées de fonds auprès d’institutionnels. « Parfois, les distributeurs ont près de 30 à 40 % de leur recette dehors. Avec ce dispositif, ils sont rémunérés instantanément », explique Marcel Turbaux. Du côté de l’agriculteur, il peut acheter ses produits à des tarifs plus avantageux. « En général, le prix des intrants grimpe d'1 % par mois. En payant ses intrants tout de suite, l’agriculteur peut économiser entre 3 et 6 % », estime Loïc Poujol.
TurboCereal va former les agriculteurs et les équipes des OS pour que tous se familiarisent avec cette nouvelle démarche. Marcel Turbaux vise 5 000 agriculteurs d’ici à 2022 et 25 000 d’ici à quatre ou cinq ans. Les OS peuvent choisir d’être investisseurs, sans pour autant ouvrir l’épargne à leurs agriculteurs. Ces derniers ont accès à l’épargne seulement si leur OS est partenaire de TurboCereal. Si le distributeur ne souhaite pas être partenaire, alors l’agriculteur pourra commercialiser sa récolte avec TurboCereal mais pour une seule campagne.
Proposer un conseil personnalisé grâce aux données collectées
Par ailleurs, TurboCereal compte récolter les données des agriculteurs sur leurs pratiques culturales et les rémunérer pour cela. Cette grande base de données pourra être utilisée pour définir des objectifs de progrès environnementaux : baisse de l’usage de produits phytosanitaires, réduction du travail du sol, etc. Ces objectifs seront définis par un consortium scientifique. En fonction de son engagement dans une agriculture raisonnée et dans la transition énergétique, l’agriculteur se verra proposer des coûts de l’épargne plus ou moins élevés, compris entre 4 % et 8 %. « L’objectif est de pouvoir fournir des données statistiques qui pourront lui servir à améliorer ses pratiques. TurboCereal sera en mesure de fournir des conseils personnalisés pour chaque ferme », explique Marcel Turbaux.